NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Augustin de Clebsattel
...Augustin
a vu le jour à Dunkerque tourné sur la Mer du Nord, pour traverser
les mers ?... Dieu seul le savait ! Ce fut en 1804 que ses ancêtres
se sont établis à Dunkerque ; ils venaient alors de Thann, en
Alsace. Mais l'histoire de la famille de Clebsattel a débuté
en Bavière, à Bamberg. Sous Louis XIV, la branche cadette émigra
en Alsace
Son père, transitaire et Président de la Chambre de Commerce, avait une Société comprenant une soixantaine d'employés. La famille comprenait six enfants, trois garçons et trois filles. Famille chrétienne, ils ne manquaient jamais la grand-messe du dimanche. À la prière du soir participait le personnel.
Lorsqu'Augustin eut onze ans, ses parents, soucieux de sa bonne
éducation, l'envoyèrent à Avon (Fontainebleau), au Petit
Collège " Ste. Thérèse de l'Enfant-Jésus
". Il avait pour Directeur un jeune Carme, le Père Jacques de
Jésus. Il y fut pensionnaire de 1934 à 1938. Ces quatre années-là
l'ont fortement marqué.
Le Père Jacques, éducateur né, les entraînait,
dans un esprit de famille, au sens du devoir, de la responsabilité,
à s'ouvrir librement à tout ce qui relevait du spirituel et
de la culture. Il les invitait à se mettre à l'écoute
des diverses vocations : militaire, polytechnicien, artiste
À
la fin de l'étude, le soir, ils attendaient avec impatience la "Lecture
Spirituelle"
Il y eut là, certainement, un terrain propice pour sa vocation
Mais, à cette époque, il se sentait plutôt
attiré vers l'Armée
Après une année passée
à Vannes, où son père avait trouvé refuge en 1940,
toute la famille retourna à Paris ; il y ouvrit un Bureau Maritime.
Étant de la classe 22 et appelé au S.T.O. (Service du Travail
Obligatoire en Allemagne), Augustin alla poursuivre ses études, pour
préparer son Bac, à Villars-de-Lans. Grâce à une
fausse carte d'identité, il n'est pas parti en Allemagne. Après
la Libération de Paris (25 août 1944), il s'est engagé
dans la Division Leclerc. Il a même été blessé
par un obus à la fin de la Campagne d'Alsace. Puis il a débuté
sa formation d'élève officier ; très vite alors, il s'est
rendu compte que ce n'était pas sa vocation.
En 1946, attiré par l'Angleterre, Augustin a pu vivre pendant huit mois dans la belle ville d'Oxford, avec ses collèges réputés et ses 83 clubs C'est là qu'il a ressenti l'Appel du Seigneur un arrachement à une vie mondaine Il y a eu des pleurs, mais il a ressenti une joie merveilleuse, en entrant chez les Pères Blancs, le 1er novembre 1947, au Séminaire de Philosophie de Kerlois. Après le Noviciat à Maison-Carrée, en 49-50, il a mis le cap sur le Canada pour le Scolasticat ; Ils étaient, cette année-là, trois Français et un Belge ; Ils avaient mis cinq jours pour la traversée de l'Océan. Augustin fit son Serment dans la Société des Pères Blancs le 26 juin 1953 et fut ordonné prêtre le 30 janvier 1954, (Année mariale).
Messe des prémices avec ses parents
Sans l'avoir demandé, en octobre 54, il fut nommé en Guinée-Conakry.
Nommé au Pays Toma (Macenta), au diocèse de Nzérékoré,
il fut accueilli par Mgr Maillat, qui souligna que ce beau pays ressemblait
au sien : une " petite Suisse ". Il apprit la langue à tons.
Il faisait des tournées à travers la grande forêt tropicale
par des "sentiers de chèvre" et des routes détrempées,
passant au milieu de forêts sacrées, avec ses masques et ses
camps d'initiations.
