Missionnaires d'Afrique
France

Itinéraire spirituel
en Terre Sainte

Session-retaite du 15 mars au 11 juin 2011

Cette première page, les eaux tumultueuses du Jourdain, d’une des sources du fleuve est directement alimentée par la fonte des neiges du Mont Horeb et jaillit en torrent impressionnant.
La force du Jourdain en ce lieu a été comme une révélation pour moi : j’y ai vu le symbole de l’abondance dont Jésus me comblait, l’énergie que son baptême voulait me donner. L’eau mystérieuse qui jaillit aussi de son côté sur la croix ne veut-elle pas m’inonder de sa puissance vivifiante comme celle du Jourdain donne vie à toute cette région ? Je vais donc descendre à mon tour dans les eaux de ce Jourdain, au creux de mon histoire, et l’ouvrir à la vie en entendant la parole qui est aussi pour moi : <<Celui-ci est mon Fils bien-aimé ! >>

Quelques jours après notre arrivée à Jérusalem, j’écrivais mes premières impressions : « Je découvre la Ville Sainte : ses murailles, l’esplanade du Temple, les premières églises que je ne connais pas encore, et, par chance, la fenêtre de ma chambre donne sur le dôme doré du Rocher. Une légère brise m’apporte les suaves émanations d’un lilas en fleur. Étonnant aussi : une multitude d’oiseaux gazouillent, roucoulent, trillent joyeusement.

Je n’avais jamais, au cours de mes voyages, ressenti une telle impression : ces lieux me prennent au plus profond de moi. Ces rues, ces remparts, ces collines sont comme habités d’une Présence mystérieuse et puissante. » Cette première impression ne me quittera pas pendant ces trois mois de présence.


Me voilà donc en Terre Sainte. J’avais désiré d’un grand désir, depuis des années, connaître le pays de Jésus. Et incroyable, à peine arrivé, je respirais presque sa Présence. Comment m’exprimer ? C’était un peu comme s’Il me disait, radieux, les bras ouverts : « Te voilà enfin venu, Jean-Yves ! Il y a si longtemps que j’ai envie de te regarder de près. C’est merveilleux de t’avoir ici. C’est fou, ce que je t’aime ! » Je demeurai bouche bée devant cet accueil chaleureux, invitant, fusionnel, sans encore bien réaliser ce que je ressentais.


Ste Anne se trouve dans la vieille ville, dans le quartier palestinien. Il comprend plusieurs bâtiments dont la basilique avec les fouilles de Bethesda ; lieux commémorant à la fois la guérison du paralytique guéri par Jésus et la naissance de Marie.

Le programme
Les Missionnaires d’Afrique organisent régulièrement des sessions de rénovation spirituelle dans notre maison Sainte-Anne, à Jérusalem. La nôtre allait de la mi-mars à la mi-juin. Nous étions 28, de 11 nationalités différentes : 5 Pères Blancs, 6 prêtres diocésains burkinabés et 23 missionnaires, religieux et religieuses, de divers instituts. De France deux amis partis ensemble : Paul Gallen et Jean-Yves Chevalier, tous les deux rattachés à la communauté de Verlomme.

L’objectif : s’engager dans un pèlerinage de renouvellement spirituel et profiter au maximum de la session organisée en conséquence :
Cours de Bible : explication détaillée de la Genèse par notre confrère, Vogels Walter ; exposé sur les clefs des paraboles par le spirituel Guy Theunis.
Étude de l’Ennéagramme comme modèle de la structure de la personne . Ce modèle décrit neuf configurations différentes de la personnalité, neuf manières de se définir. L’Ennéagramme permet de mieux se connaître et donc de mieux se comprendre.
Conférences sur des sujets d’actualités, tels le judaïsme actuel, la condition des Palestiniens, l’islam au Proche Orient, l’œcuménisme dans les églises orientales.
Visites, le plus souvent en bus, des Lieux Saints, surtout ceux qui sont liés à l’histoire de Jésus.

Répartis en 6 équipes de 5 ou 6, les 28 participants assurent différentes activités : nettoyage de la maison, liturgie, prière méditée et partagée.


Ste Anne de Jérusalem, hors la Session, abrite trois autres communautés : les “permanents“ dont les activité principales sont l’ouverture sur l’œcuménisme et l’accueil des pélerins de la basilique, les 8 étudiants et les Sœurs de l’Oeuvre.

