Le Père Jacques
Roly est né le 26 avril 1913, à Limoges, et a été
baptisé le 1er mai 1913 à la paroisse Saint-Pierre de
Queyrois, dans le diocèse de Limoges. Ses parents saimaient
beaucoup. Son père, chrétien convaincu, a aidé
sa mère à le devenir aussi. Son père était
un artiste. Il a fondé une usine de chaussures à Limoges
et, à la suite dun long procès, il a dirigé
une autre usine de chaussures à Toulouse. Jacques est le 2e
dune famille de 3 enfants : Jean, son aîné et Marie
Thérèse, sa cadette.
Après ses études dans sa ville natale, après
son baccalauréat, il soccupe à de petits travaux
pendant un an.
Ensuite il commence la formation des Missionnaires dAfrique
par la philosophie à Kerlois, de 1931 à 1933, puis la
continue par le noviciat à Maison Carrée, à
Alger (1933 1934), enfin la théologie à Thibar
et à Carthage. Il prononce son serment le 26 juin 1938, à
Thibar, et est ordonné prêtre le 25 mars 1939, à
Carthage.
Sa première nomination est en Kabylie, à Warzen. Il
y arrive le 21 août 1939. Il apprend le Kabyle et visite des
familles. Mais, très vite, il est mobilisé le 2 septembre
1939 et démobilisé le 10 août 1940. Il rejoint
la Kabylie et est nommé à Tizi-Ouzou en juin 1942, où
il ne reste pas longtemps, car il devient aumônier des chantiers
de jeunesse à Boulhaut le 27 novembre 1942, au Maroc.
En février 1943, il rejoint larmée comme aumônier,
au même endroit. De septembre 1944 au 2 octobre 1945, il participe,
comme aumônier du 1er régiment de cuirassiers, avec la
5e DB, à la campagne de libération de la France, de
la Provence jusquen Autriche, en passant par la Franche - Comté,
lAlsace et lAllemagne, avec retour à Alger, où
il est démobilisé.
Dès sa démobilisation, il rejoint Tizi-Ouzou, le poste
doù il était parti presque trois ans auparavant.
Il est alors affecté à Tagmount-Azouz, où il
ne reste pas très longtemps. Le 12 novembre 1946, il est nommé
dabord au 31 de la rue Friant, à Paris (14e), puis le
1er mai 1947 au 20 de la rue du Printemps, à Paris (17e), à
la communauté fondée par la Région Algérie
et dépendante delle, au service des travailleurs Nord-Africains,
recrutés pour travailler à la reconstruction de léconomie
française, après la 2e guerre mondiale. Ainsi Jacques
était membre de léquipe, avec les Pères
Letellier, Ghys et Cuoq, pour quelque temps.
Cette équipe a lancé AMANA, la revue Hommes et Migrations,
ainsi que Se Comprendre. Il a appris larabe et sest formé
à la connaissance de lislam. Le travail de cette communauté
consistait à donner des cours du soir et à sillonner
la France pour diverses associations en lien avec les services sociaux.
Elle donnait des cours sur lislam, des informations sur les
travailleurs Nord-Africains et formait des assistantes sociales envoyées
en Afrique du nord. Jacques a gardé un bon souvenir de son
travail, à Marseille, avec le Père Jacques Loew, pendant
10 jours. Léquipe participait aussi, tous les deux ans,
aux Semaines Sociales.
Il a été nommé aux trois communautés
de Paris, car le 1er septembre 1985, il est nommé à
laccueil au 5 de la rue Roger Verlomme (3e). Il assure ce service
pendant dix ans, avant dy devenir simple résident en
1995. Cest ainsi que Jacques est devenu Parisien. Il est resté
soixante ans dans cette ville jusquau moment de sa nomination,
en mars 2006, à la communauté de la « Maison Lavigerie
» à Billère, à 93 ans.
La Cté de Billère
sur le seuil de la maison, parmi eux Jacques Roly
Jacques, en le voyant, paraît chétif et fragile, à
cause de sa petite taille. Cest ce que beaucoup de responsables
ont noté. Certains ont même laissé entendre quil
était de santé moyenne, sans préciser dailleurs
ce quils voulaient dire par là. Mais il ne faut jamais
se fier aux apparences. Ne nous prouve-t-il pas sa résistance
en célébrant son 100e anniversaire.
Mais il est vrai quil a toujours été dune
parfaite discrétion. Il a toujours été appliqué,
méthodique et consciencieux dans les services qui lui ont été
confiés. Cest dans ses relations personnelles que rayonnent
sa gentillesse, son amabilité, sa foi profonde, son sens du
devoir et du service, aussi bien avec les soldats alors quil
était aumônier militaire, quavec les très
nombreux couples quil a rencontrés pour préparer
leur dossier de mariage et quavec ses confrères. homme
délicat, attentionné, serviable, gai et joyeux, il est
à laise avec tous. homme de prière, il est présent
tôt le matin à la chapelle. À la rue du Printemps,
comme économe et très bon second des responsables, apprécié
pour ses conseils, il a assuré la gestion de lensemble
des oeuvres de cette communauté extraterritoriale à
la vocation, alors, originale de service des Maghrébins, très
majoritairement musulmans, en France.
Mais le diocèse de Paris lui avait aussi confié la
tâche délicate détudier et de suivre tous
les dossiers de mariages, avec disparité de culte, islamo-chrétiens.
En novembre 1973, il signalait dans une note quen 20 ans, il
a étudié 544 dossiers, une moyenne de 26 par ans. Au
total, il a dû étudier plus de 700 dossiers. Cela veut
dire quil a rencontré tous ces couples et, avec certains,
il a gardé de bonnes relations. Nombreux sont ceux auxquels
il rend encore visite, « trottinant » dans les rues et
les couloirs du métro de Paris, quand il est « au repos
» à la rue Roger Verlomme. Mais ses visites signalent
sa fidélité dans ses relations et aussi sa bonne mémoire.
Toujours à la rue du Printemps, il assure des causeries bien
préparées et appréciées, car il parle
avec conviction, sans se mettre en avant et avec humour, même
à propos de lui-même.
Où se cache le secret de la longévité de Jacques
? Nous pourrions dire dans sa façon de regarder le monde et
les autres avec bienveillance. Mais peut-être pouvons-nous ajouter
quà sa façon, discrète, il fut sportif
il a beaucoup marché dans les rues de Paris, mais, en lui demandant,
nous pourrions découvrir quil a fait du sport. Il a raconté
quun jour, alors quil bénéficiait déjà
de la gratuité dans les transports publics à Paris,
il a vu des jeunes sauter par-dessus la barrière du métro.
Alors il a fait de même. Mais il fut arrêté par
des contrôleurs qui sapprêtaient à le verbaliser.
Quand il leur a montré sa carte, ils se sont étonnés
: « Mais pourquoi avezvous fait cela ? » Il leur répondit
: « Je voulais me prouver que jétais encore capable
de sauter un obstacle ! »
Tous les membres du Secteur France de la Province dEurope te
souhaitent, Jacques, un très bon anniversaire. Nous te souhaitons
de bien sauter le cap du centenaire, mais aussi de bien sauter le
passage vers Celui que tu tes efforcé de servir de ton
mieux dans le service de tous ceux et celles quIl ta confiés
!
Guy Vuillemin