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Hommage à Mgr Jean Maksud par l'Oeuvre d'Orient
Homélie de Joseph Vandrisse à Bry le 9 Janvier2007
Homélie de Mgr Philippe Brizard 12 Janvier 2007
Curriculum Vitae de Mgr Jean Maksud
* * *HOMMAGE A Mgr JEAN MAKSUD
par l'Amiral Bernard Louzeau, Président de l'Oeuvre d'Orient
( messe à St-Joseph-des-Carmes, le 10 janvier 2006)
Chers amis ,A l'issue de cette célébration eucharistique fervente et recueillie, permettez-moi d'évoquer en quelques mots celui qui fut le Directeur général de l'OEuvre d'Orient pendant onze ans, du 1er septembre 1990 au 1er septembre 2001.
Issu d'une famille d'origine orientale, mais Français depuis trois générations, Mgr Jean Maksud est toujours resté très attaché à sa Normandie natale ; il y passe sa jeunesse et fait ses études secondaires à Caen. A la fin de celles-ci, il décide d'entrer dans la Société des Missionnaires d'Afrique, autrement dit de devenir Père Blanc. Après avoir suivi le cursus habituel : séminaire de philosophie, noviciat à Maison Carrée, scolasticat à Thibar et Carthage, il est ordonné prêtre à Carthage en 1955.
Les vingt-deux premières années de sa vie active sont entièrement consacrées à l'enseignement. Il se rend d'abord au Liban où, pendant cinq ans, il est professeur au petit séminaire grec-catholique de Rayak dans la Beqaa. Revenu en Afrique du Nord, il parfait sa connaissance de l'arabe à l'Institut Pontifical d'Etudes Arabes à la Manouba, en Tunisie. De 1962 à 1976, il occupe les postes suivants : responsable des études au collège de Mansourah à Constantine, directeur du collège de Beni-Yenni en Grande Kabylie, puis directeur du collège de Maison Carrée, ancienne maison-mère des Pères Blancs, près d'Alger. Il doit quitter l'Algérie en 1976 lorsque le gouvernement algérien décide la nationalisation des écoles privées. Ainsi pendant quatorze années, durant la période délicate et difficile qui a suivi l'indépendance, il met sa compétence, son énergie et son courage au maintien de l'enseignement du français, assurant ainsi la permanence de la culture française en terre algérienne. Cet engagement a certainement beaucoup compté aux yeux de l'Etat dans sa nomination au grade de chevalier de la Légion d'Honneur. J'avais eu la grande joie de lui en remettre la médaille en juin 2002.
Revenu en France, il continue néanmoins à s'intéresser au monde extérieur en assurant pendant douze ans la direction de la revue missionnaire " Peuples du monde ", créée en 1967 par une trentaine d'instituts et congrégations missionnaires. Par la suite, alors en charge de la revue " Voix d'Afrique ", bulletin de liaison entre les Pères Blancs et leurs amis, il est mis à la disposition de l'Oeuvre d'Orient pour remplacer Mgr André Boissonnet, qui avait demandé le non renouvellement de son mandat de Directeur général pour raison de santé.
La nomination de Mgr Maksud au poste de Directeur général renoue en quelque sorte avec une ancienne tradition de l'Oeuvre d'Orient, puisque son premier Directeur général n'est autre que le futur cardinal Lavigerie, fondateur des Pères Blancs, et son troisième, de 1883 à 1921, est Mgr Charmettant, un autre Père Blanc. Sa parfaite connaissance du Proche-Orient et tout particulièrement du Liban lui permet de prendre la mesure de la complexité de la situation des Eglises orientales et d'établir rapidement avec leurs responsables les contacts indispensables et confiants sans lesquels une répartition juste et efficace des aides apportées ne peut être effectuée. Toujours disponible, il reçoit avec attention et patience les nombreux visiteurs qui sollicitent un entretien dans son bureau de la rue du Regard. La distinction honorifique d'archimandrite, conférée en 1993 par la patriarche grec-melkite catholique Maximos V, vient concrétiser ces rapports de confiance.
