NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Albert Masyn

1916 - - 2005

Les parents d'Albrecht (Albert) habitaient à Coupure, un quartier populaire, de la banlieue de Bruges, la Venise du Nord (Belgique). Albrecht y naît le 8 septembre 1916. Petite maison, grande famille : ses parents sont dans le sens plein du mot de braves gens. Le papa, brodeur de drapeaux et de chasubles, est un de ces artisans consciencieux qui ont la fierté de leur art. Sa mère, malgré une constitution plutôt maladive et les difficultés de la deuxième guerre mondiale (1939-45) réussit avec son mari à éduquer et nourrir toute cette petite famille. Ce n'est pas une sinécure à cette époque. Plus tard bien quand des Pères Blancs viennent visiter la maman à leur retour d'Afrique pour lui parler d'Albert, ils sont toujours accueillis chaleureusement dans la petite maison familiale. C'est dans ce milieu qu'Albert grandit.

Il fréquente ensuite le collège Saint-Louis, une pépinière de Missionnaires d'Afrique. Après son admission chez les Pères Blancs, il va étudier la philosophie à Boechout. Il fait son noviciat à Varsenare et la théologie à Heverlee. Il s'engage définitivement au service de la mission d'Afrique par le Serment, le 5 avril 1942, et il est ordonné prêtre à Heverlee le 26 avril 1943. Rien de spécial ne ressort des notes qui accompagnent normalement les étudiants dans leur formation, sinon qu'on y signale qu'Albert a un caractère calme, joyeux et doux.

À cause de la guerre qui faisait rage en Europe l'année de son ordination, le jeune missionnaire ne peut pas partir pour l'Afrique et il est nommé professeur au collège Saint-Amand à Courtrai. Il est bon professeur et tout le monde semble content de lui même si parfois, dit-on, il prenait à la rigolade certaines choses que d'autres jugeaient sérieuses et qu'il a ainsi quelque difficulté dans ses relations avec ses collègues de travail.

En 1945, il prend le bateau pour le Congo. En octobre, après l'apprentissage de la langue, il commence son travail au Katanga. Il y restera 45 ans. Il travaille peu de temps dans la pastorale paroissiale et est appelé à se dévouer pratiquement toute sa vie dans la pastorale scolaire. Il était spécialement doué pour ce travail.

Lors de son premier congé en Belgique, il en profite pour faire des études de régent (professeur au secondaire) à Anvers. Il se prépare ainsi à servir partout où on pourra l'appeler. Dès son retour en 1952, différentes tâches l'attendent, toujours dans l'enseignement : professeur à l'institut Saint-Henri de Kasongo, directeur de l'Ecole d'apprentissage pédagogique à Sola, inspecteur des écoles à Kalemie, directeur et professeur au petit séminaire de Lusaka (RD Congo), directeur de l'Institut Pie XII à Lubuye.

Albert est un bon professeur, simple et serviable, et les confrères, quand ils lui adressent la parole ou parlait de lui, emploient toujours le diminutif Mazientje pour souligner toute la gentillesse qu'il y a en lui. Il reste à la disposition de chacun, prêt à rendre service avec grand calme et bonne humeur même dans les circonstances les plus difficiles.

Les confrères peuvent vérifier ses qualités au début de l'année scolaire 1968-1969. Cette année-là, au collège Pie XII de Lubuye, Albert a soigneusement préparé l'année scolaire. Tout est prêt. Quatre professeurs fort impliqués dans la politique sont alors envoyés au collège à la fin de leurs études à Lubumbashi. L'année commence mais les professeurs ne s'intègrent pas vraiment. On apprend qu'ils ont d'ailleurs proposé leur candidature à différents collèges de Lubumbashi, la grande ville, capitale du Katanga. Le collège de Lubuye leur semble une 'école de brousse' et les règlements en vigueur pour les professeurs comme pour les élèves ne leur conviennent guère.

Quelque temps après le début des cours, les professeurs font défaut et Albert se retrouve en pénurie d'enseignants. Il ne perd pas pour autant son calme et réorganise au jour le jour les quatre premières classes des humanités latines. Pour ajouter aux difficultés, un prêtre brugeois venu à Lubuye pour aider le collège, est assassiné dans sa maison tout près du collège. On ne sait pas par qui et pourquoi. Albert vit cette crise très grave en gardant la paix intérieure. Il est parfaitement serein et n'interrompt jamais les cours.

De 1978 à 1991, année de son retour définitif en Belgique, il se consacre surtout à la pastorale et à l'accueil des confrères d'abord à la procure de Kalemie et ensuite à la mission de Lubumbashi (Kaoze).

À son retour en Belgique, il est nommé à Varsenare. C'est le début de sa vie cachée. Il offre ses services aux alentours mais prends surtout du temps pour prier et approfondir sa relation avec Dieu. Albrecht fait tout cela avec sa gentillesse habituelle. Il est jovial avec ses confrères et joue volontiers aux cartes. Le bridge était son jeu préféré. Il jouit des plaisirs de la vie et ne dit jamais non à un bon petit verre de vin.
Pourtant il ne peut pas s'empêcher d'envisager la mort avec une certaine appréhension surtout quand, petit à petit, ses frères disparaissent à un âge relativement jeune, les uns après les autres. Lui, le plus jeune, et Marie sa sœur aînée restaient les seuls survivants de la famille. Sa sœur ne s'était pas mariée afin de veiller sur sa maman et ses plus jeunes frères.

Albert a toujours été un serviteur bon et fidèle. Il n'a jamais essayé de se faire valoir, malgré les grandes responsabilités qu'il eut à exercer. Albert était la simplicité même, heureux de servir avec compétence tous ceux avec qui il était en contact. Confrères, abbés, étudiants, tous étaient toujours les bienvenus. Au fond, il incarnait le serviteur de l'Évangile.

En 2001, une faiblesse grandissante l'oblige à déménager à notre maison d'Avondrust où il peut jouir de soins spécialisés. C'est là que le que le Seigneur vient le chercher le 20 mars 2005.






