Témoignages

Frère Jean-Camille Béal, 50 ans de serment

“Les deux amours” de Jean-Camille :
son frère malade et Koudougou

 

L' une des étapes de ma vie, c’est tout d’abord l’enfance. Nous étions quatre enfants : Marie-Josée, Jean-Camille, Colette et Pierre-Marie. Mon dernier frère, trisomique et non-voyant, était le centre de la famille. Les parents furent très soucieux d’inculquer à leur progéniture une éducation et une pratique religieuse solides. Le fil conducteur en était les pèlerinages ; pèlés de la région : à LaLouvesc, St Régis, Ste Thérèse Couderc ; à Marlhes , St Marcellin Champagnat ; au Puy en Velay, Notre Dame du Puy, St Joseph Espally ; aux pélés plus éloignés : Paray-le- Monial, Ars, et, bien sûr, Lourdes.

Après un passage au petit séminaire d’Yssingeaux, je rentre, en septembre 54, au postulat à Antilly. Nous avions la chance d’avoir parmi nous un candidat venant de Casamance, Michel Diatta. On se sentait alors motivé pour mieux nous former. Puis, pour deux ans, le noviciat nous accueillait à El Harrach (Maison-Carrée). Ensuite, deux années de scolasticat à Mours, avec le service militaire au milieu, service passé essentiellement en Petite Kabylie.

Je suis nommé en Haute-Volta. Me voilà, en décembre 63, en route pour le centre de langue de Guilongou pour l’étude du mooré. Avec le frère Grégorius Scholtes, au séminaire de Koudougou, j’apprends sur le tas la maçonnerie : nous devions aménager la cuisine. C’est ainsi que des liens se sont tissés avec des futurs prêtres, tel Joseph Compaoré. Il est venu à trois reprises à Dunières.
Je me suis retrouvé, l’année suivante, comme formateur pour des travaux manuels au centre catéchétique d’Ymaasgo. J’initiais au français les élèves catéchistes. J’ai eu successivement comme directeur le Père Abel Pasquier et l’abbé Jean-Paul Nabi.

J’ai été chargé de construire Latoden. Là le curé était le futur Mgr Bayala et le vicaire Mgr Bretault, ancien évêque démissionnaire : de quoi avoir des débats très intéressants.


Jean-Camille entre son frère trisomique
et l’abbé Joseph Compaoré,
de Koudougou

Au cours de mon congé de 1972, papa a eu un infarctus, ce qui m’obligea à faire marcher l’usine de moulinage, travail du fil de soie pour la préparation au tissage. En 1981, après l’arrêt du moulinage, je fis un aller-retour du Burkina à Dunières, car papa venait de décéder d’une rupture d’anévrisme. Je repartis à Léo en septembre 82 pour revenir en France en février 83. Maman devait décéder en mars 84.

Mon frère Pierre-Marie allait surmonter l’épreuve du départ de ses deux parents grâce au soutien de mes deux sœurs. Ma sœur aînée, Marie-Josée, travaillant jusque-là sur Clermont-Ferrand revint définitivement sur Dunières en 90 ; l’autre, Colette, revenait aux vacances avec ses trois enfants. Malheureusement, son mari décédait à son tour, en 91 : il n’avait que 51 ans.

Le soutien des confrères m’a été un réel réconfort devant toutes mes épreuves familiales : les Pères Fayard, Vialleton, Courbon et Chabanon, toute la communauté de Lyon, des confrères du Burkina.
Pierre-Marie nous a quittés le 29 juillet 2006. Que nos vies continuent d’être rencontre et partage !

Jean Camille Béal