Avec son passage à " Peuples du monde ", il sait l'importance de la communication avec tous les bienfaiteurs de l'Oeuvre, en particulier par le Bulletin, à la fameuse couverture jaune, dont il rédige avec grand soin les premières pages, toujours empreintes d'une profonde spiritualité et d'une foi intense. Il n'oublie pas combien l'Oeuvre d'Orient reste oeuvre d'Eglise. Très tôt, dès 1991, il lance la " Lettre d'information ", supplément au Bulletin, qui en quatre pages fait le point sur un problème d'actualité relatif à un pays aidé ou à une Eglise orientale. La brusque augmentation des dons à la suite de la parution de certaines Lettres d'information montre combien cette initiative est judicieuse. Enfin, dans une nouvelle plaquette d'information sur l'Oeuvre d'Orient où, à côté des buts poursuivis par celle-ci et synthétisés d'une manière forte par les mots " enseigner, soigner et évangéliser ", il présente de façon très originale et très claire les différentes Eglises orientales à travers leur parcours historique compliqué et souvent tumultueux.
Appelé à prendre la présidence du Conseil d'administration de l'Oeuvre peu de temps après son arrivée, j'ai pu apprécier au cours de ces dix années les éminentes qualités de Mgr Maksud : sa courtoisie, sa modestie, son dévouement sans faille et son travail acharné pour le bien de l'Oeuvre, son esprit méthodique et même son souci du détail. Il a ainsi pleinement pris à son compte la devise qu'il avait adoptée pour l'Oeuvre d'Orient: " les chrétiens de France au service des chrétiens d'Orient ".
Au moment de son départ, il avait écrit dans le Bulletin, avec sa modestie habituelle , " les hommes passent mais l'Oeuvre continue." Que cela ne nous dispense pas aujourd'hui d'être reconnaissant à Mgr Jean Maksud de tout ce qu'il a fait pour l'Oeuvre d'Orient. Qu'il repose maintenant à jamais dans la paix du Seigneur qu'il a servi fidèlement tout au long de sa vie terrestre.
HOMELIE DU P. JOSEPH VANDRISSE
A LA MESSE DE SEPULTURE DE JEAN MAKSUD
(Bry-sur-Marne, le mardi 9 janvier 2006)Où se puise l'énergie de se donner soi-même pour ses frères jusqu'à l'épuisement total ? Quel est l'horizon permettant de voir clair pour s'engager totalement au service de l'homme, en étant près de lui un témoin, parfois insoupçonné, de 1'Evangile? Et quelle image pouvait s'ancrer et revenir sans cesse ces derniers jours en Jean Maksud alors qu'il sentait parfaitement que son corps le lâchait ?
Jean et moi-même, qui étions si étroitement unis, évoquions souvent lors de nos rencontres à Paris ou à Rome, notre arrivée au Liban, lui, en fin mai 1955, moi le 23 mars 1951, un vendredi saint. A l'époque, c'était par la complaisance d'une compagnie pétrolière que nous traversions la Méditerranée. Le navire accostait au large de Sidon (Saïda), ce qui explique sans doute le choix de l'Evangile qui vient d'être proclamé. Quittant sa Galilée, Jésus se rend dans la région de Tyr et de Sidon, y rencontre la femme syro-phénicienne, une libanaise, dont il guérit la fille, puis il élargit son regard vers un autre pays et gagne la Décapole, également terre païenne
Le jeune père Maksud revivait cette scène en arrivant au Liban. Ce Père Blanc, originaire du Calvados, retrouve alors la terre de ses ancêtres. Son grand-père Maksud, qui vivait à Alexandrie où il fit ses études de médecine pour les achever à Beyrouth. gagne alors la France. Des membres de-sa famille avaient été jadis massacrés comme chrétiens en 1860 durant la révolte des Druzes au Sud-Liban. Un prêtre de Paris nommé peu avant directeur de l'oeuvre des Ecoles d'Orient - il à 35 an - gagne alors Beyrouth par Alexandrie pour apporter les secours de la France. Il 'écrira plus tard qu'il découvrit là son "chemin de Damas". Entre cet homme, notre fondateur Lavigerie, et l'un de ses disciples, l'on découvre des itinéraires croisés qui impressionnent : Damas et Beyrouth puis l'appel d'Alger; le Liban et Rayak, puis l'Algérie.
