Missionnaires d'Afrique
France
Jean ChaptalAller à la rencontre dun pays, dune église, de confrères vivant dans cinq communautés à Alger (deux), Tizi-Ouzou, Ghardaïa et Ouargla, tel était le but de mon voyage touristique dans ce pays qui est à la source de notre Société.
Pour mes déplacements, jai pu profiter des voyages plus ou moins prévus des confrères ou coopérants au service de léglise. Ainsi, soit en bus, soit en voiture, soit en taxi-collectif, jai parcouru environ 2 800 km sur des routes magnifiques ! Même sur les hauteurs du Djurdjura, à plus de 1 500 m, la route est bien asphaltée et rares sont les endroits en mauvais état !
Sur les hauts plateaux, en allant vers Laghouat et plus loin vers Ghardaïa et El-Goléa, la route est bien entretenue et en plusieurs endroits à quatre voies. Il y a eu de gros investissements dans les infrastructures routières : il faut voir les échangeurs et viaducs construits sur Alger et même ailleurs ! Et cela continue : ouverture du métro et dune ligne de tramway à Alger. La maison de la rue des Fusillés va avoir à sa porte une station de métro et une de tramway !
Il en est de même pour de nombreuses constructions : universités, écoles, bureaux administratifs.
En Kabylie
À Tizi-Ouzou avec un jeune kabyle, chauffeur de la communauté, jai pu visiter la ville de Tigzirt, sur la côte. Jai pu découvrir les ruines romaines du II° siècle et celles dune église byzantine avec son baptistère, signes de cet illustre passé chrétien remontant à lépoque de Saint Augustin et des nombreux évêchés qui avaient été créés dans cette région.
Cest avec un confrère polonais, Mariusz, et deux étudiants africains que nous avons pris la route vers les montagnes de Grande Kabylie. Larbaa, ancien Fort National, où vit et travaille une SMNDA, puis Aïn El Hamman, connue sous le nom de Michelet, où les confrères de Tizi-Ouzou réparent la maison paroissiale pour y ouvrir une bibliothèque ou une autre uvre sociale.
En montant vers les monts du Djurdjura, nous apercevons, sur les crêtes, Beni Yeni, où un certain nombre de confrères ont travaillé dans un collège. Jai été frappé par la densité de la population en Kabylie où chaque village est juché sur une crête de montagne : en effet, il ny a aucune habitation au fond des vallées ! Partout des constructions à plusieurs étages : cest pour pouvoir y accueillir « toute la famille quand ils reviendront au pays » !
À Tizi-Ouzou, la maison - sous protection de la police - reste très ouverte et les visites détudiant(e)s sont continuelles. Nos confrères se sont fortement investis dans une grande bibliothèque et dans certains cours de langue quils peuvent donner. La communauté chrétienne est surtout formée détudiants africains. Jai pu aller me recueillir, dans le cimetière chrétien, sur la tombe de nos confrères massacrés à Tizi-Ouzou le 27 décembre 1994.
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Les fidèles de léglise dAlgérie sont, en grande partie, des étudiants étrangers
Alger
À Alger, avec Bernard Lefebvre, jai pu visiter ND dAfrique, Madame lAfrique, et constater quil y a chaque jour un nombre important de visiteurs, quelques étrangers, mais surtout des algériens, qui viennent découvrir les lieux, mais aussi se recueillir et prier. Parfois des groupes sont amenés par des guides et la personne qui assure laccueil peut, à ce moment-là, donner certaines explications sur les fresques, tableaux ou ex-voto qui ornent la basilique et expliquer qui est Madame lAfrique. Une restauration bien réussie grâce à lengagement de Bernard et des diverses équipes qui y ont travaillé.
Jai pu passer un temps pour prier dans ce lieu où de nombreux confrères sont passés et doù les premières caravanes ont été envoyées. Je peux aussi assurer que chaque soir, les intentions de la Société sont portées dans la prière de la petite communauté qui sy réunit pour y célébrer leucharistie. Cétait une joie pour moi de chanter avec eux le Sancta Maria.
À la rue des Fusillés, résidence du provincial, les confrères ont des activités différentes : service des migrants, bibliothèque de Ben Chened dans la Casbah, aumônerie, accueil à ND dAfrique, célébrations dans diverses paroisses, même jusquà Blida, où jai participé à la messe dominicale. Il y avait environ 70 étudiants étrangers.
Maison-Carrée
Cest avec le Frère Jan que jai eu la joie de visiter lancien noviciat de Maison-Carrée ; visite guidée par le gardien et lun des directeurs de lInstitut National Spécialisé de Formation Professionnelle qui occupe maintenant le bâtiment. Quelques jours avant notre visite, le bâtiment de notre ancienne Maison Mère avait été rasé et, sur cet emplacement, doit être construite la grande mosquée dAlger.
Laghouat-Ghardaïa
La visite dans le diocèse de Laghouat-Ghardaïa ma fait découvrir :
- Le désert, fait dimmenses étendues plates ou vallonnées, avec des petites chaînes de montagnes et, vers El-Goléa et Ouargla, la découverte des dunes de sable.
Ainsi, à El-Goléa, une dune arrive contre le mur, derrière léglise Saint-Joseph, et commence à envahir le cimetière où se trouve la tombe de Charles de Foucauld.
- Les oasis qui ne sont pas des images de carte postale - quelques maisons situées dans une belle palmeraie
-, mais des villes de 50 000, voire 250 000 habitants, situées au cur du désert dans des vallées, qui, avec laugmentation de la population, débordent sur les plateaux environnants.
À El-Goléa, jai visité le musée archéologique créé par René Le Clerc : une belle uvre bien entretenue par la ville !
À Ghardaïa, les confrères agrandissent la bibliothèque pour pouvoir accueillir plus de monde et organiser certains cours de langue.
Jai été surpris de découvrir la tenue des femmes ouarglis, toutes de blanc vêtues et dont le voile ne laisse apparaître quun seul il ! Et pourtant je voyais ces mêmes femmes discuter entre elles devant les boutiques pour choisir de beaux vêtements. Quel contraste !
À Ouargla, Denys Pillet a fait sur panneaux toute une exposition de lhistoire de Ouargla : une belle uvre qui devra, pour être conservée, être photographiée et numérisée, car la lumière ternit les couleurs de ces panneaux !
Jai découvert comment les bibliothèques sont des lieux où jeunes et adultes, les femmes en particulier, trouvent des espaces douverture, de liberté et de rencontre. Cest là que nos confrères et les autres membres de la communauté chrétienne exercent leur apostolat de la rencontre. La prière de la communauté est un des moments où certains événements ou rencontres vécus par les uns ou par les autres sont partagés devant le Seigneur.
Durant ces trois semaines, jai découvert un peu :
- La vie de cette église dAlgérie, avec ses variétés de présence, dactivités, dengagements. Une église pauvre en personnel, - qui na pas de renouvellement de ses responsables sur place et doit tout attendre de lextérieur - ce qui nest pas facile. Mais cette église est présente et connue par une partie de la population !
- La variété quil y a dans le pays et les peuples dAlgérie, entre la Kabylie, lAlgérois, région du MZab et du grand Sud, entre les mozabites et les ouarglis
- Un pays où lon construit beaucoup, où la presse sexprime assez librement, où tradition et modernité sont extrêmement mêlées et où lon attend encore bien des changements.
Alors si vous ressentez un appel à la découverte, nhésitez pas ! Tentez, comme moi, lexpérience !
Jean Chaptal