Nous connaissons tous la rencontre de Dieu avec Moïse dans le buisson ardent, au désert (Ex. 3, 7). Après sêtre nommé, Dieu dit : « Jai vu la souffrance de mon peuple qui est en Égypte, et jai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses douleurs. » Puis vient la mission confiée à Moïse : « Va, je tenvoie auprès de Pharaon pour faire sortir dÉgypte mon peuple. » Le Dieu de la Bible sengage, il prend parti pour le pauvre, lopprimé, le souffrant, le lésé. Et pourtant, combien nombreux ceux qui limaginent lointain, impassible, indifférent, ou pire, auteur des catastrophes et malheurs qui frappent les hommes.
Lequel dentre nous ne sest pas surpris à dire : « Comment ai-je pu mériter cela ? Quai-je fait à Dieu pour quil menvoie cette épreuve ? » Combien daccidents, combien de malheurs, surtout sils sont mortels, sont aussitôt interprétés en termes de culpabilité et de responsabilité personnelle, ou bien comme accusations contre Dieu. Nous imaginons facilement que les catastrophes naturelles disent limpuissance de Dieu à faire le bonheur des hommes.
Dans cette interprétation populaire de laction de Dieu, Jésus ne peut reconnaître celui quil appelle son Père. Et toute la vie de Jésus le proclame : Dieu est patience, tendresse et pitié. Il ne veut pas la mort du pécheur, mais quil vive.
Jésus nous fait entendre des paroles graves sur lurgence de la conversion, en réponse à léternelle question que nous pose la mort soudaine et absurde des victimes de catastrophes naturelles ou des violences humaines. Mais « la conversion » nest pas dabord morale (passer du mal au bien) ; elle a un sens relationnel (passer du moi à Dieu). Loriginalité de la conversion chrétienne réside précisément dans le fait que, dans un certain sens, Dieu a été le premier à se « convertir » à nous. Cest à nous quil revient de faire place à Dieu qui veut entrer dans notre vie. « En ceci consiste lamour de Dieu : Ce nest pas nous qui nous avons aimé Dieu, mais cest lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils pour nous sauver du péché. »1 Jn 4, 10
Ce numéro de Voix dAfrique nous invite encore à entendre la misère du peuple qui souffre, qui nest pas reconnu, pas respecté. Cela vaut pour la condition des paysans qui triment pour gagner leur pain, pour les migrants si méprisés ou les jeunes qui se laissent prendre par les promesses de rabatteurs sans scrupules.
Ne fermons pas notre cur, laissons-nous toucher par ces cris.
Pierre Meynet
M. Afr.
Je crois en lhomme
Je crois en lhomme, Seigneur,
car, toi, le premier,
tu crois en celui que tu as créé...
Tu prends le risque nécessaire de sa liberté,
car, pour toi,
il nest point damour sans liberté.
Je crois en lhomme, Seigneur,
au-delà de ce que je peux voir,
car, toi, le premier, tu portes le regard
sur la grandeur possible,
la générosité possible,
la réconciliation possible...
Et voilà, Seigneur, quen cette confiance
bouleversante que tu me fais,
je te découvre humble et pauvre .
Pauvre, tu es tout et tu nas rien.
En ta respiration essentielle,
lamour circule éternellement.
Tout va du Père au Fils et du Fils au Père
dans un jaillissement de lEsprit.
Abîme insondable
que tu communiques avec grâce.
Tu es tout don, pour lhomme si grand
et si petit que je suis.
Dieu humble encore
qui te mets à genoux devant moi
avec le plus grand respect,
pour que mon amour,
aussi blessé et misérable soit-il,
vienne répondre à ton Amour.
Seigneur,
fais-moi humble et pauvre à ton image,
pour que je croie en lhomme
et rencontre en chacune et chacun
Ta Présence.
AmenPrière de Maurice Zundel