Arrivant au Liban, Jean gagne le petit séminaire Sainte-Anne situé à Rayak dans la Békaa. Il s'agit du séminaire de l'Eglise grecque-catholique dont les étudiants gagnaient par la suite Jérusalem. Jean est de suite à l'aise dans la section des jeunes adolescents. Il enseigne le grec, le français, pratique le sport avec. les élèves, lui champion de cross à Caen dans sa jeunesse, redécouvre son arabe qu'il perfectionnera en Tunisie. Il sait se faire aimer, mais aussi se faire craindre, clef de la réussite au Proche-Orient que lui avait transmise dès le début notre grand ami commun, le Père Jean Godard. Certains de leurs anciens élèves deviendront coopérants en Algérie.
La vie de Maksud va maintenant se dérouler durant plus de dix ans parmi les Algériens. Il sait où il va, poursuit son oeuvre de remarquable éducateur, se révèle un gestionnaire de haute tenue, économe ou supérieur. Dans ses entreprises, il atteint le but qu'il se propose, expression qui peut traduire son nom arabe Maksud : ce que l'on recherche, ce que l'on désire.
Sa vie se révèle alors sous une autre facette. Il accepte à Paris le poste de directeur de la revue "Peuples du monde" car il croit à l'information et à la place qu'elle doit tenir dans un Institut missionnaire comme le nôtre, même si cela n'a pas toujours été compris. Cela lui permet par ses contacts et par ses publications de mieux faire connaître l'Afrique notamment celle du Magreb dont l'originalité, déclarait Jean-Paul.11 en mars 1994 lors du synode des évêques pour l'Afrique, impressionnait.
Trois étapes dans la vie de Jean, avec chaque fois des découvertes. Le Liban où se,.maintient', ce qui fut à Jérusalem, l'Eglise de l'aurore;l'Algérie ou peut se dessiner un monde nouveau; l'information religieuse par le journalisme.La quatrième facette va maintenant se dessiner : de 1990 à 2001, Jean -et la boucle de sa vie se referme - devient directeur de l'Oeuvre d'Orient, rue du Regard à Paris, là où avait vécu le jeune Lavigerie. Le successeur de Jean, Mgr Philippe Brizard, qui organisa l'an dernier les fêtes du 150ème anniversaire de la fondation de l'Oeuvre, et les réalisations de celui qui allait devenir archimandrite, dignitaire de l'Eglise grecque-catholique par nomination de Sa Béatitude Mgr Maximos V, lui aussi originaire d'Egypte. Le Patriarche melkite appréciait le Père Maksud très attaché à l'oecuménisme et à l'Eglise orthodoxe ; il sut toujours rester fidèle et aider les Eglises d'Orient pleinement unies à Rome. Tout se tient dans nos existences.
La vie de Jean présentée ainsi comme une réussite et dans on originalité - et il en fut ainsi - fut cependant traversée par bien des joies et mais aussi des épreuves. Joie de voir que la tradition sacerdotale et missionnaire s'était perpétuée dans sa si nombreuse famille. La peine de voir s'en aller' ses deux frères, dont l'un si douloureusement, l'incompréhension de son travail. Mais il tenait bon, se plongeant dans la Source qu'est Dieu, nous obligeant souvent d'aller à contre-courant. Nous sommes réunis aujourd'hui pour remercier Dieu de ses dons qu'il a donnés gratuitement 'à notre ami, à notre confrère. Quel fut le secret de cette vie comme celui du Frère et du Père décédés eux aussi ces derniers jours? Nous pouvons le comprendre en relisant ce passage de la lettre de St Paul. aux Colossiens que nous entendions avant l'Evangile : "Quel que soit votre travail, faites-le de bon cur, pour le Seigneur et non pour plaire à des hommes : vous savez bien qu'en retour le Seigneur fera de vous ses héritiers. Le maître, c'est le Christ, vous êtes à son service". Jean fut un serviteur de l'Unité, fidèle à Lavigerie qui déclarait le 24 novembre 1892, trente heures avant sa mort : "Je m'en vais mais je suis heureux de voir que mes enfants ont compris ma pensée sur l'Orient et qu'ils travaillent ardemment à son retour à l'unité".
