Mgr Pierre Duprey (2ème à gauche) avec Jean Paul II, le cardinal E. Cassidy et le P.Frans Bouwen (Père Blanc) |
Monseigneur Pierre Duprey,
né dans le Nord en 1922, a fait son serment de missionnaire
et a été ordonné prêtre à Carthage en 1950. Après des études à l'Institut Oriental à Rome, il enseigne àJérusalem, passe plusieurs années à Athènes. En 1963, Jean XXIII l'appelle à Rome au Secrétariat pour l'Unité. Il participe très activement au Concile du Vatican. Il devient Secrétaire pour l'Unité en 1983. Il est ordonné évêque en 1990. Toute sa vie a été dédiée à l'cuménisme. |
Lorsqu'il arrive en Afrique,
le visiteur ou le jeune missionnaire est frappé de plein fouet
par la multiplicité des églises ; dispersées dans les banlieues des villes ou regroupées le long de larges avenues, différentes en dimension et en style, elles affichent les différences : Eglises anglicane, presbytérienne, luthérienne, baptiste, méthodiste, adventiste ont donné naissance à une foison de jeunes églises africaines qui ont parfois l'allure de sectes. On l'a souvent remarqué, l'Africain est spontanément religieux, et les missionnaires de toutes confessions ont fait un immense travail d'évangélisation. Malheureusement, l'esprit de compétition et de jalousie, les tensions règnent dans beaucoup de cas. L'cuménisme commence à influencer les discussions, les débats, surtout entre les responsables de communautés ; des actions communes sont entreprises, des célébrations de prière sont organisées. C'est l'esprit de Vatican II qui fait son chemin. L'cuménisme est une des grandes priorités des Missionnaires d'Afrique (Pères Blancs) : Monseigneur Pierre Duprey a écrit ces lignes pour " Voix d'Afrique ". |
Le mouvement cuménique
moderne a commencé concrètement à la prise de conscience,
dans les milieux missionnaires protestants, du scandale qu'il y avait
à annoncer Jésus Christ en étant divisés :
les missionnaires annonçaient que Dieu avait envoyé son
Fils dans le monde pour le sauver et réconcilier les enfants de
Dieu qui étaient dispersés : et, de fait, on se trouvait
devant une situation de division, sinon d'opposition, les uns avec les
autres.
Conversion cuménique pour la conversion du monde Il y a une contradiction dans les termes :
"chrétien / divisés". "Croire au Christ
signifie vouloir l'unité, vouloir l'unité signifie vouloir
l'Eglise ; vouloir l'Eglise signifie : vouloir la communion de grâce
qui correspond au dessein du Père de toute éternité.
Tel est le sens de la prière du Christ : Ut unum sint - Qu'ils
soient un" (Jean Paul II, Encyclique ut unum sint n°9). Pour les droits de l'homme "Il s'agit de reconnaître les autres comme frères, justifiés par la foi ; dans le baptême, ils sont incorporés au Christ et ont, à bon droit, l'honneur de porter le nom de chrétiens, et sont reconnus avec raison comme frères dans le Christ par les fils de l'Eglise catholique". (ibid. N°13) Reconnaître tout cela répond
à une exigence de vérité : "Il faut passer
d'une position d'antagonisme et de conflit à une position où
l'un et l'autre se reconnaissent mutuellement comme partenaires".
(ibid. N° 29)
Unité d'action, unité de foi "La collaboration fondée sur la foi commune est riche de communion fraternelle, mais elle est aussi une épiphanie - une révélation - du Christ lui-même. En outre la collaboration cuménique est une véritable école d'cuménisme, c'est une voie dynamique dans le sens de l'unité. L'unité d'action mène à la pleine unité de la foi". (ibid.N°40) "Il arrive de plus en plus souvent que les responsables des communautés chrétiennes prennent position ensemble, au nom du Christ, sur des problèmes importants qui touchent la vocation humaine, la liberté, la justice, la paix, l'avenir du monde. Ce faisant, ils agissent en commun pour une des fonctions constitutives de la mission chrétienne : rappeler à la société, d'une manière réaliste, la volonté de Dieu, mettant en garde les autorités et les citoyens, afin qu'ils ne s'engagent pas dans la voie qui conduirait à piétiner les droits humains. Il est clair, et l'expérience le prouve, que dans certaines circonstances la voix commune des chrétiens a plus d'influence qu'une voix isolée. Les responsables des communautés ne sont pas cependant les seuls à s'unir dans cet engagement en faveur de l'unité. Au nom de leur foi, de nombreux chrétiens de toutes les Communautés participent ensemble à des projets courageux qui se proposent de changer le monde en vue de faire triompher le respect des droits et des besoins de tous, spécialement des pauvres, des humiliés et de ceux qui sont sans défense". (ibid. n° 43) Dans l'Encyclique Sollicitudo rei socialis, le Pape a pris acte avec joie de cette collaboration en soulignant que l'Eglise Catholique ne peut pas s'y soustraire. L'exigence de ce témoignage commun peut aller jusqu'au martyre. La visite de Paul VI au sanctuaire anglican et catholique des martyrs ougandais en témoignait. Durant le Jubilé, la bouleversante célébration au Colisée de Rome pour rendre hommage aux témoins de la foi du XX° siècle appartenant aux différentes Eglises et Communautés ecclésiales a été un point fort de la reprise de conscience de ce que signifie "être chrétien" et "être chrétien en commun". Jubilé 2000, la Mission et l'cuménisme La priorité pour l'Eglise de l'engagement
cuménique a été soulignée dès
son ouverture et tout au cours de cette année jubilaire. On ne saurait minimiser l'importance de ces retrouvailles entre chrétiens pour réaffirmer leur foi baptismale, leur désir de réparer ce qui, dans la vie de l'Eglise du passé, ou du présent, n'est pas conforme aux exigences de cette foi. Eucharistie commune Etre réunis pour rendre gloire à Dieu du don reçu, de la mission qui nous est confiée, pour affirmer la volonté d'y être fidèle avec une générosité renouvelée, n'est-ce pas un aspect essentiel de la vie de l'Eglise ? N'est-ce pas une anticipation de l'Eucharistie commune qu'on doit offrir au Père ? De l'Action de grâce que partout, toujours et en tout, elle doit faire monter vers lui ? Mgr. Pierre
DUPREY, |
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