Voix d'Afrique N°80.....

La Communauté Chrétienne
des Africains à Paris

Qui sont les chrétiens africains de Paris ?
Très présents aux messes du dimanche, les Africains le sont peut-être moins dans la vie quotidienne des paroisses. Qui sont-ils et que recherchent-ils ?

Laissons-les se présenter.

"Je m’appelle Marie-Jo, du Burkina Faso ! », « Moi, c’est Urbain, du Togo ! Damien, du Bénin ! Nicolas, de la République Démocratique du Congo !... » Ce samedi 5 avril, la chaleur qui règne à la Communauté chrétienne des Africains (CCDA), au 46 rue de Romainville (19è), pourrait faire ressusciter un mort. Franches poignées de main, chapelet de prénoms et de pays qui s’égrènent…, l’hôte est accueilli comme s’il était unique.

Ambiance de fête
L’église Notre Dame de Fatima où la Communauté se rassembleTous les premiers samedis du mois, ces chrétiens africains se réunissent en conseil pastoral avec leur aumônier, le P. Louis Vernhet (Père Blanc). Ils évaluent les activités écoulées et programment celles à venir : pèlerinages, rassemblements, journée mariale, prière, rencontres… Depuis quelques mois, ils préparent la venue du Cardinal André Vingt-Trois prévue le dimanche 20 avril. La réunion du conseil pastoral est suivie d’un repas, non moins essentiel. Ce 5 avril, plusieurs femmes s’affairent à la cuisine - certaines depuis 7 heures du matin - pour cuisiner salades et « méli-mélo de crevettes aux champignons noirs » ; d’autres personnes discutent au bar. Damien, alias « Ted Martin », en profite pour présenter son dernier album de musique intitulé « Love we need ». Puis on se met à table dans un joyeux brouhaha. La journée se terminera en fin d’après-midi. Même chose lorsque la messe dominicale est célébrée à la communauté : la fête se prolonge tout l’après-midi, animée par l’une des nombreuses chorales de la communauté.

Écoute
La Communauté n’est pas pour les vieux, seulement !Les Africains aiment ces retrouvailles. La communauté chrétienne des Africains a été créée en 1969 pour une population parfois mal intégrée en paroisse, qui éprouvait le besoin de se retrouver. La communauté n’est pas une paroisse : la messe y est célébrée seulement deux dimanches par mois. Mais chaque fois que cela est possible, les chrétiens africains prient et célèbrent l’Eucharistie ensemble. Céline explique : « Dans les paroisses, les gens aiment prier en silence ; en ce qui me concerne, je prie mieux avec mon corps, avec de la musique, avec du rythme. Je vis ainsi avec les autres chrétiens d’Afrique une véritable communion dans la prière et dans la foi. » Laurence, paroissienne de Ste Colette (19e) n’a pas la langue dans sa poche lorsqu’elle décrit les messes en paroisse. « Quand le prêtre dit “Allez dans la paix du Christ”, on entend vaguement quelque chose dans un coin… Les fidèles sont-ils dans leurs pensées ? Et surtout, ils aiment que la messe ne dure pas plus d’une heure ! » Mais, pour elle, ces différences ne sont finalement que culturelles. « Les Africains n’ont pas le monopole du cœur, souligne-t-elle. Nous ne vivons simplement pas notre foi de la même manière. »

Chorales africaines
Comment concilier vie en pa-roisse et vie en communauté ? « Il n’y a pas d’opposition entre les deux », constate Nicolas. Certains, en effet, ont pu trouver une place dans leur paroisse après avoir pris confiance en eux, ici au 46 rue de Romainville. « Prenez l’exemple des chorales africaines, dit-il. Elles sont toutes nées ici, puis elles se sont insérées dans les paroisses. » Les Africains sont également investis dans leur paroisse ou ailleurs. Nicolas, à qui la communauté a très vite confié des responsabilités, était membre du conseil pastoral de N.-D. des Otages, dans le 20e. Laurence était engagée dans l’association « Un toit pour tous ».

Quel rôle dans les paroisses ?
Vivre la convivialité dans la prière, oui, mais aussi... dans un bon repasCela dit, les curés constatent que les Africains regrettent que trop peu d’Africains soient présents dans la vie des paroisses. Que faudrait-il faire ? « Inno-ver, prendre en compte notre culture, répond Laurence. Mais si je veux du tam-tam et des danses pour les messes, cela risque de gêner. » Pourtant, fait-elle remarquer, les grands rassemblements comme les JMJ sont très festifs.

Beaucoup ne comptent pas le temps qu’ils y passent. « On aime l’ambiance ; on a du mal à retrouver la même convivialité ailleurs », regrette Nicolas. « Dans notre souffrance de vivre à l’étranger, nous aimons retrouver la chaleur de chez nous », confie Urbain. On ira donc à une messe de profession de foi dans une paroisse, puis on viendra ensuite faire la fête ici au 46 rue de Romainville… Pour Céline, de Saint-Ouen, c’est la relation aux autres qui est tout à fait particulière au 46 rue de Romainville : « L’écoute y est très importante : la personne se saura toujours entendue, même si elle n’obtient pas de réponse. » Corps, musique, rythme. Les jeunes chantent, dansent. Pourquoi ne retrouve-t-on pas cela le dimanche ? « Cela dit, parfois, les curés repèrent vite ceux qui sont à même de mettre de la chaleur dans les célébrations. Et ce sont des Africains. Urbain a ainsi été embauché « à l’animation » des messes de St-Bernard de la Chapelle (18e), un mois après son arrivée en France, en 1987. «  Mon bonheur de vivre en France vient de là », confie-t-il. Une découverte mutuelle dans la confiance est sans doute nécessaire de part et d’autre, en tenant compte de l’expression de la foi de chacun.


Texte repris
de Paris Notre Dame

Voir aussi
* La communauté de la CCDA

* La Communauté Chrétienne des Africains dit "au revoir" au P. Louis Vernhet, M.Afr. (Paris)

Le Cardinal André Vingt-Trois a rencontré ce 20 avril 2008 La Communauté Chrétienne des Africains Paris 19è

La Communauté chrétienne des Africains s'apprête à accueillir le Cardinal André Vingt-Trois, dimanche 20 avril 2008 ,

 


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