Père Denis COOREMAN

1917 - - 2005

Denis est né le 13 juillet 1917 à Herdersem près d'Aloste (Belgique). Son père est le directeur de l'école du village et Denis reçoit donc dans ses gènes une prédisposition à s'occuper d'enseignement.
Né dans une bonne famille catholique, il a le bonheur d'avoir une jeunesse sans souci en compagnie de sa sœur Marie .

Après ses années de collège à Alost et à Ekloo, il entre chez les Pères Blancs à Boechout en septembre 1936. En 1938, il va faire son noviciat à Varsenare. Déjà son supérieur écrivait. "Il travaille avec ardeur et très consciencieusement, malgré une certaine timidité. Il a aussi un bon jugement, il est calme et a beaucoup de bon sens. Volontaire et courageux, il est pourtant d'une souplesse parfaite. Mais surtout, il est un homme de prière et en cela il est un exemple et un modèle pour les autres."
Déjà apparaissent en lui les traits de l'instituteur, du liturgiste qui après Vatican II fera éditer les nouvelles éditions des livres liturgiques en mashi et en swahili.

De 1939 à 1943, il fait ses études de théologie d'abord à Heverlee puis à Carthage où il est ordonné prêtre par Mgr Gounod le 11 avril 1943.

En 1943, à cause de la guerre qui ravage l'Europe, il s'embarque à Lisbonne à destination du Congo.
Arrivé à Bukavu la même année, il commence sa première période en en mission (1944-1953) comme professeur et éducateur. Il se dévoue aux petits séminaires de Mugeri et de Mungombe. Il est ensuite directeur d'école à Shabunda et à Kashofu où il peut s'initier en même temps à la pastorale paroissiale. Il se sent comme un poisson dans l'eau dans son ministère d'éducateur. Ses élèves l'apprécient grandement malgré qu'il exige beaucoup d'eux.

Pendant la seconde période de sa vie missionnaire (1954-1963) il est actif dans différents postes de mission: Mutongo, Walungu et Burhale. Il travaille surtout comme aumônier des Filles de Marie de 1957 à 1961. C'est dans cette tâche d'aumônerie que se révèlent la profonde qualité de sa foi de missionnaire et de prêtre.

Entre-temps, pendant un de ses congés en Belgique, il étudie les sciences religieuses à l'université de Louvain. Cela le prépare à la troisième période de sa vie missionnaire (1968-1986). À partir de 1964, il est secrétaire diocésain de la liturgie pour le diocèse de Bukavu résidence successivement à Cibumbi, Burhiba, Ibanda et finalement Bukavu. Son grand travail est alors le renouvellement de la liturgie selon Vatican II dans les différents postes de mission.

En plus, dès 1968, il devient secrétaire diocésain de la catéchèse et directeur interdiocésain pour la liturgie et la catéchèse des régions de langue mashi et swahili. C'est à ce moment qu'il prend définitivement résidence à la procure de Bukavu.

Durant les premières années de cette période, il aide encore de temps en temps à la pastorale paroissiale dans les postes voisins ainsi qu'à la cathédrale d'Ibanda près de la procure. Son grand apostolat est cependant l'aumônerie de l'hôpital de Bukavu et cela jusqu'à son départ définitif du Zaïre, le 7 avril 1986.

Sa grande oeuvre durant cette période est la rédaction et l'édition des livres liturgiques et catéchétiques en mashi et en swahili. Il y joint la traduction de la Bible en ces deux langues. Il sait s'associer de nombreux collaborateurs qui l'aident à mener à bien la traduction et l'édition de tous ces livres.
Ce travail acharné mine cependant sa santé. En 1986, après la session-retraite de Jérusalem, il est obligé de retourner définitivement en Belgique dans la maison des aînés de Varsenare. Au départ, il s'engage encore dans quelques projets de pastorale à Herdersem et surtout dans la paroisse de Varsenare où sa collaboration est fort apprécié.

Mais bien vite la maladie et sa faiblesse grandissante le conduise à renoncer à toute activité dans un abandon total au Seigneur. Commença alors la dernière période de sa vie et aussi la plus dure. En mars 2001, il prend résidence à la maison d'Avondrust. Le 30 janvier 2005, le Seigneur accueille son missionnaire prêtre dans la liturgie céleste. Denis savait bien que les célébrations d'ici-bas n'en sont que le sacrement. Notre confrère avait 87 ans dont 62 de vie missionnaire.





Père Michel LEVAAST

1928 - - 2005

Michel, naquit le 2 juin 1928 à La Madeleine, banlieue de Lille (France), dans une famille profondément chrétienne. Trois de ses oncles étaient prêtres. Il fit ses études secondaires au petit séminaire d'Haubourdin (Nord), puis sa philosophie à Kerlois de 1948 à 1950. Doué pour l'anglais, il fut envoyé à s'Heerenberg pour la théologie: on y apprécia son intelligence, vive et rapide, sa vitalité et son goût pour le dessin. On devait le modérer dans son travail car il était sujet aux migraines.
Après son Serment, le 27 juillet 1955, il fit sa dernière année en Écosse, à Monteviot House, et fut ordonné prêtre le 24 mai 1956 à Galashiels.

Sa première nomination, Ouagadougou, après études à l'IBLA, ayant été annulée, il enseigna l'anglais au petit séminaire de Bonnelles. Après un an, il partit pour le Malawi. Il étudia le cinyanja à Ludzi.
Un an après son arrivée, une chute de moto se solda par un coma de plusieurs jours, une triple fracture de la colonne vertébrale et une surdité complète. S'il recouvra bientôt l'audition, ce fut avec l'inconfort de bourdonnements, de sifflements pénibles qui ne cesseront de s'aggraver. Il travailla comme vicaire à Nambuma, Ciphaso et Visanza, jusqu'à son retour en France en mars 1964. Dévoué, généreux et enthousiaste, il faisait du sourire sa carte de visite: ses lettres sont celles d'un missionnaire de brousse heureux,aimé des gens, charmant en communauté, pieux et surnaturel, sinon toujours ponctuel. Seule ombre au tableau, sa tendance au surmenage lui valut déjà une grosse dépression nerveuse, en 1962, mais il s'en remit grâce aux attentions de son supérieur. Après les grands exercices à la Villa Cavaletti en janvier 1965, il retrouva le Malawi comme vicaire à Visanza. Obéissant, vivant pauvrement, heureux du renouveau liturgique, il souffrait cependant de ne pouvoir, du fait de sa santé, faire autant que les autres. On appréciait son zèle et ses instructions, nourries de lectures sérieuses.