Tombé malade, en 1961, Il fut rapatrié et retenu à Nancy pour l'animation missionnaire. Durant sa Grande Retraite à la Villa Cavalletti et grâce à Mgr Maillat, il a pu assister à l'une des dernières séances du Concile Vatican II. De retour en Guinée, il fut expulsé, avec tous les Missionnaires, en juin 1967.
Il a alors été nommé en Tunisie " provisoirement
" pour
29 ans ! Là, contrairement à la Guinée,
pas de Catéchuménat ni de Baptêmes. Il s'agissait simplement
de vivre dans un pays musulman
Cependant, il devait desservir des paroisses
autour de Tunis. Mais, depuis l'indépendance, les églises ayant
été nationalisées, les messes se célébraient
alors dans des maisons
Avec un petit bagage d'arabe dialectal, il a
pu côtoyer des familles : écoute et respect facilitaient les
relations. Celles-ci étaient vraiment bonnes avec les anciennes communautés
italiennes et siciliennes.
Suite à un numéro de la revue " Vivante Afrique ",
relatant une enquête faite par deux Pères Blancs belges sur les
Focolari, il s'intéressa au Mouvement.
Aussi, à son retour en France, en juillet 1996, avec la bienveillance
du Provincial, il a pu passer huit mois à l'École des Religieux,
à Loppiano, en Toscane, Centre pilote du Mouvement, appelé officiellement
" L'uvre de Marie ". S'y trouvaient une dizaine de familles
religieuses, venant des cinq Continents. Véritable école pour
apprendre à vivre comme des frères, s'appuyant sur la Parole
de Dieu et le témoignage charismatique et marial de la Fondatrice Chiara
Lubich.
De 1997 à 2001, Augustin fut nommé à Mours pour accueillir
le week-end les Scouts, les Guides et aumôneries diverses. Puis ce furent
quatre années en Ardèche, à Aubenas, avec son confrère
Jean-Pierre Sibien, pour assurer l'aumônerie de trois Communautés
de Surs âgées. Quatre années belles et riches en
rencontres.
Après la fermeture de ce poste en Ardèche, il se retire à
Bry sur Marne le 1er Septembre 2005. Peu après débutent de gros
travaux qui vont transformer la maison de retraite en EHPAD. Il part alors
quelques temps à l'EHPAD des Jésuites à Vanves pour fuir
les nuisances propres à tout chantier. Il y retrouve son ami Jean-Pierre
SIBIEN, et tous les jours ils vont se rencontrer dans la chambre de l'un ou
de l'autre pour partager leur expérience spirituelle tirée évidemment
de leur spiritualité commune des Focolari, prier le chapelet de Lourdes
sur KTO, échanger sur différents auteurs qu'ils aiment lire,
et c'est tout naturellement ensemble qu'ils reviendront à Bry le 1er
Janvier 2017. Malheureusement, victime d'une mauvaise chute, son ami Jean-Pierre
va rapidement retourner vers le Seigneur, et c'est un peu désemparé
mais dans une profonde union avec Dieu qu'Augustin va vivre les derniers temps
de sa vie. Très handicapé par sa surdité et sa mauvaise
vision ce qui l'empêchait de participer à la vie de communauté
comme il l'aurait souhaité, sa santé continuera à se
dégrader lentement, et il devra être hospitalisé définitivement
à l'Hôpital St Camille où il s'éteindra paisiblement
le 24 Juillet 2019.
C'était un confrère profondément spirituel qui venait
de nous quitter. Ses funérailles ont été célébrées
en notre chapelle en présence de quelques membres de sa famille, d'amis
et évidemment de confrères qui avaient tenu à lui dire
un dernier adieu. Il est à noter que son jeune frère, diacre
permanent, a tenu à officier à l'autel ce qui a donné
à l'eucharistie une dimension toute familiale. Le verre du partage
qui a suivi le retour du cimetière a permis de rappeler nombre de souvenirs
familiaux ou de communauté en Afrique, mais tout le monde a été
unanime à reconnaître que c'est un grand Père Blanc qui
nous avait quitté.
Clément Forestier