Voix d'Afrique N°65...........

Quand l'humour est de règle


La messe de minuit à Seghenegha, au Burkina Faso. L'assemblée est composée de Mosi de Samo et d'autres tribus. Le catéchiste animateur de la célébration est un Mosi. Il prend la parole après la bénédiction finale pour indiquer à tous les chrétiens venus de loin les familles et les maisons où ils pourront passer prendre leur repas et passer la nuit . "tel village chez un tel, tel autre chez un tel." et il termine : "Pour ce qui est des Samo, ils trouveront du foin et de la paille à la sortie de l'église." Eclat de rire général !

C'est la coutume de la "parenté à plaisanterie", "dakiré" en langue moré.. Les Mosi et les Samo sont deux ethnies différentes par leur culture et leur passé ; dans leurs relations, il y a toujours un danger de conflits qui risquent de dégénérer. Le "dakiré" permet de prévenir les conflits en relativisant les différences. Il vaut mieux en rire !

Lors de l'intronisation du Mogho Naaba, l'empereur des Mosi, une procession d'offrande s'avance vers lui : les gens apportent des vaches, des chèvres, des brebis. Dans le cortège, arrive un Samo qui tient dans sa main une corde, et au bout de la corde… une grenouille ! un autre traîne … une corne de vache ! Et c'est l'éclat de rire.

A la fin des funérailles d'un prêtre Mosi, un chrétien s'avance près du micro et se met à faire un sermon qui imite la façon de parler du défunt, ses tics, ses intonations ; tout le monde le reconnaît et l'humour permet de vivre sereinement ce temps de deuil.

Un autre exemple : lors de la consécration d'un évêque, un "évêque" imprévu se joint à la procession, en chasuble, mitre et crosse ; c'est une femme : elle empêche qu'on se prenne trop au sérieux.

Joseph Folliet ajoutait une nouvelle béatitude à l'évangile : "Heureux ceux qui savent rire d'eux-mêmes, ils n'ont pas fini de s'amuser !" Savoir rire sans méchanceté, savoir se laisser taquiner sans perdre cœur, quelle sagesse !