Une demi-surdité le frappa de nouveau au début de 1968: il œuvrera alors à Lilongwe (Sacré-Cœur), puis enseignera l'Écriture sainte au petit séminaire de Mtendere (diocèse de Dedza) et, fin 1971, en tant qu'aumônier, au juniorat des Frères Maristes, toujours à Mtendere. De retour en France en 1976, il approfondit ses connaissances bibliques à l'Institut catholique de Paris durant deux ans et retourne alors à Likuni (diocèse de Lilongwe). Il enseigne la Bible à Lilongwe (Sacré-Cœur) et au séminaire d'aînés St Peter de Zomba, jusqu'en juin 1995. Il aimait parler de ces temps heureux au Malawi, surtout de son travail avec les Frères Maristes, dont il se disait plaisamment membre honoraire. Il fut même invité à les visiter au Canada. Il s'initiait aussi, à l'époque, à l'animation de retraites, dans le cadre du Mouvement pour un Monde Meilleur du Père Lombardi.

En 1981, les bulletins de santé signalent une perte totale du son, les terminaisons nerveuses des oreilles étant détériorées. Comme il n'était pas opérable, c'était la surdité totale. Il n'en continua pas moins son ministère d'enseignement. Quand, en 1994, après 37 ans au Malawi, on le nomme bibliothécaire à la Maison Généralice, il souffre de la rupture, quoique, écrit-il, 'je ne change pas de cap, mais seulement de zone de navigation'. Il exerce sa charge avec dévouement non sans de nouveaux accrocs de santé : renversé par une voiture à Lille en 1995, il s'en tira avec une fracture de la clavicule et du bassin, puis il subit l'opération de la prostate en 1997 et fit un accident cardiaque en 2004.

À son retour définitif en France, le 15 février 2004, il s'installa alors dans notre maison de retraite de Bry-sur-Marne, C'est à Bry que le Seigneur est venu le prendre le 17 mai 2005, quelques jours avant ses 77 ans.

Michel était une âme simple, acceptant facilement la taquinerie. Mais sa surdité, dont on dit qu'elle est plus difficile à porter que la cécité, l'aura fait souffrir, le privant des contacts communautaires normaux et rendant difficiles ses différentes fonctions dans l'enseignement comme dans l'accompagnement des consultants de l'importante bibliothèque de la maison généralice.

Rudolf Hufschmid, lors d'une messe célébrée pour Michel à la Maison Généralice, résuma les sentiments de tous ceux qui avaient vécu un long temps avec lui : "Il entrait au réfectoire, avec son crayon et un bloc-notes, fait de papier déjà imprimé d'un côté (il avait opté pour un "style de vie simple", à un degré qui pouvait sembler exagéré). Mais il estimait que nous, l'Église, devions être un signe pour le peuple, 'vivre comme le peuple'. Le cléricalisme était pour lui l'un des grands péchés de notre Église. De ce bloc-notes, il avait coutume de dire: 'Puis-je vous présenter ma secrétaire ?' Et une grande partie de la communication se faisait par ce biais. tant bien que mal. Car, n'entendant rien du tout, dépendant du bon vouloir des autres pour la conversation, il était facilement perdu. Des larmes perlaient alors à ses yeux quand il ne pouvait suivre; il se sentait exclu et, s'il parlait très rarement de son infirmité, pour cet homme de relation et de communication, c'était un très lourd fardeau. On l'admira, quand il commença à taquiner l'ordinateur pour son travail à la bibliothèque, et en particulier quand Pierre Féderlé et Antonio Sizuela l'initièrent patiemment aux mystères de l'internet, ce qui l'aida à rester en contact avec ses parents et autres correspondants, mais surtout avec le vaste monde, en lisant les dernières nouvelles.

Pieux, on le voyait, à Rome, assis dans la chapelle, les mains ouvertes, s'offrant à Dieu d'une manière ou d'une autre: c'était son style particulier de méditation. Et quand il disait la messe en communauté, même si l'on n'était pas nécessairement d'accord avec les idées théologiques qu'il exprimait, chacun sentait que ses mots venaient du fond de son cœur."

À Bry, ces temps derniers, Michel était profondément déprimé, mais n'en laissait rien paraître ! Il venait de commencer un nouveau service communautaire où il paraissait heureux. Pour tous ceux qui ont connu son dévouement, sa délicatesse en communauté, sa fin tragique fut donc une surprise douloureuse. Mais, pour qui savait aussi combien il souffrit de son handicap, cette dépression fatale s'explique. Elle nous fait prendre conscience de notre grande fragilité humaine et nous incite à prier, cette fois, plus que pour chaque autre mort qui nous touche.

