Voix d'Afrique N° 91

EDITORIAL



Avance au large !

Ils ont peiné toute la nuit, ils sont éreintés, et ils n’ont rien trouvé, absolument rien, pas le moindre poisson. Alors qu’ils se reposaient, le Maître leur a demandé de s’éloigner du rivage pour enseigner la foule. Ils l’ont fait et ont écouté ses paroles si nouvelles. Puis, tout à coup, le Maître dit à Pierre : « Avance au large et jette les filets. » Pierre n’est pas des plus enthousiastes. Il peste intérieurement, mais il accepte : « Nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre, mais sur ta parole je vais lâcher les filets. » On connaît la suite, les filets pleins à craquer et l’effroi de Pierre. Et aussi la promesse de Jésus : « Ne crains pas ; désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Cette parole scelle la vocation de l’apôtre. Lui et ses collègues quittent tout pour suivre Jésus.

Quand nous avons l’impression de nous enfoncer, de sombrer, quand tout nous semble inutile ou stérile, il est bon de re-trouver ce récit de l’Évangile et d’entendre Jésus nous inviter au grand large et aux pêches audacieuses. Il est bon de l’enten-dre encore nous dire : « Essaie encore, avance plus loin, n’aie pas peur. »

Avec Jésus, tout le monde a son permis de pêche. Tous, nous sommes appelés à travailler pour améliorer un peu le monde. Bien sûr, toutes les vocations ne sont pas semblables. Chacun reçoit du Seigneur un appel précis, particulier, complémentaire de celui des autres. Mais tous, nous devons communiquer quelque chose de ce trésor qui nous habite, et que nous avons reçu gratuitement. Nous avons à communiquer quelque chose de Dieu, qui est ce trésor qui est en nous depuis notre baptême.

Beaucoup seront en vacances sous peu. Où irez-vous ? Que ferez-vous ? Oserez-vous l’ouverture, l’eau profonde qu’est l’entrée dans une autre société, une autre culture ? Le camping, c’est bien s’il permet cet accueil de l’autre. Un voyage à l’étranger est bien s’il ne se résume pas aux piscines des hôtels, ou au shopping dans les souks.

Dans ce numéro, on vous emmène rencontrer les ‘talibés’, les enfants des écoles coraniques. Des Associations, des gens de bonne volonté se fatiguent pour sortir ces enfants des mains de ceux qui les exploitent au nom de Dieu. Ils travaillent à contre-courant. Des Missionnaires d’Afri-que sub-sahariens viennent témoigner de l’amitié des chrétiens en Afrique du Nord. Et pourquoi parler du ‘polar’ africain sinon pour ouvrir notre esprit sur la richesse culturelle d’un continent si souvent négligé.

Toute la rédaction de Voix d’Afrique vous souhaite bonnes vacances et, surtout, n’oubliez pas d’aller au large.


P. Pierre Meynet
M.Afr.


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Photo au milieu de la revue

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Les yeux de la faim

Ils ne pleurent plus
n’ont plus de larme, plus de sourire
juste des yeux.
Ils n’ont plus que leurs yeux,
que leurs yeux pour nous parler.
Ils ne bougent plus, n’ont plus de jeux,
plus de rire
juste des yeux.
Ils n’ont plus que leurs yeux,
que leurs yeux pour nous parler.

Les enfants, les enfants qui nous regardent,
les enfants du destin, les enfants de la faim,
les enfants, les enfants qui nous regardent,
les enfants de demain, ils ont le droit
de vivre.
Ils n’ont plus que leurs yeux
qui regardent le vent qui tue.
Ils n’ont plus que leurs yeux
et des larmes de sable.
Les enfants, les enfants qui nous regardent,
les enfants du destin, les enfants de la faim,
les enfants, les enfants qui nous regardent,
les enfants de demain ils ont le droit de vivre,
le droit de vivre.

Ils ne chantent plus,
n‘ont plus de mots, plus de rêves,
juste des yeux.
Ils n’ont plus que leurs yeux,
que leurs yeux pour nous parler.
Ils ne vivent plus, n’ont plus d’espoir,
plus de temps
juste des yeux.
Ils n’ont plus que leurs yeux.
Ne fermons pas les yeux !

(Fondation Québec-Afrique)

Blog Enfants d’AfriqueYves Toubab

 

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