NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Paul DIDIER

1927 - - 2018

...Natif de Nancy, troisième enfant d'une fratrie de six garçons, Paul a toujours eu un sens profond de la famille à laquelle il a toujours voué un grand attachement. Son père était dans la menuiserie avant de l'enseigner lui-même plus tard ; sa mère a travaillé à mi-temps (secrétariat entre autre) pour aider son mari à joindre les deux bouts. Les parents de Paul ont tout fait, avec succès d'ailleurs, pour transmettre à leurs enfants leur foi profonde. Dieu a tout naturellement choisi au cœur de cette famille engagée un serviteur à vie, et ce sera Paul.

Au cours de ses études secondaires, il se rend aux funérailles d'un ami qui avait comme rêve de devenir Père Blanc. Lui qui avait déjà songé à devenir prêtre dans son diocèse, décide alors de remplacer son ami en devenant lui-même Père Blanc. Après le Bac il se rend à Béruges (séminaire de repli des Pères Blancs près de Poitier en zone libre en lieu et place de Kerlois, alors occupé par l'armée allemande) pour ses deux premières années de philosophie scolastique, puis à Altkirch pour sa première année de théologie, avant de faire son noviciat à Maison Carrée en 1946-47. Deuxième année de théologie à Thibar avant de remplir ses obligations militaires (à Tunis, puis à Toul), suivie de deux années de théologie toujours à Thibar. Il fera son serment missionnaire le 27 Juin 1950 et sera ordonné prêtre le 24 Mars 1951.

" Belle intelligence, claire, très ouverte, personnelle, a beaucoup de facilités pour l'étude pour laquelle il a dû toujours, dès son enfance, manifester beaucoup de dispositions. Mais il est obligé de se ménager sur ce point par suite de fréquents malaises et maux de tête, qui se répètent régulièrement. " Voilà résumé par un de ses formateurs au Scolasticat l'avenir de Paul: des prédispositions évidentes pour l'enseignement, bien qu'handicapé à vie par des problèmes de santé récurrents.

Logiquement pour nous aujourd'hui - mais pas forcément pour Paul à l'époque - sa première nomination l'amènera à faire des études de lettres classiques à Strasbourg, nomination vite modifiée en raison des circonstances en enseignement de … l'Allemand à Bonnelles (petit séminaire des Pères Blancs dans la vallée de Chevreuse près de Paris). Il n'y fera dans un premier temps qu'une année avant de retourner à Strasbourg pour passer une licence de philosophie, suivie d'une licence de Sciences Physiques. Retour alors à Bonnelles en 1957 pour enseigner et animer les étudiants jusqu'à sa fermeture en 1965.

La fermeture de Bonnelles va lui permettre d'obtenir de ses supérieurs de poursuivre ses études. Il va alors " pondre " quatre certificats d'Etudes Supérieures : 'économie du travail', 'sociologie du travail', 'travail dans les pays en développement' et 'travail rural et coopératives'. Ainsi bardé de diplômes en tout genre, il pourra enfin apprécier à sa juste valeur sa première nomination en Afrique : ce sera pour Ségou, au Mali.

Avant de rejoindre le Mali il fera sa grande retraite à Villa Cavaletti à Rome, mais des ennuis de santé vont retarder son départ, temps mis à profit pour parfaire ses études. Enfin ce sera le grand jour : il prendra l'avion pour Bamako le 6 Août 1968 avant de rejoindre Ségou qu'il quittera passagèrement pour étudier le Bambara à Faladye. Une fois de plus le travail pastoral en paroisse va lui échapper puisque, à peine de retour à Ségou, il est nommé par son évêque Directeur Diocésain de l'Enseignement Catholique. Ses visites dans les écoles lointaines et dispersées en brousse vont lui donner l'occasion de vivre de petites expériences d'ennuis mécaniques et bien d'autres mésaventures dont le souvenir bien plus tard le fera sourire, mais qui ne faciliteront pas son action en raison toujours de sa santé fragile.