Telle est la consigne que nous laisse Jean Maksud, missionnaire ami de l'homme parce qu' ami de Dieu, passionné de son temps parce que passionné d'éternité. passionné de l'Unité parce que passionné de Jésus.
Joseph Vandrisse
HOMELIE POUR LA SEPULTURE DE MGR JEAN MAKSUD
Par Mgr Philippe Brizard,
à Saint Joseph des Carmes, 12 janvier 2006Col 3,14-15.17.23-24
Ps 86-87
Me, 7, 24-28.31Pour faire le lien avec les obsèques si fraternelles qui ont rendu hommage, mardi dernier, à Mgr Jean Maksud au milieu des siens, sa famille selon la chair et sa famille spirituelle des Pères Blancs, nous avons repris les passages de l'Ecriture qui avaient été choisis, pour éclairer sa vie et sa mort. C'est dire que la vie du Père Maksud ne se réduit pas aux années pendant lesquelles il a servi l'OEuvre d'Orient. C'est dire aussi que la Parole de Dieu ne saurait simplement servir à illustrer la vie de celui qui nous rassemble.
J'ai conscience de n'être pas le mieux placé pour évoquer la vie de Mgr Maksud, l'ayant finalement peu connu. Je n'ai été son adjoint que l'espace d'une année. Il est vrai qu'il m'a aidé à me mettre en selle les deux années suivantes qu'il passa, en retraite, au 20 de la rue du Regard. Acceptez que je ne dise que quelques traits de sa personne en les mettant dans la lumière de l'Evangile.
Avant tout et par-dessus tout, Mgr Maksud est un missionnaire. Sa vie a été missionnaire. Sa vocation est un secret entre lui et le Seigneur, mais toute sa vie révèle et témoigne de ce mystère d'amour. Il a voulu témoigner de l'amour de Dieu pour tout homme. L'expression ne lui plairait pas tellement : il a été un homme d'Eglise, non au sens ecclésiastique du terme, mais dans le sens d'un enfant de Dieu et de l'Eglise, fidèle, qui veut participer totalement à la mission d'évangélisation. Regardez sa vie. Il a quitté la Normandie où il est né pour l'Algérie. De 1949 à 1976, il sera en Algérie, au Liban, en Tunisie et, de nouveau, en Algérie. Il s'en est fallu de peu que je le rencontre en 1968 au Béni Yenni en Kabylie. 25 ans en mission. Missionnaire, il a continué de l'être à Peuples du Monde, magnifique revue qui ouvre spécialement les jeunes à la vie missionnaire et qui fait découvrir l'activité de plusieurs congrégations missionnaires.
Il est venu à l'OEuvre d'Orient avec toute son expérience humaine et spirituelle de missionnaire. L'évangile évoque le séjour de Jésus au pays de Tyr et Sidon où Jésus lui-même rencontre le monde païen, rencontre qu'il poursuivra dans la Décapole, là même où l'Eglise commencera à se développer quand les croyants auront été chassés de Jérusalem. C'est aussi la région où débarqua Mgr Lavigerie avec le corps expéditionnaire en 1860 pour porter secours aux chrétiens. C'est là que, de son propre aveu, le futur archevêque d'Alger trouvera sa vocation missionnaire. Notez la similitude entre Mgr Maksud et le Fondateur des Pères Blancs, qui fut, auparavant, le premier directeur général l'OEuvre d'Orient. En découvrant l'Orient chrétien et le monde arabe et musulman, Lavigerie deviendra l'apôtre de l'Afrique du Nord d'abord, puis de toute l'Afrique. Mgr Maksud, venant de Tunisie, rencontrera le Proche-Orient où se trouvent ses racines familiales et retournera au Maghreb exercer son ministère de prêtre missionnaire. Il reproduit en sa personne ce que vécut Lavigerie. Devenu Archevêque d'Alger et cardinal, ce dernier n'oubliera jamais l'Orient et ses chrétiens. En arrivant à l'OEuvre d'Orient, Mgr Maksud rappellera ce parallèle dans son premier éditorial.
