Témoignages

Jacques Delattre, travail d’écoute à Tassy

Nos maisons de retraite,
...........témoignage de vie fraternelle

En janvier 2005, un médecin de Bamako m’a dit qu’à son avis, il était temps pour moi de rentrer en France : Je ne pouvais plus supporter le climat de Kayes beaucoup trop chaud pour moi. Il n’y avait plus qu’une chose à faire : plier bagage et me mettre à la disposition du Provincial de France.

Le lendemain de mon arrivée à Paris, celui-ci m’a proposé de prendre la responsabilité de la maison de Tassy. Je reconnais que je ne m’attendais pas du tout à une telle proposition, 46 ans de travail pastoral dans le diocèse de Kayes ne m’avaient en rien préparé à une telle charge. Ayant reçu l’assurance qu’il y avait à Tassy un excellent gestionnaire qui prendrait en charge toutes les questions administratives et qu’il y aurait comme adjoint l’excellent Régis Chaix, qui connaissait déjà le métier, j’ai accepté de me lancer dans cette nouvelle aventure.

Il faut tout de suite dire que je n’ai été déçu ni par l’un ni par l’autre, mais il faut aussi reconnaître que prendre ainsi la direction d’une maison de retraite après tout ce temps de vie en Afrique est une véritable aventure. C’est un nouvel effort d’inculturation dans un monde nouveau qu’il faut réaliser.

Je pense que la partie la plus importante de mon travail a été l’écoute de tous les résidents vivant à Tassy. Vue de l’extérieur, une maison de retraite peut paraître une maison où chacun vient contraint et forcé par la maladie et par l’âge. Il y vient pour vivre le mieux possible les dernières années qui lui restent et se préparer ainsi à la retraite définitive. En me mettant à l’écoute de tous les résidents de Tassy et en essayant de les accompagner dans ce qu’ils vivaient je me suis aperçu que la vie dans une maison de retraite n’était pas du tout cela. Ce n’était pas une vie d’attente stérile. Malgré les difficultés et les handicaps dus à l’âge et à la maladie chacun vivait une vie riche tournée vers les autres. Ma tâche principale a été d’essayer de favoriser tout cela en essayant de créer les conditions d’une véritable vie communautaire.

L’étonnement de beaucoup de visiteurs devant l’ambiance fraternelle qui se voyait à Tassy entre les résidents. Le fait que beaucoup m’aient dit que leur passage chez nous leur avait permis de découvrir qu’une maison de retraite pouvait être autre chose qu’un mouroir me permet de dire que nos maisons de retraite sont aussi un témoignage pour les gens qui nous entourent.

Une autre découverte durant ces deux années passées à Tassy a été celle du monde de la maladie et du handicap. N’ayant jamais été sérieusement malade, c’était là encore pour moi un monde tout nouveau. En vivant en union avec mes confrères les problèmes que l’âge et la maladie pouvaient leur poser, en vivant moi-même ces problèmes puisqu’au bout d’un an j’ai dû, moi aussi, affronter de sérieux problèmes de santé, j’ai pu découvrir d’une manière concrète que, même si la maladie et le handicap étaient réellement des maux qu’il faut combattre, qu’il y avait une manière positive de les vivre en union avec le Christ.


Champs de coquelicots à Tassy

Ce qui pour moi n’était alors que des mots, est devenu une réalité profonde de vie. Cela a été le côté le plus positif de ces deux ans passés à Tassy, et je pense que c’est ce que vivent les confrères des maisons de retraite.

Au bout de deux ans je dois donc maintenant quitter Tassy, et alors que j’ai accepté cette charge avec un peu d’appréhension, c’est avec regret que je pars. Ce temps a certainement été pour moi un des temps les plus riches de ma vie.

Voir aussi la maison de Tassy

Jacques Delattre