D'autres engagements vont nourrir ses temps libres : aumônerie au Lycée de garçons de Banankoro (15 Km de Ségou) ainsi qu'à l'Ecole d'Enseignement Technique Féminin, et même animation des équipes enseignantes à l'échelon national. Ses premiers congés en 1972 seront alors les bienvenus. La même année, à travers une circulaire qu'il enverra à ses amis, il écrira : " Vous le voyez, le travail ne manque pas, ni les difficultés.

Certains pourraient être tentés de se décourager devant les résultats qui, il faut le reconnaître, semblent bien maigres, en regard de la somme d'énergie et de moyens de toutes sortes mis à l'œuvre. Mais la valeur de ce que nous faisons ne se mesure pas au nombre de baptêmes ou de conversions : pourvu que le Christ soit annoncé, pourvu qu'il soit présent à travers nous dans la vie de ceux qui nous entourent … Le reste est l'œuvre de l'Esprit, et c'est dans la foi que nous avons à vivre et à servir, remplis d'une grande espérance, celle même de Noël. "

Il ne rejoindra l'Afrique que deux ans plus tard, en 1974, en raison encore de problèmes de santé. Ce sera cette fois-ci à Bamako, comme professeur de sciences physiques au Lycée Prosper Kamara. " Paul n'envisage pas son avenir en dehors de l'enseignement : c'est un professeur né, et il aime son métier qu'il fait avec un dévouement méticuleux. Très dévoué, il est apprécié de ses élèves qui ne manquent jamais ses cours. " Telle est l'observation de son Régional de l'époque, et qui en dit long sur ses qualités d'enseignant.

Des activités parallèles lui permettent de rendre service aux uns et aux autres tout en diversifiant son champ d'apostolat : interventions ponctuelles à la Radio catholique du Mali, économat ponctuel aussi au lycée, ministère dominical à la paroisse de Badyalan, aide pédagogique au Séminaire Pie XII, … le tout malheureusement perturbé par ses problèmes récurrents de santé et en conséquence des congés de plus en plus fréquents, ce qui provoque finalement son retour définitif en France. C'était en Août 1991.

Il alors une année sabbatique (théologie des religions à la Catho), avant de prendre la responsabilité de la maison d'accueil Rue Friant à Paris. Il en profitera pour suivre la session biblique de Jérusalem. Ce sera ensuite, en 1996, la responsabilité de la communauté de Strasbourg. Les activités intérieures comme extérieures y sont nombreuses, mais c'est peut-être dans l'animation missionnaire à travers les ventes-expositions qu'il pourra le mieux témoigner. Elu conseiller provincial en 1999, il suivra à Rome la Session pour les séniors. Sa dernière nomination l'amènera Rue Verlomme à Paris au service des Archives. Mais sa santé pose de plus en plus problème, et il devra, le 1er Septembre 2013, rejoindre la communauté de Bry sur Marne.

La dernière étape de sa vie le verra rendre de petits services à la communauté, notamment pour l'animation liturgique. Mais les hospitalisations vont se succéder régulièrement et de plus en plus fréquemment. Sa lucidité sur son état général l'aide à approfondir sa vie spirituelle. C'est un prêtre de Dieu et missionnaire, heureux de l'être, prêt pour la grande rencontre, que le Seigneur viendra rappeler à lui brutalement au cours d'une énième hospitalisation.

C'était le 17 Juillet 2018. Ses funérailles en la chapelle de Bry sur Marne étaient empreintes d'émotion, en raison notamment de la présence de deux de ses frères dont l'un avait fait le déplacement depuis le Canada. Le témoignage de ce dernier ne laissait d'ailleurs aucun doute sur la place qu'a tenue Paul dans la famille. Mais c'est surtout sa foi profonde qui a été soulignée par les divers intervenants, en présence de confrères venus de Mours, de Rue Friant et de Verlomme. Nul doute que ce passage du livre de Job, lu lors de la messe, a dû être médité souvent par Paul tout au long de sa vie marquée par la souffrance : " Je sais moi que mon libérateur est vivant, et qu'à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair je verrai Dieu. Moi-même je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. "

Clément Forestier

 



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Father Paul DIDIER

1927 - - 2018

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