Missionnaires d'Afrique
France

Édouard Duclos. 60 ans de serment Il fait bon vivre à Billère

Après 50 années au Burkina Faso, me voici installé à demeure, à Billère, sous l’ombrage de la Vierge de Lourdes : une bénédiction d’avoir ainsi l’opportunité de se retrouver en communauté Missionnaires d’Afrique, pour la dernière étape de notre vie missionnaire, dans la joie et l’attente de ce « Royaume des cieux » qui nous est promis et dont nous avons tant parlé.

Édouard est pris en photo dans la chapelle de la maison de retraite devant le vitrail des
armoiries du Cardinal Lavigerie. Dans cette chapelle, à 11 h, la
communauté se retrouve tous les jours pour
célébrer l’Eucharistie.

En octobre 2009, je retrouvai bon nombre de confrères de notre jeunesse à Maison Carrée, Thibar et Carthage, et certains nouveaux pour moi, plus âgés ou plus jeunes. Nous nous retrouvions difficilement reconnaissables, vu l’usure des années ou la patine du temps. Rencontres dans la joie des retrouvailles et la discrétion de ce que chacun a vécu, ses joies et ses peines, ses épreuves et consolations de sa vie en mission. Rencontres dans le respect des sensibilités différentes. La solide formation reçue à l’époque ne nous ouvrait pas à un simple partage de foi entre frères, expérience spirituelle que connaissent aujourd’hui nos jeunes confrères.

Jacques Amyot d’Inville, notre responsable, nous a ouvert une fenêtre sur la vie de chacun en nous proposant de rédiger une page de notre vécu missionnaire. Idée qui a fait son chemin : chacun peut venir consulter à sa guise un livret déposé à l’accueil ; son titre “Témoignages de vies missionnaires”.

Nous avons conscience de former une famille où chacun a sa petite responsabilité, selon ses possibilités, depuis l’accueil au standard téléphonique jusqu’à l’entretien du parc, le voiturage des malades, l’informatique, la sacristie, la liturgie, les bibliothèques, le service d’information, sans oublier ces services de dépannage en urgence pour la maison ou pour des confrères : « Une place pour chacun et chacun à sa place ». La roue tourne ; bien sûr, chacun à son rythme.

Une famille
où il fait bon vivre
Si nous partageons peu entre nous dans la foi, avec le temps, nous observons que sous l’écorce rude de chacun apparaît la délicatesse, la tendresse du cœur dans ces services rendus dans la discrétion, ces entraides, ces échanges de revues, de journaux, de livres, ces invitations au restaurant à l’occasion d’un anniversaire, un voiturage à Lourdes pour une journée de prières ou l’expédition d’une journée en Espagne, à travers les Pyrénées. Personnellement, j’ai été très sensible à la délicatesse de confrères qui, quelques jours après mon arrivée, m’invitèrent à Auchan pour partager un petit “five o’clock” non british ; une bénédiction dans le brouillard d’une installation définitive en maison de retraité !

Oui, nous sommes une famille où il fait bon vivre, une communauté MAFR, heureuse de se retrouver, à intervalles réguliers, après la réunion du conseil, dans la grande salle, pour écouter notre Responsable nous donner d’abord une piste de réflexion spirituelle, des informations du Secteur France, de la Province d’Europe. Oui, nous sommes une communauté avec son franc-parler, son ouverture aux événements du monde et de l’église, unie dans le souci du « tout à tous » du Cardinal Lavigerie.

La louange du Seigneur
Notre foi, nous la vivons et la partageons en nos eucharisties quotidiennes de onze heures. Nous sommes une bonne trentaine, à pouvoir présider nos célébrations, une fois par mois, environ. Présider la messe, un exercice liturgique exigeant, difficile face à nos chers confrères, mais combien enrichissant dans la mesure où, président ou assistant, chacun est conscient de sa pauvreté et respectueux de la pauvreté de l’autre. Les laudes du matin et les vêpres du soir nous regroupent en une trentaine environ, représentant la communauté, pour la louange du Seigneur, et prier Notre Dame.

Ministères à l’extérieur
Notre foi va s’exprimer aussi en une montée de sève missionnaire : certains plus valides et disponibles peuvent répondre à des demandes ponctuelles mais fréquentes, de différentes paroisses : célébrations eucharistiques de semaine ou dominicales, funérailles aussi ; beaucoup de confessions d’enfants ou de jeunes de lycées préparant leur première communion ou la confirmation.

Trois confrères exercent le ministère d’aumônerie auprès des résidentes de la maison de retraite des Petites Sœurs des Pauvres ; quelques-uns vont célébrer régulièrement dans des communautés religieuses. Une communauté du Renouveau, et le groupe de Lourdes-Cancer-Espérance de Pau sont accompagnés par deux confrères ; un autre accompagne un groupe de prière “Vie Chrétienne” chez les pères jésuites. Jacques Amyot donne l’exemple par tous ses contacts avec les responsables laïcs et prêtres de la région, des lycées et collèges, des différentes associations Justice et Paix ou caritatives ; des connaissances sont invitées à venir nous parler de la Chine, du Vietnam ou de divers sujets : une bénédiction pour notre maison de retraite.

Fête des jubilés à Billère
Le dimanche 20 juin, nous avons célébré les jubilés de dix confrères ; deux jubilaires de 70 ans, sept de 60 ans et un de 50 ans. Notre Provincial d’Europe, Detlef Bartsch, avait tenu à y être présent, Billère étant la plus grande communauté de notre province. Il présida la cérémonie ; nous renouvelâmes notre serment missionnaire après son invitation à y être fidèles dans la paix et la joie de la prière et du service quotidien. L’Eucharistie terminée, de belles tables gracieusement apprêtées par nos amis, Mme et M. Merceron, ouvertes à quelques invités et amis, permirent aux langues de se délier, d’échanger et de se faire photographier devant le panneau présentant les dix jubilaires et illustré d’images en couleur des activités missionnaires.

Le Provincial d’Europe et le Directeur de la maison de retraite
devant le panneau présentant les dix jubilaires et illustré d’images en couleur
des activités missionnaires.

Quel souvenir gardé de cette fête ? Je vous propose le témoignage de notre jubilaire de 70 ans, le père François
Boinot : « Après mes 20 ans de séjour à Billère et y avoir servi dans tous les services, je n’ai qu’une chose à dire : Je suis heureux à Billère »

Édouard Duclos

Voir la maison de Billère
Fondateur du Pélican en 1992