En la chapelle de Bry-sur-Marne, à Rome, au Malawi, le lundi 23 mai, à 15 heures, chacun pria donc, dans l'espérance que Michel aura trouvé, en sa dernière solitude, l'aide fraternelle du crucifié, Dieu de miséricorde et de bonté venu partager la peine des hommes, et dont les derniers mots furent des mots de pardon. Il emportait avec lui cette confiance. À 3 heures du matin (trois heures avant de faire le geste irréparable), le 17 mai, il avait griffonné un mot à son ami Pierre Féderlé, lui demandant d'aviser notamment sa sœur: "Cher Pierre, C'est trop tard! je suis devenu FOU!! À Dieu!"; et il y joignait sa dernière prière, 'celle d'un pauvre hère qui a perdu la raison': cette prière bouleversante, écho douloureux des psaumes 22 et 69, est datée du 5 mai et s'adresse à 'Mon Dieu, notre père tout Amour.'
" voici, moi votre enfant, aimé de vous, mais au bout de son rouleau! [.] Je deviens indéniablement aliéné, dément! Je suis en train de perdre la raison!" Il dit sa hantise d'être un obstacle au bonheur des autres, au lieu de les aider,sa détresse de voir que sa raison se détériore de plus en plus. "'est devenu un vrai cauchemar pour moi. Je prie souvent, à présent, ô mon Dieu, vous demandant d'abréger ma vie ici-bas, le plus tôt possible! de me prendre avec vous. présentement!! De plus en plus trottent dans ma tête des idées de suicide, pour vivre vraiment et ne plus faire de mal aux autres! Je sais que vous me comprenez, Père!" Et alors qu'en son esprit confus, la résolution est prise, il crie sa détresse: "Père, pardonnez-moi ma myopie égoïste: je ne veux que Votre Volonté. mais j'ai trop mal!! Vraiment! Oh! Prenez-moi!! je reste dans Vos Mains, dans Votre Cœur: Père très aimant, une seule prière: que ma mort, - même suicidaire -, ne soit pas un objet de scandale pour les autres! Faites leur "comprendre"!!"

La confiance de Michel en Dieu semblait totale: il implorait notre compréhension aussi. Et comment ne pas la lui donner après ses 49 ans de don entier à la mission, dans les diverses fonctions qui lui furent confiées, et qu'il porta avec, en sus, le poids de son infirmité?

Dans l'homélie des obsèques, le P. Joseph Vandrisse rappela un entretien avec un journaliste, vers l'an 2000: comme on parlait du désir de voir l'autre s'épanouir, 'Patience et charité', avait dit Michel, et il avait ajouté: .On n'ouvre pas la rose, même avec la pointe du couteau.' Joseph Vandrisse évoqua aussi Marthe Robin qui, avisée du suicide de son frère, déclara: 'Ça, c'est l'angoisse de Gethsémani qui continue'; C'était l'écho de la méditation de Pascal qui fait dire à Jésus, miroir de la miséricorde du Père : 'J'ai versé telle goutte de sang pour toi.' Aussi choisit-on comme évangile ce premier acte de la Passion de Jésus: 'Mon âme est triste, à en mourir!' Même Paul, le solide, malmené par la vie, disait aux Corinthiens: 'Terrassés, mais non achevés, sans cesse nous portons dans notre corps l'agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre corps.' Qui en effet, de ceux qui descendirent de la croix le corps torturé de Jésus, devenu loque lamentable, pouvait imaginer le corps ressuscité, glorieux, qui surgirait, trois jours plus tard?

"Michel aimait lire des livres de théologie, disait encore Rudi Hufschmid, spécialement quand ils proposaient quelque chose de 'peu ordinaire'; aussi était-ce un homme aux nombreuses questions, sur Dieu et sur l'Église, sur la bible et les religions." Oui, remarquait de même Joseph Vandrisse, il était toujours à la recherche du sens de l'évolution du monde, de celle de l'Église qu'il trouvait trop lente: il en devenait dépressif, ce que certains devinaient et dont ils s'inquiétaient.

Face à ce départ si douloureux, 'restons unis dans la prière et une grande fraternité, sachant que la miséricorde du Seigneur est totale pour notre frère, demandait le Provincial de France. Nous le croyons avec son Seigneur et son Dieu'.

Rudi Hufschmid, après nous avoir invité à "nous poser des questions sur notre propre manière de traiter avec les gens, avec les confrères, dont chacun porte souvent, secrètement, son propre fardeau", concluait de même: "Soyons-en persuadés. Michel a trouvé maintenant la réponse à toutes ses questions, en celui qu'il a servi toute sa vie."

C'était aussi la conclusion du témoignage d'une amie sur Michel qui l'avait beaucoup aidée et se définissait, dit-elle, comme 'un transporteur d'amour': "Lors du décès de maman, tu m'as écrit une phrase qui m'a beaucoup marquée: 'Ne pleure pas si tu l'aimes, elle est immensément heureuse auprès de Dieu.' Aujourd'hui, je sèche mes larmes. Nous ne te voyons plus, Michel, mais je sais que tu es et que tu seras toujours avec nous."

Armand Duval

 

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Michel fut un professeur de bible. Jusqu'à la fin il garda un intérêt critique et bienveillant pour le livre saint. Sur la page de garde d'une nouvelle édition, il note (avec son sourire) le dicton connu: Traduttóre, tradittóre! Le traducteur est un traître! Il s'agit en effet d'une traduction controversée en français moderne (Éditions Bayard, Médiaspaul, Paris et Montréal, 2001). Les dernières années, Michel s'intéressa beaucoup à la théorie qui, à travers Moïse, rattache la religion du Dieu unique au pharaon monothéiste Akhenaton (i. e. Abraham ?). En janvier 2005, quittant Rome, Michel donna cette bible au Petit Écho.




Père José Gonzalo Castaño

1929 - - 2005

José (Pepe) est né le 30 janvier 1929 à Ledanca, un petit village près de Sigüenza (Espagne), sur la route nationale qui va de Madrid à Barcelone. Autant lui que ses deux sœurs ont vécu dans un climat familial très chrétien marqué par leur père, un instituteur de grande valeur. Pepe entre au petit séminaire de Sigüenza et y fait ses études jusqu´à la fin de la philosophie. Désirant être missionnaire et alors qu´il pense entrer soit chez les Jésuites soit chez les Franciscains, sa rencontre avec le P. Nic Borst, pendant l´une de ses visites au séminaire diocésain, le décide à s'orienter vers les Pères Blancs.

Pepe donnait l`impression d´être un homme sévère, ascétique et distant. Cependant, il était très proche de ses amis avec un sens concret de la compassion et de la charité, toujours prêt à aider les autres avec une discrétion parfois exagérée. Dans la communauté de Madrid, tout le monde savait que si quelqu´un devait passer une nuit à l`hôpital, Pepe était toujours disponible pour rendre ce service.

