De la ville, on
me crie : - Veilleur, où en est la nuit ? Quen
est-il de la nuit, veilleur ? Le veilleur dit : Le matin vient.
»
Dans la nuit de Pâques, les saintes femmes ont dû
écouter bien des fois cet appel. « Quand la nuit
va-t-elle finir que nous puissions aller au tombeau ? Et puis,
qui nous roulera la pierre ? » Elles attendent sans trop
le savoir laube de la délivrance, de la révélation
de la Vie. Elles attendent que leur Bien Aimé transforme
léchec du Calvaire en victoire.
Qui na jamais fait lexpérience de lattente
? Attente dun service, attente dun bien, attente
dune personne qui nous man-que ? Cest un moment
dépreuve pour la patience, un moment où
le temps semble sétirer.
Notre époque est bouleversée : les mentalités
changent rapidement, les points de repère semblent faire
défaut, on ne sait plus qui ou quoi suivre, lavenir,
lemploi, la sécurité de la vie, le logement
sont incertains ; nous avons le sentiment que lhumain
reste si fragile, si convoité et anéanti par dautres,
il ny a guère de place pour ceux qui se retournent
au passage dautrui. Il y a peu de place pour un amour
vrai.
Notre société cherche plutôt lassurance,
la sécurité. Place aux battants, à ceux
qui sont sûrs deux-mêmes, à ceux qui
simposent, à ceux qui dépassent les autres,
qui, sil le faut, font tomber dautres, ou les utilisent
à leur propre profit. Place aux
gagnants ! Et malheur à ceux qui nont pas trouvé
leur place dans la société, à ceux que
lon refoule aux frontières, aux sans-logis, aux
sans travail, à ceux qui sont à la rue,
Mais alors comment être veilleur ? Cest faire attention,
cest ouvrir tous nos sens, toute notre intelligence, tout
notre esprit, tout notre être. Il sagit de porter
un regard sur le moindre mouvement. Être veilleur cest
être veilleur dans nos sociétés et de nos
sociétés. Cest arriver à découvrir
autour de nous toute parcelle despérance !
Il faut se souvenir des paroles du Petit Prince, amoureux de
sa rose : « Les yeux sont aveugles...
Il faut chercher avec le cur... On ne voit bien
quavec le cur... Lessentiel est invisible
pour les yeux... »
Pierre Meynet avait écrit cet éditorial avant
sa mort
Merci
Pierre
Le Père Pierre Meynet était le directeur et rédacteur
en chef de votre Revue « Voix dAfrique » de
1993 à 1997 et plus récemment de 2008 jusquau
14 décembre 2014, jour où il est décédé
subitement à lhôpital St Joseph de Paris.
Il était dans sa soixante-treizième année.
Il avait déjà commencé ce numéro
dont l éditorial ci-dessus.
Aux pages 22 et 23 de ce numéro vous trouverez le récit
sa vie Missionnaire écrite par notre confrère
Charles Sarti. Nous rendons grâce à Dieu pour son
dévouement tout au long de sa vie missionnaire.
Merci Pierre. Restons en union de prières pour son repos
et pour sa famille et ses amis.
Merci Pierre au nom de tous les confères
Père Patrick Bataille
Responsable du Secteur France