Le cadre de notre session ainsi délimité, je pourrais, me semble-t-il, écrire un livre entier sur ces trois mois vécus en Terre Sainte. Je me contente ici de zoomer quelques vues que j’ai aimées tout particulièrement.

Les eaux vives du Jourdain
La Terre Sainte est un pays de contrastes : au sud, le désert de Judée offre des paysages spectaculaires extrêmement variés : ses montagnes, ses falaises et ses collines crayeuses côtoient plateaux, lits de rivière plus ou moins asséchées et profonds canyons.


Au nord, la Galilée, par contre, est verdoyante. Une des sources principales du Jourdain sourd dans un coin de verdure et de fraîcheur, au pied du mont Hermon, dont la fonte des neiges alimente et grossit la rivière.
On m’avait tellement dit que la Bible exagérait la puissance du Jourdain que je m’attendais à découvrir quelque minable ruisseau ; j’ai découvert avec surprise un torrent impétueux. La force du Jourdain en ce lieu a été comme une révélation pour moi : j’y ai vu le symbole de l’abondance dont Jésus me comblait, l’énergie que son baptême voulait me donner. L’eau mystérieuse qui jaillit aussi de son côté sur la croix ne veut-elle pas m’inonder de sa puissance vivifiante, comme celle du Jourdain donne vie à toute cette région ?

C’est près de cette source du Jourdain que Jésus posa à ses disciples la question fondamentale pour tout croyant: “Et vous, qui dites-vous que je suis?” Je me souviens qu’en cet endroit, le groupe des 28 s’assit dans un coin ombragé. Et chacun, du fond de son cœur, dit sa réponse : qui était Jésus pour lui. Ce moment fut une étape dans la session, une profession de foi commune sur l’importance du Christ dans chacune de nos vies.

Le puits de Jacob
Le thème de l’eau revint souvent au cours de la session. Mais d’une manière spéciale quand nous nous retrouvâmes, en Samarie, devant le puis de Jacob.

La rencontre de Jésus avec la Samaritaine : un des passages de l’Évangile qui me bouleverse le plus. Peut-être parce que je suis à l’écoute de ceux et celles qui se croient exclus de l’Église pour n’être pas «conformes » au moule, et tous ceux, innombrables, qui sont en quête spirituelle, en recherche d’un sens à donner à leur vie ? Jésus traverse donc la Samarie. Fatigué par une longue marche dans la chaleur de midi, il a soif. Il s’assoit au bord d’un puits. Arrive une femme. En bon juif, Jésus devrait ignorer cette personne, pour lui triplement exclue : c’est une femme, une samaritaine (d’une province hérétique), et elle a eu cinq maris ! Pourtant Jésus lui demande à boire et noue avec elle l’un des dialogues les plus profonds de l’Évangile.

Ce qui importe à Dieu n’est pas qu’on soit ou non « en règle», mais que l’on soit sincèrement animé par une quête, assoiffé. C’est parce que Jésus pressent cette soif chez la Samaritaine, qu’il lui propose “l’eau vive”.
La Samaritaine est fascinée... et un cri surgit du plus profond d’elle-même: « Donne-moi de cette eau. » À n’en pas douter, cette amoureuse a trouvé là, en face d’elle, l’homme de sa vie. Un homme qui s’adresse d’emblée au plus intime d’elle-même et lui révèle la profondeur de sa soif.

L’eau du puits de Jacob reste toujours aussi fraîche pour le pèlerin qui vient y puiser et y méditer ; elle nous éclaire sur l’expérience vraie de Dieu et sur la prière qui est avant tout disponibilité, soif, désir. C’est le désir de Dieu qui fait exister l’homme, qui me fait exister.

Sur le lac de Tibériade
Lors de son voyage en Galilée, le groupe s’est souvent retrouvé au bord du lac de Tibériade. Nous prîmes même le bateau ; pour nous, les eaux restèrent calmes. Nous avons prié et, un orchestre aidant, dansé sur le pont.