Il fait ses études de théologie à Carthage. À cause de son caractère on lui demanda de faire une année de probation dans l`internat de Beni Yenni en Algérie. Ordonné prêtre en avril 1956, sa première nomination est pour le Mali, au diocèse de Mopti. Il y reste seulement cinq ans car il n´arrive à s`adapter, ni à la vie en Afrique ni à la vie de communauté. Ses relations avec les Maliens deviennent de plus en plus tendues. Il est persuadé de connaître leur langue mieux qu´eux-mêmes et il se permet facilement de les corriger. Ceci entraîna sa marginalisation progressive car les gens n'aimaient pas parler avec lui.

Il est rappelé en Espagne en 1961 et y reste jusqu´à la fin de sa vie. D'abord nommé à l`animation missionnaire et vocationnelle, il fait partie de la communauté de Logroño puis de celle de Bilbao. En 1970, il retourne à Madrid où il commence une large collaboration avec l'Église en détresse traduisant en espagnol des nombreux documents et textes.

José Gonzalo était une personne timide ce qui accroissait ses tendances d´autodidacte. Il connaissait beaucoup sur beaucoup de choses et il imposait ses idées aux autres, créant des tensions difficiles à gérer avec ses interlocuteurs. En fait, pensait-il, il s´agissait simplement d´une recherche de la vérité. Son désir de savoir était si grand qu´on le voyait toujours en train de lire un livre. Il fait partie d´une association de professeurs émérites. Il assiste alors souvent à des conférences et à des concerts de musique classique qu'il aimait et dont il était un fin amateur.

Malgré son apparence sévère, Pepe était une personne délicate et sensible. Toujours disponible pour rendre service, il est pendant un certain temps secrétaire provincial. Ceux qui l´on connu à cette époque disent qu`il était si méticuleux dans ses corrections qu´il changeait même la pensée de ses auteurs.

Pendant longtemps nous avons été habitués à voir Pepe souffrir de maux d´estomac, 'son cancer', comme il disait. Il accepte alors difficilement de se soumettre aux examens des médecins, à leurs avis, et à la prise des médicaments prescrits. Se sachant malade, c'est seulement vers la fin, ne pouvant plus cacher sa souffrance, qu'il se décide à aller voir le docteur. Celui-ci le met au courant de sa grave situation: il faisait de l'emphysème pulmonaire et avait développé un cancer galopant. À partir de ce moment, Pepe déclare que cette année sera l`année de sa mort.

Les six derniers mois de sa vie, Pepe souffre en silence et dans la discrétion ne voulant déranger personne et remerciant les confrères pour leurs visites et leur proximité. Nous avons tous été profondément touchés constatant sa force de caractère face à la mort. Il en parle facilement et réfléchit sur elle avec ceux qui viennent le visiter.

Pepe a vécu longtemps dans la maison provinciale et tous sentiront son absence pendant longtemps. C'est que malgré sa discrétion, sa personnalité pluridimensionnelle remplissait bien sa place.
Quelques jours avant sa mort, le 16 mai 2005 à Madrid, il confie à un confrère que Dieu, pour lui, est comme une grande lumière et un grand cœur. Une belle définition dans la bouche de quelqu´un qui n´a jamais voulu briller et qui semblait froid et distant.

Que le Seigneur lui fasse voir tout ce qu´il aurait aimé connaître ! Qu'il lui fasse comprendre tout ce sur quoi il s´interrogeait.

 



PROFILES
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Father Albert Masyn

1916 - - 2005


Albert's parents lived in a working-class district of the suburbs of Bruges, the Venice of the North (Belgium). Albert was born on the 8th September 1916. In a small house it was a large family. His parents were in every sense of the word spirited people. Albert's father was an embroiderer of banners and chasubles and a craftsman proud of his art. His mother in spite of fragile health and the problems of the Second World War (1939-45), succeeded with her husband in educating and providing for the whole family. It was no sinecure at that time. Later, when White Fathers came to visit the mother on their return from Africa to speak to her of Albert, they were always warmly welcomed in the little family home. This is where Albert grew up.

Albert then went to Saint-Louis secondary school, a breeding ground for the Missionaries of Africa. After his admission to the White Fathers he went to study philosophy at Boechout. He did his novitiate at Varsenare and his theology at Heverlee. He committed himself to the service of the African mission by taking his Oath on the 5th April 1942 and was ordained a priest at Heverlee on the 26th April 1943. Nothing special came up in his notes that normally accompany students in formation except to say that Albert had a peaceable, cheerful and gentle character.

Due to the war raging in Europe in the year of his ordination, the young missionary could not leave for Africa and he was appointed to teach at Saint-Amand secondary school in Courtrai. He was a good teacher and everyone seemed quite happy with him except it was said that he treated some things in jest that the others took very seriously and he therefore had some problems in relations with his colleagues.
In 1945, he took ship for the Congo. In October, after learning the language he began his work in Katanga. He would remain there for 45 years. He worked hardly at all in parish ministry and was called to devote almost all his life to schools ministry. He was particularly gifted for this kind of work.
During his first home leave in Belgium, he used it to do some studies in Antwerp to become a secondary school teacher. He was preparing himself to be of service wherever he would be called to do so. From the moment of his return in 1952, different tasks awaited him, always in teaching. He taught at the Institut Saint Henri, Kasongo, then was director of the teacher training school, Sola, inspector of schools in Kalemie, rector and teacher at the Lusaka Junior Seminary (DR Congo), and director of the Institut Pie XII, Lubuye.

Albert was a good teacher, uncomplicated and ready to serve. Confreres used the diminutive Mazientje when speaking to him or of him, a way of emphasising the store of kindness he had in him. He was always available for others, ready to be of service with calmness and good humour even in the most pressing circumstances.

