Missionnaires d'Afrique
France

Maison Lavigerie à Billère

Jacques Roly :
............100 ans de naissance
.................75 ans de serment

Décédé le 11 Mars 2015

Le Père Jacques Roly est né le 26 avril 1913, à Limoges, et a été baptisé le 1er mai 1913 à la paroisse Saint-Pierre de Queyrois, dans le diocèse de Limoges. Ses parents s’aimaient beaucoup. Son père, chrétien convaincu, a aidé sa mère à le devenir aussi. Son père était un artiste. Il a fondé une usine de chaussures à Limoges et, à la suite d’un long procès, il a dirigé une autre usine de chaussures à Toulouse. Jacques est le 2e d’une famille de 3 enfants : Jean, son aîné et Marie Thérèse, sa cadette.

Après ses études dans sa ville natale, après son baccalauréat, il s’occupe à de petits travaux pendant un an.
Ensuite il commence la formation des Missionnaires d’Afrique par la philosophie à Kerlois, de 1931 à 1933, puis la continue par le noviciat à Maison – Carrée, à Alger (1933 – 1934), enfin la théologie à Thibar et à Carthage. Il prononce son serment le 26 juin 1938, à Thibar, et est ordonné prêtre le 25 mars 1939, à Carthage.

Sa première nomination est en Kabylie, à Warzen. Il y arrive le 21 août 1939. Il apprend le Kabyle et visite des familles. Mais, très vite, il est mobilisé le 2 septembre 1939 et démobilisé le 10 août 1940. Il rejoint la Kabylie et est nommé à Tizi-Ouzou en juin 1942, où il ne reste pas longtemps, car il devient aumônier des chantiers de jeunesse à Boulhaut le 27 novembre 1942, au Maroc.

En février 1943, il rejoint l’armée comme aumônier, au même endroit. De septembre 1944 au 2 octobre 1945, il participe, comme aumônier du 1er régiment de cuirassiers, avec la 5e DB, à la campagne de libération de la France, de la Provence jusqu’en Autriche, en passant par la Franche - Comté, l’Alsace et l’Allemagne, avec retour à Alger, où il est démobilisé.

Dès sa démobilisation, il rejoint Tizi-Ouzou, le poste d’où il était parti presque trois ans auparavant. Il est alors affecté à Tagmount-Azouz, où il ne reste pas très longtemps. Le 12 novembre 1946, il est nommé d’abord au 31 de la rue Friant, à Paris (14e), puis le 1er mai 1947 au 20 de la rue du Printemps, à Paris (17e), à la communauté fondée par la Région Algérie et dépendante d’elle, au service des travailleurs Nord-Africains, recrutés pour travailler à la reconstruction de l’économie française, après la 2e guerre mondiale. Ainsi Jacques était membre de l’équipe, avec les Pères Letellier, Ghys et Cuoq, pour quelque temps.

Cette équipe a lancé AMANA, la revue Hommes et Migrations, ainsi que Se Comprendre. Il a appris l’arabe et s’est formé à la connaissance de l’islam. Le travail de cette communauté consistait à donner des cours du soir et à sillonner la France pour diverses associations en lien avec les services sociaux. Elle donnait des cours sur l’islam, des informations sur les travailleurs Nord-Africains et formait des assistantes sociales envoyées en Afrique du nord. Jacques a gardé un bon souvenir de son travail, à Marseille, avec le Père Jacques Loew, pendant 10 jours. L’équipe participait aussi, tous les deux ans, aux Semaines Sociales.

Il a été nommé aux trois communautés de Paris, car le 1er septembre 1985, il est nommé à l’accueil au 5 de la rue Roger Verlomme (3e). Il assure ce service pendant dix ans, avant d’y devenir simple résident en 1995. C’est ainsi que Jacques est devenu Parisien. Il est resté soixante ans dans cette ville jusqu’au moment de sa nomination, en mars 2006, à la communauté de la « Maison Lavigerie » à Billère, à 93 ans.

La Cté de Billère sur le seuil de la maison, parmi eux Jacques Roly

Jacques, en le voyant, paraît chétif et fragile, à cause de sa petite taille. C’est ce que beaucoup de responsables ont noté. Certains ont même laissé entendre qu’il était de santé moyenne, sans préciser d’ailleurs ce qu’ils voulaient dire par là. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences. Ne nous prouve-t-il pas sa résistance en célébrant son 100e anniversaire.

Mais il est vrai qu’il a toujours été d’une parfaite discrétion. Il a toujours été appliqué, méthodique et consciencieux dans les services qui lui ont été confiés. C’est dans ses relations personnelles que rayonnent sa gentillesse, son amabilité, sa foi profonde, son sens du devoir et du service, aussi bien avec les soldats alors qu’il était aumônier militaire, qu’avec les très nombreux couples qu’il a rencontrés pour préparer leur dossier de mariage et qu’avec ses confrères. homme délicat, attentionné, serviable, gai et joyeux, il est à l’aise avec tous. homme de prière, il est présent tôt le matin à la chapelle. À la rue du Printemps, comme économe et très bon second des responsables, apprécié pour ses conseils, il a assuré la gestion de l’ensemble des oeuvres de cette communauté extraterritoriale à la vocation, alors, originale de service des Maghrébins, très majoritairement musulmans, en France.

Mais le diocèse de Paris lui avait aussi confié la tâche délicate d’étudier et de suivre tous les dossiers de mariages, avec disparité de culte, islamo-chrétiens. En novembre 1973, il signalait dans une note qu’en 20 ans, il a étudié 544 dossiers, une moyenne de 26 par ans. Au total, il a dû étudier plus de 700 dossiers. Cela veut dire qu’il a rencontré tous ces couples et, avec certains, il a gardé de bonnes relations. Nombreux sont ceux auxquels il rend encore visite, « trottinant » dans les rues et les couloirs du métro de Paris, quand il est « au repos » à la rue Roger Verlomme. Mais ses visites signalent sa fidélité dans ses relations et aussi sa bonne mémoire. Toujours à la rue du Printemps, il assure des causeries bien préparées et appréciées, car il parle avec conviction, sans se mettre en avant et avec humour, même à propos de lui-même.

Où se cache le secret de la longévité de Jacques ? Nous pourrions dire dans sa façon de regarder le monde et les autres avec bienveillance. Mais peut-être pouvons-nous ajouter qu’à sa façon, discrète, il fut sportif… il a beaucoup marché dans les rues de Paris, mais, en lui demandant, nous pourrions découvrir qu’il a fait du sport. Il a raconté qu’un jour, alors qu’il bénéficiait déjà de la gratuité dans les transports publics à Paris, il a vu des jeunes sauter par-dessus la barrière du métro. Alors il a fait de même. Mais il fut arrêté par des contrôleurs qui s’apprêtaient à le verbaliser. Quand il leur a montré sa carte, ils se sont étonnés : « Mais pourquoi avezvous fait cela ? » Il leur répondit : « Je voulais me prouver que j’étais encore capable de sauter un obstacle ! »

Tous les membres du Secteur France de la Province d’Europe te souhaitent, Jacques, un très bon anniversaire. Nous te souhaitons de bien sauter le cap du centenaire, mais aussi de bien sauter le passage vers Celui que tu t’es efforcé de servir de ton mieux dans le service de tous ceux et celles qu’Il t’a confiés !

Guy Vuillemin