NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Bernard Poisson

1926 - - 2017

.....Bernard est né le 5 mars 1926 dans une vielle famille Nantaise à laquelle il restera toujours très attaché. Il a d'ailleurs des racines profondes, puisqu'en faisant des recherches généalogiques, il s'est aperçu qu'il peut remonter l'histoire de ses ancêtres jusqu'en 1113… Il passe une jeunesse bien protégée, faisant ses études secondaires au Collège St Stanislas. Ayant rencontré le Père Huntziger, il se sent appelé à la vie missionnaire et, à 18 ans, il demande à être admis au Grand séminaire de Nantes. L'année suivante le voit revêtir la gandourah et le rosaire au Noviciat de Maison Carrée où le Maître de novices remarque sa générosité et son attachement à sa vocation qu'il va approfondir et faire murir à Thibar. L'année suivante, en 1947, il est appelé au service militaire qu'il effectue au régiment de Zouaves, où on lui confie la conduite des mulets.

Pendant cette période il fait preuve d'un bon engagement apostolique auprès de ses camarades. Après quoi, il rejoint Thibar pour y poursuivre sa formation. Il se fait remarquer par sa joie de vivre, sa gentillesse et une vie intérieure profonde, autant de qualités qui le font admettre au Serment missionnaire qu'il prononce le 27 juin1950. Six mois plus tard il reçoit l'ordination sacerdotale à Carthage.

Le voici donc prêt pour le départ. Il s'est proposé pour la mission du Sahara. Mais le Supérieur général lui répond que quand on s'appelle 'Poisson', il vaut mieux être nommé aux Grands Lacs ! Il reçoit donc sa nomination pour la Rhodésie du Nord (actuelle Zambie), ce qui nécessite d'abord un passage à Clayton Hall (Angleterre) pour perfectionner son anglais. Et c'est en septembre 1951 qu'il arrive à Chilubula, pour y apprendre la langue chibemba. Très tôt, à Mulobola, il dut affronter les disciples de la Prophétesse Lenshina, fondatrice de la Lumpa Church, qui s'opposait fortement aux catholiques et attirait beaucoup de convertis. Cette 'église' s'étendra sur une grande partie des provinces du Nord et de l'Est de la Zambie, et ne sera vaincue que par l'armée de la jeune République de Zambie.

Bernard passera toute sa vie missionnaire dans cette région du nord de la Zambie où il fera du ministère paroissial dans une douzaine de paroisses différentes. Il dit avoir eu 29 nominations en 56 ans. Il était réputé pour être un prédicateur enflammé. A cela il faut ajouter l'aumônerie de plusieurs mouvements tels que la Légion de Marie, les Tertiaires franciscains ou la Conférence de St Vincent de Paul.

Mais peu à peu Bernard se fait également apprécier pour ses talents de sourcier qu'il dit avoir développés avec l'aide d'une cousine. Au début il est appelé pour prospecter les missions avoisinantes. Sa renommée s'étend et il est appelé à activer son pendule dans d'autres diocèses. Puis ce sont des exploitations agricoles, des compagnies industrielles, des ambassades, et même l'armée qui font appel à ses services. Etant donné l'importance de l'eau en Afrique, il est bientôt appelé au Congo, au Malawi, en Tanzanie…

Les supérieurs ont de la peine à freiner son activité de radiesthésiste, d'autant plus que le Père 'Pwaso' devient une célébrité et qu'il reçoit plusieurs décorations, tant du gouvernement Zambien (Officer of Distinguished Services of Zambia) que du gouvernement français (Mérite national et Légion d'honneur). Quant au gouvernement de sa Gracieuse majesté britannique, il lui avait attribué une Distinction, puis les Ailes de la Royal Air Force pour le remercier d'avoir rapporté à l'ambassade des papiers d'aviateurs anglais, qu'il avait trouvés en se promenant quand il était adolescent. Il affectionnait ces décorations, y voyant une marque de reconnaissance et d'encouragement à continuer ses activités.

C'était un personnage haut en couleur, et les aventures dont il est le héros sont légion. Les confrères appréciaient ses visites, car c'était un narrateur infatigable qui avait toujours de nouvelles histoires à raconter. Ici, on peut au moins rapporter comment un premier avril (sic), le Père Poisson faillit se noyer dans le lac Bangweolo, son bateau ayant chaviré. Heureusement, le lac était peu profond et il put se hisser sur la pointe des pieds sur la proue de son embarcation, en priant la Vierge et en s'égosillant pendant deux heures jusqu'à ce qu'une barque de pêcheurs viennent à son secours. Bernard décida alors de mettre une statue de Notre Dame sur le lieu de son naufrage, c'est-à-dire au milieu du lac. Il fixa donc une statue sur un baril qui servait de flotteur.

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Au milieu Bernard Poisson avec le président Kaunda 10 mars 1990
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L'âge avançant, il lui fallut lever le pied et songer à un retour en France. Le 16 décembre 2007, le quotidien national 'The Post' consacrait une pleine page intitulée 'Farewell Fr Pwaso'. C'était le terme d'un long parcours dédié au service de l'Eglise de Zambie, avec les dons qu'il avait reçus et mis généreusement à la disposition des Zambiens.

Bernard pensa d'abord se faire incardiner dans son diocèse d'origine pour être proche de sa famille. Mais ayant compris qu'il serait mieux en communauté, il accepta de rejoindre la maison de Billère où se trouvaient déjà plusieurs confrères avec lequel il avait vécu en Zambie. Etant fatigué il y restait beaucoup en chambre et il dormait souvent. A la salle à manger, il aimait s'asseoir avec des confrères originaires de son diocèse de Nantes, avec lesquels il aimait parler de sa jeunesse. Il restait fidèle aux exercices communautaires.

A la fin c'est au premier rang, dans un fauteuil roulant, qu'il participait à l'Eucharistie. C'est le 17 mai 2017 que Bernard Poisson est décédé et que cet infatigable chercheur d'eau a rencontré ce Jésus qui avait dit : "L'eau que je donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle".

Confrères de la Communauté de Billère