At the beginning of the 1968-1969 school year, confreres saw these qualities put to the test. That year, at Pius XII secondary school, Lubuye, Albert had carefully prepared the academic year. Everything was ready. Four teachers heavily involved in politics were then sent to the secondary school at the end of their studies at Lubumbashi. The year began, but the teachers did not really integrate well. Besides it was learned that they had made application to other secondary schools in Lubumbashi, the main city and capital of Katanaga. They looked on Lubuye secondary school as a 'bush school' and the rules in force for teachers, the same as for pupils, did not suit them at all. Some time after the start of courses, the teachers absented themselves and Albert found himself short of teachers. He did not lose his cool and reorganised on a daily basis the first four classes in Latin classics. To add to the problems, a priest from Bruges who had come to help Lubuye secondary school was murdered in his house close to the school. No one knows why or by whom. Albert lived through this deep crisis by maintaining his peace of mind. He was perfectly serene and not once disrupted the courses.
From 1978 until 1991, the year he returned to Belgium for good, he devoted himself above all to pastoral work and welcoming confreres firstly at the Kalemie procurement office and then at Lubumbashi mission, (Kaoze).

On his return to Belgium he was appointed to Varsenare. It was the start of his hidden life. He offered his services around the area, but especially took time for prayer and deepening his relationship to God. Albert did all this with his usual kindness. He was good-humoured with his confreres and readily played cards. Bridge was his favourite game. He enjoyed the pleasures of life and never refused a nice little glass of wine.

Nonetheless, he could not avoid looking death in the face with some apprehension especially when little by little his brothers passed away at a relatively young age, one after the other. He, the youngest, and Marie his sister were the sole survivors of the family. His sister did not marry in order to look after their mother and the younger brothers.

Albert was always a good and faithful servant. He never boasted in spite of the great responsibilities he undertook. Albert was simplicity itself, happy to serve competently all those with whom he was in contact, confreres, diocesan priests, or students. Everyone was always very welcome. In a word, he personified the servant of the Gospel.

In 2001, increasing weakness obliged him to move to our house at Avondurst where he would benefit from specialised care. There, the Lord came to call him to Himself on the 20th March 2005.







Father Denis COOREMAN

1917 - - 2005

Denis was born on the 13th July 1917 at Herdersem near Alost (Belgium). His father was schoolmaster in the village, so an inclination to involvement in teaching and a measure of rigidity in his behaviour was therefore in Denis' blood. He had the good fortune of a carefree childhood in a good Catholic family in the company of Marie his younger sister.

After his secondary school years at Alost and Ekloo, he joined the White Fathers at Boechout in September 1936 and proceeded to the Varsenare novitiate in 1938. Even at that time his Superior wrote, "He works diligently and very conscientiously, in spite of a little shyness. He shows good, calm common-sense judgement. He volunteers and is stouthearted, but is also perfectly accommodating.

Above all he is a man of prayer and in that he is an example and a model for the others."
The characteristics of the schoolmaster and liturgist were already appearing in him when after Vatican II he had new editions of liturgical books published in Mashi and Kiswahili.
From 1939 to 1943 he completed his theological studies firstly at Heverlee then at Carthage where Bishop Gounod ordained him on the 11th April 1943.

In 1943, because of the war ravaging Europe, he embarked at Lisbon for the Congo. On arrival in Bukavu the same year, he began his first major period of missionary life from 1944-1953 as teacher and educator. He was a teacher at the junior seminaries of Mugeri and Mungombe. He then became headmaster of Shabunda and Kashofu schools, and possibly already made a first contact with the mission's pastoral work. He was in his element; his pupils greatly appreciated him although he was very demanding on them.

In the second period of his missionary life from 1954-1963 he was active in different mission stations in Mutongo, Walungu and Burhale. In particular he worked as chaplain to the Filles de Marie between 1957-1961. The deep quality of his faith as priest and missionary came to the fore in this task of chaplaincy.

Between times during his home leaves, he did religious studies at Louvain University. This would prepare him for the third major period of his missionary life from 1968-1986.
In fact from 1964 onwards, he was Bukavu diocesan secretary for liturgy, residing successively in Cibumbi, Burhiba, Ibanda and finally Bukavu. His major work would then be liturgical renewal according to Vatican II in the various mission stations.

In addition, from 1968 onwards he became diocesan secretary for catechesis and inter-diocesan director for liturgy and catechesis in the language areas of Mashi and Kiswahili. It was then he took up residence for good in Bukavu procurement office.

During the early years of this major period of his missionary life he still helped from time to time in the parish pastoral scene at surrounding mission stations, as well at Ibanda Cathedral, adjoining the procurement office. However, his significant apostolate was as chaplain to Bukavu hospital until his final departure from Zaire on 7th April 1986.

His important work at this time was the writing and publishing of liturgical and catechetical books in Mashi and Kiswahili, not forgetting the translation of the Bible. In this task he had many collaborators who helped him to edit and publish the different books.

However, this unrelenting work undermined his health and in 1986 it obliged him to return home for good to Varsenare retirement community in Belgium. Initially he still got involved in some parish activities at Herdersem and notably in Varsenare parish where his collaboration was much appreciated. However, illness and increasing weakness obliged him to cease all activity in total abandonment to the Lord. It began the final and most difficult period of his life. It concluded on the 30th January 2005.

 





Father Michel LEVAAST

1928 - - 2005

Michel was born on the 2nd June 1928 into a deeply Catholic family at La Madeleine, a suburb of Lille (France). Three of his uncles were priests. He did his secondary school studies in the junior seminary of Haubourdin (Nord), then his philosophy from 1948-1950 in Kerlois. Gifted in English, he was sent to s'Heerenberg for theology. There, he was appreciated for his quick and lively intelligence, his vitality and his liking for drawing. He had to be restrained in his work, as he was prone to migraine headaches.
After his Oath on the 27th July 1955 he did his last year in Monteviot House, Scotland and was ordained to the priesthood at Galashiels on the 24th May 1956.

After studying at the IBLA his first appointment to Ouagadougou was annulled and instead he taught English at Bonnelles junior seminary. After a year he left for Malawi and began learning cinyanja in Ludzi.

