Missionnaires d'Afrique
France

Stanley Lubungo M.Afr (dit San) est étudiant à l’Institut Catholique de Paris,
il se dit “content à Paris” !

En 2011, le Conseil Général m’a demandé de poursuivre les études jusqu’au doctorat en théologie. Ayant fait une escale à Rome pour mon Masters, j’ai choisi de revenir en France en septembre 2012 pour clore ma formation théologique dans le pays même où j’avais effectué mes premiers pas dans les sciences sacrées. En effet, j’avais auparavant fait le premier cycle de théologie à l’Institut Catholique de Toulouse.

Je suis revenu en France en septembre 2012, en provenance d’Abidjan où j’ai vécu pendant sept ans dans notre maison de formation. Cette fois, c’est à l’Institut Catholique de Paris que je suis inscrit. Je réside dans notre communauté de la Rue Friant. Les études constituent mon activité principale et prioritaire. Je suis dans ma deuxième année de thèse après une première année où j’ai suivi des séminaires méthodologiques tout en rédigeant mon projet de thèse.

Mon sujet de recherche s’intéresse aux conséquences en ecclésiologie, de l’appel à l’engagement pour la réconciliation, la justice et la paix que les évêques africains ont lancé lors de la dernière assemblée spéciale du synode des évêques pour l’Afrique.

Aux études d’abord !
Je suis content d’être à Paris, ville que j’espère découvrir encore davantage avant la fin de mes études. Je trouve que l’Institut Catholique de Paris offre un bon cadre de travail, d’abord pour sa quiétude, pour les outils et le dispositif mis à la disposition des étudiants pour accompagner leur travail. Ensuite, l’Afrique y est bien présente par les nombreux étudiants et chercheurs originaires du continent, mais aussi au niveau de l’enseignement spécialisé. Il est intéressant de noter par exemple que pour répondre à l’exhortation apostolique post-synodale sur l’Église en Afrique du pape Benoît XVI, l’Institut Catholique de Paris a créé des bourses annuelles d’excellence « Africae munus » destinées à aider des prêtres appartenant aux Églises d’Afrique, désireux d’entreprendre une thèse de doctorat.

Dans cette ligne, au premier semestre de cette année académique l’Institut a organisé un séminaire « Africae munus » pour réfléchir avec des intervenants et spécialistes, africains et non africains aux enjeux des travaux de thèses pour le service des Églises d’Afrique dans l’esprit de l’exhortation post synodale Africae munus. On ne se sent pas dépaysé ! Je rencontre dans des colloques et autres séminaires des théologiens africains que j’ai rencontrés dans des circonstances similaires en Afrique.

Un coup de main à l’animation missionnaire…

Les études sont la priorité de ma vie en France. Toutefois, dans la mesure du possible je partage la vie des Missionnaires d’Afrique de notre secteur. Dès mon arrivée, à la demande du responsable du secteur, je donne, avec le Père Sylvain Yaméogo, un coup de main à l’animation missionnaire et vocationnelle sur la région parisienne. Dans ce domaine nous nous sommes associés au travail que font nos Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique. Pour le peu que nous y apportons (étant donné que nous sommes aux études) nous faisons l’expérience d’une bonne collaboration.


Une animation chez les SMNDA de Gay-Lussac à Paris

Pour nos deux instituts missionnaires nous avons planifié trois weekends vocationnels sur des thèmes propres à notre vocation missionnaire : « Partir, une condition pour trouver son chemin ? » était pour le premier weekend qui à eu lieu les 14 et 15 décembre 2013, « Le dialogue islamo-chrétien, un moyen pour approfondir sa foi ? » pour le deuxième weekend qui s’est tenu les 15 et 16 février 2014 et au cours duquel le Père Gérard Demeerseman a donné un témoignage comme l’ont fait également quelques sœurs blanches qui ont vécu en pays musulmans. Notre dernier weekend est prévu pour les 5 et 6 avril 2014. Il portera sur « La vie communautaire interculturelle ».

Depuis l’année passée Sylvain et moi avons intégré un groupe composé de membres d’instituts missionnaires : SMNDA, Sœurs Spiritaines, Spiritains, Oblats de Marie et l’une ou l’autre fois, Jésuites et Sœurs Ursulines. Avec ce groupe dont les membres sont engagés dans l’animation missionnaire et vocationnelle pour leurs instituts nous proposons à des jeunes étudiants et professionnels chaque premier vendredi du mois, un temps de prière missionnaire sur un pays où nos instituts font du travail missionnaire. Ce temps de prière au rythme du monde est en même temps un moment de faire découvrir à quelques jeunes les différents charismes de nos instituts.

Ceux qui viennent souvent sont des jeunes qui ont le désir de partir à l’étranger pour partager l’expérience missionnaire de nos communautés. Nous prenons du temps avec eux avant leur départ pour les préparer un peu à aller à la rencontre d’autres peuples et à leur retour pour les aider à relire et intégrer leur expérience. L’année dernière, une des nos communautés de Ouagadougou a accueilli pendant deux mois un jeune français qui est parti faire un stage dans un projet de Sœurs Blanches, à Delwende.

Sylvain et moi-même avons, l’année passée et cette année, représenté les Missionnaires d’Afrique à la rencontre annuelle organisée à Paris par le Service National des Vocations et de la Pastorale de Jeunes de la Conférence Épiscopal des Évêques de France. Cela nous a donné l’occasion de rencontrer des membres d’autres instituts et congrégations et de les entendre partager leurs espoirs, leurs peines et consolations au sujet de vocations à la vie consacrée en France et en Europe. Ces rencontres nous ont également permis de voir le courage et la détermination de l’Église de France à relever le défi des vocations en général.

Et à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis

Au moment où j’arrivais à Paris, le Père Yves Masquelier terminait son service en tant qu’aumônier à la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Il m’a demandé si pour changer un peu de mes études j’accepterais de célébrer de temps en temps l’Eucharistie à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. « Prends le temps de réfléchir, tu viens à peine d’arriver » me disait-il.

Mais il parlait sans savoir que depuis onze ans, avant d’arriver en France, j’entendais régulièrement parler de la maison d’arrêt de Fleury par une religieuse qui y a travaillé onze ans ; religieuse que j’avais connue comme jeune étudiante à Toulouse. C’était aussi sans savoir que durant mes derniers quatre ans à Abidjan j’allais également à la plus grande maison d’arrêt de la Côte d’Ivoire.


Avec un groupe d'animateurs à la sortir de la messe
à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.

Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour prendre ma décision. C’est ainsi que, depuis octobre 2012, je vais un dimanche par mois célébrer l’Eucharistie avec les détenus. C’est un rendez-vous extraordinaire qui me permet, bien que de façon très modeste, de garder contact avec une réalité pastorale de l’Église de France. J’y rencontre des détenus originaires d’un peu partout dans le monde ainsi que des chrétiens, souvent des jeunes qui, au nom de leur foi, vont à la rencontre du Christ dans le frère ou la sœur en prison. Cela m’aide vraiment à sortir un peu de l’univers des livres et de la réflexion.

Stan Lubungo