Missionnaires d'Afrique
France


Photo 2009 en Tunisie

Jacques Dugas, Burundi, 60 ans de serment

Une vie
consacrée à Marie


Préliminaires dans l’enfance :
Né dans une famille où l’éducation chrétienne allait de soi. Mon frère aîné entre chez les pères maristes (il était mon parrain et j’ai gardé avec lui des liens très profonds), une sœur religieuse de la Compagnie de Marie, les trois autres sont mariés, mais avec des consacrés dans leurs enfants et petits-enfants. Mon père était artiste peintre : il a orné de fresques de nombreuses églises de la région de Lyon et Grenoble. Ce qui me valait de poser quelques fois sans bouger durant des heures (pas réjouissantes pour moi !). Tous les soirs nous récitions la prière en famille.

Atteint de rhumatismes articulaires, j’ai dû étudier seul, avec des cours par correspondance , toute mon année de première : expérience que je ne souhaite à personne. Après le BAC, je ne savais vraiment pas où m’orienter.

La vocation :
C’est au cours de cette intérogation que le désir missionnaire est venu. J’ai lu un livre sur les P B, puis j’ai écrit au Père Bretin, à Tournus, et j’ai reçu l’admission peu après : je devais aller à Thibar, via Marseille, en septembre 1942.

Là, se situe le premier drame qui a failli tout arrêter. J’arrive à Marseille tout seul (période de guerre, 2 frères en captivité en Allemagne…). Je suis bien accueilli à la procure, mais je ressens, soudain, une sorte de gros cafard. Il faut dire que je n’avais jamais quitté ma famille. J’ai la forte tentation d’abandonner. Je monte chez le Supérieur, lui dis mon angoisse ; il me sauve par une simple parole venant sans aucun doute de l’Esprit : « Mon ami, quand on a plongé, de quel côté sort-on ? Tu as plongé, poursuis ta route. Bon courage ! » C’est la seule fois de ma vie où j’ai eu envie de quitter.

Thibar :
Je garde un excellent souvenir de mon passage à Thibar, avec un événement qui a marqué ma vie spirituelle. En septembre 44, nous suivons une retraite du Père Malet, longtemps supérieur du Scolasticat de Carthage. Il parle sans aucun papier : dans l’une de ses instructions, il expose la doctrine de la consécration mariale selon Grignon de Montfort. Une caractéristique est l’abandon de nos fruits spirituels à la Vierge Marie qui en dispose comme elle veut. Très intéressé, je vais trouver mon accompagnateur pour lui demander si je peux me consacrer de cette manière. Il est plutôt réticent : « C’est un acte grave que vous pourriez regretter ensuite. Nous allons réfléchir et prier. » Deux jours après, il me rappelle : « Vous allez partir à l’armée, les circonstances sont favorables, je vous permets cette consécration. » Je l’ai signée en la fête du Christ Roi 1944 ; elle a marqué ma vie et je ne l’ai jamais regrettée.

Burundi
Je suis nommé au Grand Séminaire, unique à cette époque. Je donne des cours de français. Pour pouvoir apprendre la Kirundi, je vais passer les vacances dans une mission d’abbés, en leur demandant de ne parler uniquement que le kirundi. Ce qu’ils acceptent volontiers. Pendant ce séjour, je passe l’examen de langue à Gitega et je peux commencer à confesser, début d’un attachement passionné à cette langue, à cette culture.
J’ai été rappelé, comme Professeur à Vah près du Puy de 1964 à 1968, puis à Mours et à Strasbourg. Là, les candidats frères ont demandé mon départ : une humiliation. Je retourne alors au Burundi en 1970 pour y fonder le diaconat permanent à la demande de Mgr Makarakiza, archevêque P. B. de Kitega.

Constatant que les autres évêques ne sont pas d’accord avec ce projet, nous bifurquons sur un Séminaire d’Aînés pour des jeunes déjà engagés dans la vie, surtout catéchistes, qui n’ont pas le niveau suffisant pour entrer au Grand Séminaire. Avec l’aide d’autres confrères et de professeurs laïcs, nous les gardons 3 ou 4 ans. Le séminaire qui a duré 20 ans a donné 40 prêtres à l’Église, la plupart diocésains, quelques-unes dans des congrégations.

Vient alors, en 1992, une demi-retraite comme aumônier des Sœurs Dominicaines. En 2000, je suis vicaire à la paroisse St Augustin de Bujumbura et en 2006 le Père Luc Putzeys me demande de l’aider pour l’année de discernement des candidats missionnaires d’Afrique à Gitega.

Jacques Dugas saying his prayer. What an inspiration for young ones

Ai-je encore un avenir ? Sur terre, il ne sera pas long, mais la jeunesse éternelle s’annonce et elle me remplit d’enthousiasme. Je vis dans l’action de grâces envers Jésus et Marie, envers la Société .

Jacques Dugas