A year after his arrival, he fell off his motorbike and he ended up in a coma for several days, with a triple fracture of the spine and total deafness. Although he soon recovered his hearing, it was most uncomfortable with agonizing buzzing and hissing, which only increased with time. He was curate at Nambuma, Ciphaso and Visanza, until his return to France in 1964. Michel was dedicated, generous and enthusiastic. He made his smile his hallmark. His letters were of a bush missionary. He was happy, loved by the people, charming in community, devout and spiritual, if not always punctual. The only fly in the ointment was a tendency to overwork, earning him a very deep depression in 1962, from which he recovered thanks to the attentiveness of his Superior. After the Long Retreat at Villa Cavaletti in January 1965 he returned to Malawi as curate at Visanza. He was obedient, lived a simple lifestyle and was content with the liturgical renewal. Nonetheless, he suffered from not being able to do as much as the others because of his poor health. His zeal and religious instruction, based on worthwhile reading were much appreciated

He was afflicted once again by semi-deafness at the start of 1968. He then went to work in Lilongwe (Sacred Heart), then taught Holy Scripture at the junior seminary of Mtendere (Diocese of Dedza). At the end of 1971 he was chaplain at the Marist Brothers' juniorate, also in Mtendere.
Back in France in 1976, he expanded his biblical knowledge at the Paris Institut Catholique for two years and then went back to Likuni (Lilongwe Diocese). He taught bible at Lilongwe (Sacred Heart) and at the Major Seminary of St Peter, Zomba, until 1995. He liked to talk about these happy days in Malawi, especially his work with the Marist Brothers and said in jest that he was an honorary member. He was even invited to visit them in Canada. At that time he also took an interest in introducing himself to giving retreats in the context of Father Lombardi's Movement for a Better World.

In 1981 medical reports indicated a total loss of hearing, as the aural nerve endings had deteriorated. As it was inoperable, he was completely deaf. Nonetheless he continued with his teaching. When he was appointed librarian at the Generalate in 1994 after 37 years in Malawi, the wrench was painful for him. "However", he wrote, "I am not changing course, just the navigation chart." He carried out his duties with dedication, but not without other health setbacks. In 1995 he escaped with a fractured collarbone and pelvis after a car knocked him down in Lille. He then underwent a prostate operation in 1997 and suffered a heart attack in 2004.

On his return to France for good on the 15th February 2004, he took up residence in our retirement home in Bry-sur-Marne. There the Lord came to call him to Himself on the 17th May, some days before his 77th year.

Michel was a simple soul, at ease with being teased. However his deafness, which is said to be more difficult to bear than blindness, made him suffer greatly. It deprived him of normal community interaction and made his different teaching tasks harder, together with the guidance of those who came to consult the extensive library of the Generalate.

During the Memorial Mass for Michel at the Generalate, Rudolf Hufschmid summed up the feelings of all those who had lived with him. "He would come into the refectory with his pencil and writing pad, stapled from scrap paper, (having opted for a simple lifestyle, almost to the point of exaggeration.) However, he believed that as a Church we should be a sign to the people and 'live like them'. For him clericalism was one of the greatest sins of the Church. As for the writing pad he would say, "May I introduce you to my secretary?" Most conversations were conducted like that, for better or worse. As he could not hear anything at all, it depended on the good will of the others in the discussion to bring him in, without which he was lost. At that point, his eyes would fill with tears. He felt excluded and even if he did not speak very much about his affliction, for a man of communication and relationships, it was a very heavy burden to bear.

He was to be admired when he began to joust with the computer for his work in the library and in particular when Pierre Féderlé and Antonio Sizuela initiated him into the mysteries of the Internet. This enabled him to keep in touch with his relatives and other correspondents. In particular it kept him in contact with the wider world by being able to read the latest news online. Michel was devout and was to be seen in the chapel in Rome with his arms outstretched offering himself to God in whatever way God willed. It was his particular way of meditating. Moreover, when he celebrated Mass in community even if we were not necessarily in agreement with his theological ideas, everyone felt that his words came from the depth of his heart."

In the final days in Bry, Michel was deeply depressed but did not let on! He had just taken on a new community commitment and seemed happy in it. For all those who knew of his dedication and his refinement in community, his tragic end was a dreadful shock. Nevertheless, for those who knew how much he suffered from his handicap this fatal depression is understandable. It reminds us of how fragile we are and on this occasion motivates us to pray even more than for any other death that affects us.
At 3pm on Monday 23rd May, in chapels in Bry-sur-Marne, Rome and Malawi, everyone prayed that Michel in his final solitary agony would have found the brotherly support of the Crucified. The God of mercy and kindness came to share the pain of humanity and his last words were words of forgiveness. He took this assurance with him. At 3 in the morning of the 17th May, (three hours before the point of no return) he scribbled a few words to his friend Pierre Féderlé, asking him to notify his sister especially. "Dear Pierre, It is too late! I am MAD!! Adieu!" He added his final prayer, "that of a poor wretch who has lost his mind." This deeply distressing prayer, a painful echo of Psalms 22 and 69 is dated the 5th May and addressed to "My God, Our Father of all Love."
"Here I am your little child, loved by you but at the end of my tether. I have definitely become insane, out of my wits! I am losing my mind!"

He spoke of the obsessive fear of being an obstacle to others' happiness instead of helping them, his distress at seeing his mind slowly deteriorate. "It is a real nightmare for me. I now pray often, O my God, imploring you to shorten my life here below as soon as possible! Take me to yourself, right away!! More and more, thoughts of suicide run around my mind, to live truly and no longer do harm to others! I know you know what I mean, Father!" Then, when he makes up his troubled mind he cries out in distress, "Father, forgive me for my short-sighted selfishness. I only want to do your Will, but it hurts too much! Really! Oh! Take me! I am in your hands, in your heart. Father most loving, one single prayer is that my death - even suicidal - will not be an object of scandal for others! Help them to 'understand'!!"