Pour moi, l’apparition de Jésus à ses apôtres, sur le bord du lac, assurément me fascine. Peut-être parce que je suis photographe amateur et que la scène se passe dans la brume du petit jour, au soleil levant ? J’aime que Jésus ait été là, après l’échec de toute une nuit de pêche, pour ses disciples et qu’il les ait aidés non seulement à ne pas rentrer bredouilles, mais à remplir à craquer leur filet. Quand Dieu donne, c’est toujours l’abondance : ils auraient dû se souvenir de Cana ou de la multiplication des pains. J’aime que ce soit Jean qui l’ait reconnu le premier, non seulement parce qu’il est mon saint Patron, mais parce que, certainement, plus on est l’ami de Dieu, plus on repère vite ses signes. J’aime que Jésus soit allé à la pêche le premier, qu’il leur ait allumé un feu, cuit pain et poissons : ressuscité, il n’a pas changé sa façon de faire pour autant, il reste le serviteur. J’aime que Jésus leur demande d’ajouter leurs poissons aux siens, et je n’oublie pas que c’est tout de même lui qui les leur a trouvés. C’est là la manière de Dieu : il donne et nous lui offrons ses dons ! Et puis, est-ce que Jésus ne me précède pas encore, comme il précédait ses apôtres en ce matin de bonheur sur les rivages de leur vie, est-ce qu’il ne me précède pas encore aujourd’hui, à Verlomme ?

À Jérusalem, l’accès à l’esplanade des mosquées est limité, pour les non-musulmans, à quelques heures le dimanche matin. Là, à l’époque de Jésus, se dressait le Temple ; il aimait y venir et y prêcher. Un jour, on y traîna devant lui une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Vous connaissez ce célèbre épisode ! Il révèle à lui seul la force de caractère de Jésus et, une fois de plus, sa distance vis-à-vis de la loi juive. En ce lieu, j’ai réalisé la force qui devait émaner de lui : ici, face aux accusateurs, sans rien dire ou presque, il s’impose. Ceux qui étaient venus pour exécuter la loi, lapider cette femme, se retirent un à un et Jésus reste seul avec elle : « Moi non plus, je ne te condamne pas… Va et ne pèche plus ! » On s’émerveille, avec raison, des miracles de Jésus, de la résurrection de la fille de Jaïre ou celle de Lazare, mais prend-on assez conscience que, ce matin-là, Jésus a sauvé cette femme de la mort, d’une lapidation horrible ? Jésus lui sauve la vie !

Le Bon Pasteur
Les Soeurs de l'OeuvreMon ami, Paul, et moi, - c’était un lundi -, nous étions presque perdus en plein désert, entre Jérusalem et Jéricho. Le soleil brillait dans un ciel d’azur. Nous marchions sur un petit sentier rocailleux juste entre la montagne et le précipice. Rencontre étonnante au milieu de cet espace vide et chaud : un jeune berger jouant de la flûte. Il cherchait à rassembler son troupeau de chèvres dispersé au flanc de la montagne. Nous pûmes échanger, car il connaissait quelques rudiments d’anglais. Soudain, il sort une bouteille thermos de la selle de son âne et nous tend un gobelet de café. Le breuvage, épais, avait le goût extraordinaire de l’amitié. Notre jeune bédouin désirait même traire pour nous l’une de ses chèvres, mais le reste du groupe risquait de s’inquiéter de notre trop longue absence… Image du Bon Pasteur qui reste gravée dans mon esprit et dans mon cœur.

La retraite de 30 jours
Etudiants Missionnaires d'AfriqueNotre périple prit alors une route différente : nous entrâmes en Grande Retraite de 30 jours, le 7 mai. Après la découverte du pays, de la Terre Sainte, nous entreprîmes un voyage tout intérieur à la recherche du Maître et de nouvelles routes où Il a bien voulu me guider. Ce fut certainement pour moi et mes compagnons et compagnes le sommet de notre séjour : révision de vie opérée dans l’intimité avec Dieu, en plus grande intimité avec le Maître.

Nous l’avons fait sur place, mais je le redis de tout cœur : merci tout d’abord au Père Jean-Marie Vasseur qui eut, lorsqu’il fut à la tête de la Société, l’initiative de ces sessions. Merci à toute l’équipe sur place, tout particulièrement au brillant Père Guy Theunis, responsable de la session ; à tous les confrères qui travaillent à Sainte Anne, tous plus serviables les uns que les autres. Merci à Léocadie, SMNDA, qui m’a accompagné durant ces 30 jours intenses de retraite.

Jean-Yves Chevalier
(photos et texte)

Voir aussi

Quelques Photos des Participants à la Session biblique et grande retraite à Jérusalem

* 3-4 Mai 2011 : La Basilique Ste Anne de Jérusalem accueille les reliques de Ste Thérèse