Le Père Bernard AWAZI est originaire du Congo.
Né au Kivu en 1962,
il est missionnaire au Burkina Faso.
Nous présentons les différences étapes de sa vie missionnaire.
Timamudilo ! Cur de feu !
Le grand père a donné ce nom au bébé pour assurer la continuité avec les ancêtres et transmettre au petit d'homme leur courage et leur sens de la liberté. Se doutait-il de l'incendie qu'il avait déclenché ?
Son père est musulman, la religion des premiers colonisateurs, les arabes venus de la côte pour le commerce de l'ivoire et des esclaves. Du côté de sa mère, c'est la religion traditionnelle : le grand père est prêtre traditionnel, intermédiaire entre les ancêtres, les forces cachées et la famille des vivants : il intervient lors des naissances, des funérailles, des mariages, mais aussi à l'occasion des chasses dans la forêt, les cultures et toutes les activités du village.
Timamudilo
doit partir pour la forêt à l'âge de sept ans : première
initiation, première vraie rencontre avec la souffrance qu'il doit assumer
avec courage, comme un grand, c'est la circoncision qu'il doit subir avec ses
compagnons d'âge, les yeux bandés, devant tous mâles du village,
témoins de ses premiers pas de petit homme ; pour la première
fois, ses parents et sa famille sont fiers de lui et lui font fête. Désormais
il appartient à sa famille : ce sentiment d'appartenance à une
communauté ne le quittera plus.
Deux ans après, il est envoyé chez son oncle qui travaille dans
les mines de Kalima pour aller à l'école. Après le premier
passage de l'enfance à la vie adulte, c'est le deuxième passage,
de la brousse à la ville. "Tu vas aller au catéchisme, tu
seras baptisé et deviendra chrétien. - Pourquoi ? Je me trouve
très bien comme je suis ! - Toute ma famille est chrétienne ;
il n'est pas question que tu reste païen - Mais
- Pas de "mais"
; si tu veux manger ici, fais comme je te dis : va au catéchisme !"
L'argument était convainquant !
Il ira donc au catéchisme ; bien souvent ce sera le "catéchisme buissonnier" ! Mais petit à petit il se laisse apprivoiser ; les pères sont très gentils et ils ont une façon de parler de Jésus, de Dieu, de l'amour qui fascine le jeune broussard ; il a quatorze ans lorsqu' il est baptisé.
Suit le collège ; une idée commence à germer dans un groupe de jeunes chrétiens où l'on discutait de l'Evangile, de la vie chrétienne, de la vocation : et si, moi aussi, je devenais comme le père ? Il demande à essayer ; il est l'un des premiers à faire l'expérience ; il suit dans son village le deuxième stage d'initiation, la sortie de l'adolescence pour entrer dans la vie adulte ; il appartient vraiment à la tribu des bangu-bangu, sous-groupe des luba. Puis il entre au séminaire de philosophie, à La Ruzizi, sur les bords du lac Kivu ; la philo l'intéresse vivement et son professeur le pousse a étudier profondément ses racines, sa culture luba. Il hésite encore entre le clergé diocésain et la vie missionnaire, mais décide de continuer l'expérience.
Nouvelle
étape : l'année spirituelle ; il ira la faire en Zambie, à
Kasama. A La Ruzizi, il vivait avec des voisins, congolais, burundais ou rwandais.
Il faut maintenant se mettre à l'anglais, vivre avec des Ougandais, des
Tanzaniens, des Zambiens
Pas facile ! Son compagnon, le Père André
Simonart, l'aide dans son cheminement spirituel, la compréhension de
l'anglais. Toutes les peurs sont tombées : il est " missionnaire
d'Afrique " et c'est toute l'Afrique qui devient sa communauté.
Il va faire son stage au Ghana, à l'autre bout de l'Afrique, chez les
cousins des Haoussas nigérians : pendant deux ans, c'est la rencontre
avec le monde musulman ; il s'initie à la langue locale et noue avec
eux des relations d'amitié.
Il est nommé à Londres pour ses études de théologie
: ce n'est pas un choc, mais des chocs ! Le froid, les journées très
courtes d'hiver, le bruit, la circulation, le temps rigoureusement minuté,
les petits chiens de compagnie tenus en laisse sur les trottoirs, le métro
et les passages cloutés ! Pendant trois ans il réfléchit
et partage avec les étudiants missionnaires qui viennent de tous les
coins de la planète : la perspective de son Kivu natal, du Ghana et de
l'Afrique ne le quitte pas : ordonné prêtre en 1994, il voudrait
bien repartir pour le Ghana, mais c'est au Niger qu'il est envoyé.
Dongoudoutchi : c'est la mission, dans un milieu Haoussa musulman, le petit troupeau chrétien éparpillés dans un grand territoire, des familles isolées jusqu'à 70 Km. L'administration de la paroisse laisse beaucoup de temps pour les visites ; les missionnaires participent à tous les événements : deuils et naissances, mariages et festivités musulmanes ; l'Islam est très tolérant ; des cours d'alphabétisation pour adultes sont organisés ainsi que des lieux de partage pour la promotion de la femme ; les missionnaires font vraiment partie de la vie de la communauté.
IIl
ne sera pas dit que le périple de Bernard est arrivé à
sa fin ; la nouvelle étape est à Rome : c'est loin du Niger et
du Congo, mais c'est proche du cur de l'Eglise. Il étudie les théologie
morale pour être mieux équipé pour partager avec d'autres
son expérience déjà si riche : des forêts du Kivu,
des mines de Kalima, au Sahel Nigérien, en passant par les études
en Angleterre et la rencontre du Ghana, il a rencontré des hommes et
des femmes de beaucoup de tribus : la liste commencée dans les Actes
des Apôtres, au jour de la Pentecôte, " Parthes, Mèdes
et Elamites, habitants de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de
Phrygie et de Pamphylie
" Congolais et Ghanéens, Haoussa et
habitants du Niger, " nous entendons dans nos langues les merveilles de
Dieu " (Actes des Apôtres, ch.2- v.9-11)
Voix
d'Afrique
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