Mgr Maksud a donc vécu ce qui est au coeur de la vie missionnaire et qui tend à devenir le lot de tout un chacun pourvu qu'il veuille être ouvert aux réalités de notre monde d'aujourd'hui et les vivre à la lumière de sa foi. Je veux parler du passage à d'autres cultures que celle de son origine. Tout missionnaire connaît bien le problème de l'acculturation. Jean Maksud, toute sa vie, a passé d'une culture à une autre, a appris l'arabe, s'est initié à l'islam, a fait l'aller et retour entre Machrek et Maghreb et, de toute façon, a témoigné de sa foi en servant l'Eglise.
L'autre trait que je veux souligner est justement le service. Il a servi, avec amour et avec modestie. Les hommes sont généralement pudiques sur leurs sentiments. Jean Maksud n'échappe pas à la règle. Toutefois, - il suffit de relire ses écrits dans le Bulletin de l'OEuvre d'Orient -, il parlait de l'amour des autres de telle sorte que son expérience personnelle transparaissait à travers son propos. L'expérience d'un homme qui a compris qu'il n'aimera jamais convenablement tant qu'il n'aura pas accepté de se laisser aimer. Je le cite : " Ayons assez d'humilité pour reconnaître que nous n'arriverons pas à aimer le Seigneur notre Dieu si nous comptons uniquement sur nos propres forces... Nos faiblesses, nos imperfections et nos fautes nous montrent assez que nous sommes bien petits et incapables de l'aimer dans la fidélité de toute notre vie ... " Il ajoute : " Aimer le Seigneur, c'est donc avant tout reconnaître qu'Il nous a aimes le premier et gratuitement, sans aucun mérite de notre part ". Il conclut: "Si nous pouvons réaliser en nous cette attitude d'enfant de Dieu, nous comprendrons mieux comment nous pouvons aimer tous nos frères, proches et lointains, appelés eux aussi à vivre dans cet amour de Dieu. Nous pourrons les regarder avec le même regard que lui. Nous les aimerons comme le Seigneur lui-même les aime... " (Bulletin n' 682, septembre-octobre 1992). Sans faire trop de concordisme, 1'épître de saint Paul lui va bien et constitue pour nous une invitation à vivre dans ce même esprit d'amour.
Il aimait avec pudeur mais aussi avec coeur. Les Orientaux lui étaient très chers. Ceux qui lui rendaient visite étaient reçus à bras ouverts, avec chaleur et grande gentillesse. Ce qui ne l'empêchait pas d'être prudent pour ne pas se laisser embarquer dans l'aventure par des démonstrations trop orientales. Il a servi avec affection ceux à qui il était envoyé et ceux vers qui il allait. Il possédait cette qualité rare qui faisait qu'on l'aimait même avec ses défauts. Parce qu'il aimait.
On ne soulignera jamais assez son sens du service. Ce que j'en ai vu à l'OEuvre d'Orient reste un grand souvenir et un exemple. Il travaillait avec une extrême conscience, minutieusement, trop peut-être, car il ne voulait surcharger personne. Je suis de ceux qui pensent qu'il s'est usé à servir dans l'oubli total de lui-même, jusqu'oublier le soin de lui-même pour garder la santé et l'équilibre de vie.
Sa modestie fait qu'il ne recherchait pas l'éclat. Son service est la manière mâle et chrétienne d'aimer. Sa vie a été donnée. Que le Seigneur qui récompense ceux qui l'ont servi lui donne en plénitude ce qu'il a donné en son nom toute sa vie.
Cher Père Maksud, vous avez été un maillon, un maillon solide de la grande chaîne des directeurs qui nous rattache à Mgr Lavigerie. Vous avez passé le témoin. Ce n'est pas en vain que vous avez travaillé en des temps difficiles auxquels vous étiez remarquablement adapté. Nous accueillons votre travail et votre témoignage comme un héritage précieux que nous nous efforcerons de faire fructifier pour la gloire de Dieu et le meilleur service de nos frères orientaux. Avec eux, cher Père Maksud, nous vous manifestons, donateurs et personnels de l'OEuvre d'Orient, notre gratitude que nous associons à l'immense action de grâce du Seigneur à jamais vivant.
Saint Joseph des Carmes, 12 janvier 2007
Monseigneur Philippe BRIZARD
Directeur général de l'OEuvre d'Orient
QUI EST MONSEIGNEUR JEAN MAKSUD ?