Michel's confidence in God seemed total. He begged for our understanding also. How could we not give it to him after his 49 years of complete gift of self to the mission, in the various responsibilities entrusted to him, carried out with the added burden of his infirmity?

In his funeral homily, Fr Joseph Vandrisse recalled an interview Michel had had with a journalist around the year 2000. They spoke of the urgency of seeing another person develop. "It is only with patience and charity," said Michel. He added, "You cannot make a rose open out, even with the point of a knife." Joseph Vandrisse also spoke of Marthe Robin, who when told of her brother's suicide said, "It is the Agony in the Garden of Gethsemane which carries on." In an echo of the Paschaltide meditation Jesus, mirroring the Father's mercy says, "I have shed this drop of blood for you." Also, the Gospel chosen was the first act of the Passion of Jesus, "My soul is sorrowful to the point of death." (Matt 26:38). Even supposedly stalwart Paul, maltreated by life, wrote to the Corinthians, "…knocked down, but never killed; always, wherever we may be, we carry with us in our body the death of Jesus, so that the life of Jesus, too, may always be seen in our body." (Cf. 2 Cor 4:10ff). Who indeed among those who took Jesus tortured body down from the Cross a pitiful wreck could imagine the glorious resurrected body that would rise three days later?

"Michel loved reading theology," continued Rudi Hufschmid, "especially when authors were proposing something a little out of the ordinary. He was also an inquisitive man, about God, the Church, the Bible and religions." "Indeed," added Joseph Vandrisse, "he was always looking for the meaning of the evolution of the world and of the Church, which he found too slow; according to some he seemed depressed about it and it was a cause of concern for them."

Confronted with such a sorrowful departure, "Let us remain united in prayer and fraternal solidarity, conscious that the Lord is full of mercy on our brother," urged the Provincial of France. "We believe heis with his Lord and his God."

Rudi Hufschmid, after inviting us to ask ourselves about our own manner of dealing with people and with our confreres, of whom each has his own burden to carry, concluded in the same way. "Let us be sure of one thing. Michel has now found the answer to all his questions in the presence of the one he served all his life."

It was also the conclusion to the testimony of a lady friend of Michel whom he had greatly helped. She said he defined himself as a 'bearer of love.' "When Mum died you wrote something that struck me a good deal. 'Do not weep if you love her, she is very happy close to God.' Today, I wipe away my tears. We no longer see you, Michel, but I know you are and always will be with us."

Armand Duval

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Michel had taught Bible. He kept up a critical and benign interest in biblical matters until the end. On the flyleaf of a new edition of the Bible he wrote a humorous saying, "Traduttóre, tradittóre!" "Translator, traitor!" Our confrere diligently annotated all the introductions of this Bible in contemporary French. (Edition Bayard, Médiaspaul, Paris & Montréal, 2001) He left it to the PE when leaving Rome in January 2004.





Father José Gonzalo Castaño

1929 - - 2005

José (Pepe) was born on the 30th January at Ledanca, a little village near Sigüenza on the main road from Madrid to Barcelona (Spain). He and his two sisters lived in a very warm Catholic family environment influenced by their father who was a primary school teacher of high standing. Pepe entered the junior seminary at Sigüenza and did his studies there until the end of philosophy. As he wished to become a missionary, and therefore thought of entering the Jesuits or Franciscans, his meeting with Fr Nico Borst during one of his visits to the diocesan seminary changed his mind and he decided to go towards the White Fathers.

Pepe gave the impression of someone severe, ascetic and distant. However, he was very close to his friends with a strong sense of compassion and charity. He was always willing to help others but at times it was overdone. In the Madrid community everyone knew if someone had to accompany another for an overnight stay in hospital, Pepe was always ready to oblige.

He studied theology at Carthage. Because of his temperament he was asked to do a year of probation at the boarding school Beni Yenni in Algeria. Ordained in April 1956, his first appointment was to Mopti diocese, Mali. He only stayed there five years, as he did not manage to adapt to life in Africa or in community. His relations with the Malians became increasingly stressful. He was convinced he knew their language better than they did and took the liberty of correcting them. This led to his gradual isolation as the people no longer wanted to converse with him.
He was recalled to Spain in 1961 and remained there for the rest of his life. Initially appointed to missionary and vocation promotion, he formed part of the Logroño community, followed by the one in Bilbao. In 1970 he returned to Madrid where he began a major collaborative work with l'Église en détresse, translating numerous documents and articles into Spanish.

José Gonzalo was a very shy person, which increased his tendency to be self-taught. He knew a lot about everything and imposed his ideas on others, making it hard to handle stress with those to whom he spoke. He thought it was just a matter of seeking the truth. His thirst for knowledge was so great that he was always seen reading a book. He was a member of an association of emeritus professors. He often attended conferences and concerts of classical music that he liked and of which he was a fine connoisseur.

In spite of his severe appearance, Pepe was a refined and sensitive person. He was always ready to be of service and was Provincial Secretary for a time. Those who knew him at this period say that he was so meticulous in his corrections that he even modified the thoughts of the authors.
For a long time we were used to seeing Pepe suffer from abdominal pain, 'his cancer' as he said. He was not keen to submit to medical tests, or medical opinion or take prescribed medication. Conscious of being ill, it was only towards the end that he could no longer hide his suffering and decided to consult the doctor. He informed Pepe of the gravity of his situation. He had pulmonary emphysema and had contracted terminal cancer. From then on Pepe said it would be his death that very year.

In the last six months of his life, Pepe suffered in silence and discreetly did not wish to trouble anyone. He thanked the confreres for their visits and being there for him. We were all very deeply moved by seeing his strength of character in the face of death. He readily spoke about it and reflected on it with those who came to visit him.

Pepe lived a long time in the Provincial house and his presence will be felt by everyone for a long time to come. In spite of his desired discretion, his multidimensional personality took over the place.
Some days before his death on the 16th May 2005, he confided to a confrere that for him God was like a great light and a great heart. This was an impressive definition from someone who had never shone and who appeared cold and distant.

May the Lord let him now see everything about which he enquired and would have loved to know and understand.