La Société des Missionnaires d'Afrique - Pères Blancs


Gérard Chabanon

Au service de l’espérance

Évangéliser, c’est redonner espoir à toutes ces personnes qui n’en n’ont plus. Mais cette espérance ne doit pas être théorique, un rêve, mais bien des pas concrets offerts à tous ceux qui en ont besoin. Les communautés chrétiennes et l’Église universelle en ont les moyens.

Les missions en Afrique, en Asie, en Amérique Latine et en Océanie en sont de très beaux exemples. Là, selon les besoins, on a su créer et organiser des réponses sociales, économiques et pastorales. Encore faut-il que ces Églises se mettent à l’écoute de ceux qui souffrent et qu’avec eux elles se mettent à la recherche de solutions adaptées. Nous sommes souvent bloqués par des questions financières et matérielles parce que nous avons en tête des modèles prestigieux. L’espérance des personnes passe d’abord par un contact humain, une rencontre, un sourire, avant de s’extérioriser dans des structures.

Les bénédictions en Afrique
En Afrique, on nous demande souvent des bénédictions. Bénir ce qui est bon et reconnaître et accueillir les bénédictions de Dieu, voilà un chemin biblique par excellence. Alors que les défis sont nombreux, que la violence est rampante, il est important de pointer le doigt sur ce qui est bon et de demander la bénédiction de Dieu. Par contre, il ne faut pas hésiter à dénoncer les idoles qui éloignent l’homme de sa destinée.

Clairement, l’inculturation a besoin de passer par ce crible car tout n’est pas bon dans une culture. Une foi qui s’inculture ne peut faire l’économie de l’éthique. Les deux doivent marcher ensemble. Dans ce service de l’espérance, la réconciliation et le pardon ont des places de choix. Ce double processus fait naître des choses nouvelles et, en particulier, des relations humaines et spirituelles nouvelles.

Viser surtout la transformation
en profondeur de chacun

Là où le péché avait pris le dessus et paralysait les relations, la réconciliation puis le pardon ont fait éclater cet enfermement mortifère. Bien sûr que pour arriver au pardon, il faut accomplir un long travail de vérité et donner aux personnes concernées le temps et les moyens d’assumer le passé. Avant de se projeter dans un avenir réconcilié, il est nécessaire de prendre en charge les conséquences du péché.

En Asie, après avoir suivi pendant longtemps une approche occidentale, on se tourne de plus en plus vers la sagesse asiatique. Le mystère chrétien est revu, relu à partir des catégories traditionnelles de la sagesse. Une “Voie” est proposée, celle de l’intériorisation, de l’éveil spirituel et la transformation de soi. “En Asie du Nord-est, l’étudiant qui reçoit une formation influencée par la pensée taoïste, confucéenne et bouddhiste, cherche, consciemment ou inconsciemment, à être éclairé sur le Tao, la Voie de Jésus révélée dans le cœur, sur l’essence du soi, de la communauté humaine et chrétienne.”1 On vise donc surtout à la transformation en profondeur de chacun.

Gérard Chabanon

1 William R. Burrows, Missio ad et inter gentes, implications pour la formation, Spiritus, N° 190, mars 2008, p. 32.

 



Missionaries of Africa - White Fathers

Gérard Chabanon

At the service of Hope

To evangelise, is to give back hope to those who do not have it any more. However, this hope is not something theoretical or a dream but a concrete step offered to all those who need it. Christian communities and the universal Church have the means to offer hope.

The missions in Africa, Asia, Latin America and Oceania show us some to the best examples of this. In these places, according to the circumstances, we have seen social, economic and pastoral responses being created and organised. The Churches still need to listen to those who are suffering and look for appropriate solutions with them. Financial and material questions often block us, because we imagine solutions that are too sophisticated. Hope for people begin with personal contact, an encounter, a smile before things begin to take the form of structures.

Blessings in Africa
In Africa, we are often asked for blessings. Bless what is good and recognize and welcome God’s blessings, is a biblical way par excellence. While the challenges are great and violence is rampant, it is important to put the finger on what is good and ask for God’s blessing. On the other hand, we should not hesitate to denounce the idols that separate humankind from its destiny.

Clearly, not everything is good in a culture and we have to sift the good from the bad. An acculturated faith cannot ignore what is ethical. The two go together. In this service of Hope, reconciliation and pardon are very important. This double process gives birth to something new, particularly in new human and spiritual relationships.

To aim at the deep transformation of each one
Where sin has the upper hand and is paralysing relationships, only reconciliation and pardon can destroy this deadly tyranny. Obviously to get to the stage of pardon, there is a great deal of work to be done. People need the time and the means to face the truth and to recognise the past. Before looking for a reconciled future, it is necessary to take on board the consequences of sin.

In Asia, having followed a western approach for a long time, one is now beginning to turn more and more to the wisdom of the East. One revises and rereads the Christian mystery in the context of the traditional categories of Wisdom. A “Way” is proposed, that of interiority, of a spiritual awakening and transformation of self. “In North-East Asia, the student receiving a formation influenced by Taoism, Confucianism and Buddhism seeks consciously or unconsciously to be enlightened on the Tao (the Way) of Jesus revealed in the heart, in the essence of self, in the human and Christian community.”1 The aim is therefore the deep transformation of each one.

Gérard Chabanon

1 William R. Burrows, Missio ad et inter gentes, implications pour la formation, Spiritus, N° 190, mars 2008, p. 32.