Jean Maksud est descendant d'un médecin grec melkite d'origine libanaise. Sa famille est venue en France et il est né à Isigny-sur-Mer (Calvados), dans le diocèse de Bayeux. Il a fait ses études secondaires au Petit Séminaire La Maladrerie à Caen.
En 1947, iI poursuivit ses études chez les Pères Blancs dans la Maison de philosophie, à Kerlois (Morbihan) Il a fait son noviciat à Maison-Carrée en Algérie durant l'année 1949-1950. Puis, au scolasticat Sainte-Croix de Thibar, (en Tunisie) il a étudié la théologie. C'est là qu'il a prononcé son serment missionnaire en 1954 et qu'il a été ordonné prêtre le 10 mai 1955.
Sa première nomination est pour le Liban. Il est professeur dans le Petit-Séminaire Grec Melkite à Rayak. Cet établissement, établi sur un ancien terrain d'aviation laissé libre par le départ des troupes françaises, est une filiale du Séminaire grec Melkite à Sainte Anne de Jérusalem. Les étudiants s'y préparaient à entrer au Grand Séminaire de Sainte Anne par cinq années d'études secondaires. Le Père Jean Maksud y a enseigné durant 5 ans. Il a commencé à célébrer selon le rite byzantin en juin 1956.
Il est nommé au Centre d'études de la Manouba en juin 1960. Ce Centre situé près de Tunis, assure pour les missionnaires au Magreb une formation en vue de leur champ d'apostolat, par une initiation à l'Islam et à l'arabe. Il y resta deux ans.
Commence alors pour lui en 1962 une période de 13 ans de professorat dans les établissements secondaires fondés ou tenus par les Pères Blancs en Algérie : Collège de Mansourah, à Constantine durant 6 ans, le Collège de Beni-Yenni qui recevaient les jeunes Kabyles, durant 2 ans, enfin le Collège de l'Harrach, à Maison-Carrée, qui prépare au Baccalauréat. Il y resta 6 ans comme supérieur. En 1972, il est nommé conseiller du supérieur régional du Nord de l'Algérie..
En 1976, après sa grande retraite de 30 jours à l'Arbresle, il s'établit en France. De 1977 à 1989, il est Directeur de la revue " Peuples du Monde ", à Paris. Cette revue, commune à plusieurs congrégations missionnaires, s'adressse à ceux qui s'intéressent à la vie en mission et plus spécialement aux jeunes. Durant cette période, le Père appartient successivement à plusieurs communautés Pères Blancs : Eaubonne, Chatou puis Patay.
De 1989 à 1990, il est nommé à l'équipe chargée du Bulletin de la Province des Pères Blancs en France : " Voix d'Afrique ". Il est plus spécialement chargé d'en préparer la maquette. Il réside alors à Romainville
Le 30 septembre 1990, il est nommé Directeur Général de l'OEuvre d'Orient. Il réside au siège de l'uvre, 20 rue du Regard. Il dirige ainsi cette oeuvre dont le premier directeur fut le Cardinal Lavigerie. Il s'y consacre de toutes ses forces durant onze ans, heureux de pouvoir apporter une aide importante à un grand nombre d'uvres du Proche- Orient, grâce à la générosité des donateurs.. Il est fait Archimandrite par Sa Béatitude Maximos V, patriarche grec melkite au Liban, le 20 octobre 1993 Il est promu chevalier de l'Ordre National de la Légion d'Honneur en 2001.
En 2001, il prend sa retraite retraite et il réside, jusqu'en janvier 2003, Rue du Regard. Il est nommé alors à la Maison de Retraite des Pères Blancs à Bry-sur-Marne, où il arrive très fatigué. Malgré des soins attentifs, il a souffert de nombreux maux qu'il supportait avec patience, pensant souvent aux Eglises du Proche-Orient pour lesquelles il s'était beaucoup donné.
Le 5 janvier 2007, le Seigneur l'a rappelé à Lui. Ainsi ont pris fin plusieurs années de souffrance passées dans la prière
Ces documents ont été envoyés par notre confrère le Père Gilles de Rasilly