Voix d'Afrique N° 76
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"La Mission au Cœur de Dieu"

" Et Dieu ? est-ce qu'il est missionnaire ? " La question paraît stupide, mais elle venait d'un gamin de première année de catéchisme. Un missionnaire était venu leur parler de l'esprit missionnaire et la question exprimait une certaine logique, dans la ligne des explications.

Le missionnaire (c'est le signataire de ces lignes) fût pris de court. Mais la question restait posée. Et si Dieu était missionnaire ? Si l'on a l'image du missionnaire barbu sur une moto ou une bicyclette, bien sûr la réponse est négative. Et pourtant je n'arrive pas à résoudre le problème.

La mission ce n'est pas seulement l'aventure sous les tropiques, le casque colonial ou le chapeau de brousse et la caisse chapelle sous la tente. Ce n'est pas une entreprise de prosélytisme ou de propagande. On n'a pas le droit le se reposer lorsque les statistiques sont satisfaisantes.

La mission c'est d'abord un départ. Cela nous rappelle le grand départ qui eût lieu lorsque "le Verbe s'est fait chair ". C'est le geste fondamental qui survint à Nazareth lorsque Marie répondit " Qu'il me soit fait selon ta parole ", à la proposition de l'envoyé de Dieu.

Dieu est missionnaire, car Il est Amour, Il n'est qu'Amour et rien d'autre. Et si la démarche missionnaire est autre chose que cela, elle se réduit à une entreprise de propagande, à une campagne plus ou moins pacifique pour gagner des adhérents.

La mission, telle qu'elle est issue du cœur de Dieu, ne s'impose pas. Elle annonce, elle propose, elle témoigne, elle apprivoise pour susciter dans le cœur de l'homme une réponse d'amour libre. Elle n'est donc pas réservée à quelques uns. Elle est l'affaire de tous.

Dans la revue " Voix d'Afrique " nous n'avons qu'une ambition : retracer la vie des témoins de l'Evangile, pour que cet effort soit au cœur de la vie de tous.


Gérard Guirauden

Missionnaire d’Afrique,


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VOUS REAGISSEZ, NOUS REPONDONS


Dans le n° 74 de mars dernier, nous faisions un récit des débuts de la première caravane des missionnaires d'Afrique. Ce récit était basé sur des documents, diaires et rapports qui sont à notre disposition. Lavigerie insistait pour que ses missionnaires envoient des récits de leurs expériences.

Nous avons encore ces textes, qui ont servi de base à notre article. Mais Lavigerie et ses missionnaires avaient beaucoup de pudeur et n'auraient jamais osé afficher leurs sentiments personnels. Il n'est pas pour autant défendu d'essayer de se mettre dans la peau de Léon Livinhac, Siméon Lourdel, Ludovic Girault et leurs compagnons.

Tous les Missionnaires d'Afrique d'aujourd'hui se souviennent encore de leur première nomination, de leurs émotions, de leur joie lorsque la liste des nominations, établie à Rome, était proclamée par le Supérieur du Scolasticat. On aurait entendu une mouche voler dans la chapelle. " Père Untel, Mission du Mali… Père Untel, en Ouganda… ! " Comment décrire les explosions de joie, les embrassades, les félicitations à la fin de la cérémonie ? Pourra-t-on jamais décrire les sentiments profonds de Lavigerie qui entreprenait une aventure inouïe. Quels risques il prenait !

Une seule certitude l'animait : celle de sa vocation pour évangéliser les populations africaines. Mais il est permis d'imaginer son angoisse à voir ce groupe de jeunes missionnaires - ils avaient entre 27 et 35 ans - partir vers l'inconnu. Il les connaissait bien ; il les aimait comme un père, d'une affection très forte. Il aurait voulu partager avec eux cette épopée et il devait rester sur le rivage et les envoyer au loin, pour ne plus les revoir.

C'est cela que nous nous efforçons de décrire dans " Voix d'Afrique ", car la vocation missionnaire demeure la même : " Avance au large !... Passe la mer. "

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