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Texte Pris sur le site AGENCE Zenit

Carême 2020 : message du Pape François

Carême : « Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu »
(2Co 5, 20)
(texte complet)


« J’invoque l’intercession de la Très-Sainte Vierge Marie pour ce Carême »

•février 24, 2020 12:19

Sous le signe du Rosaire, le pape François confie le carême 2020 des catholiques à la Vierge Marie: « J’invoque l’intercession de la Très-Sainte Vierge Marie pour ce Carême à venir, afin que nous accueillions l’appel à nous laisser réconcilier avec Dieu, pour fixer le regard du cœur sur le Mystère pascal et nous convertir à un dialogue ouvert et sincère avec Dieu. C’est ainsi que nous pourrons devenir ce que le Christ dit de ses disciples : sel de la terre e lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14). »

AB

Message de carême 2020 du pape François

« Nous vous en supplions au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20)

Chers frères et sœurs!

Cette année encore, le Seigneur nous accorde un temps favorable pour nous préparer à célébrer avec un cœur renouvelé le grand Mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, pierre angulaire de la vie chrétienne personnelle et communautaire. Il nous faut constamment revenir à ce Mystère, avec notre esprit et notre cœur. En effet, ce Mystère ne cesse de grandir en nous, dans la mesure où nous nous laissons entraîner par son dynamisme spirituel et y adhérons par une réponse libre et généreuse.

1. Le Mystère pascal, fondement de la conversion
La joie du chrétien découle de l’écoute et de l’accueil de la Bonne Nouvelle de la mort et de la résurrection de Jésus : le kérygme. Il résume le Mystère d’un amour « si réel, si vrai, si concret qu’il nous offre une relation faite de dialogue sincère et fécond » (Exhort. ap. Christus vivit, n. 117). Celui qui croit en cette annonce rejette le mensonge selon lequel notre vie aurait son origine en nous-même, alors qu’en réalité elle jaillit de l’amour de Dieu le Père, de sa volonté de donner la vie en abondance (cf. Jn 10, 10). En revanche, si nous écoutons la voix envoûtante du “père du mensonge” (cf. Jn 8, 45), nous risquons de sombrer dans l’abîme du non-sens, de vivre l’enfer dès ici-bas sur terre, comme en témoignent malheureusement de nombreux événements dramatiques de l’expérience humaine personnelle et collective.

En ce Carême de l’année 2020, je voudrais donc étendre à tous les chrétiens ce que j’ai déjà écrit aux jeunes dans l’Exhortation Apostolique Christus vivit: « Regarde les bras ouverts du Christ crucifié, laisse-toi sauver encore et encore. Et quand tu t’approches pour confesser tes péchés, crois fermement en sa miséricorde qui te libère de la faute. Contemple son sang répandu avec tant d’amour et laisse-toi purifier par lui. Tu pourras ainsi renaître de nouveau » (n. 123). La Pâque de Jésus n’est pas un événement du passé : par la puissance de l’Esprit Saint, elle est toujours actuelle et nous permet de regarder et de toucher avec foi la chair du Christ chez tant de personnes souffrantes.

2. Urgence de la conversion
Il est salutaire de contempler plus profondément le Mystère pascal, grâce auquel la miséricorde de Dieu nous a été donnée. L’expérience de la miséricorde, en effet, n’est possible que dans un ‘‘face à face’’ avec le Seigneur crucifié et ressuscité « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Un dialogue cœur à cœur, d’ami à ami. C’est pourquoi la prière est si importante en ce temps de Carême. Avant d’être un devoir, elle exprime le besoin de correspondre à l’amour de Dieu qui nous précède et nous soutient toujours. En effet, le chrétien prie tout en ayant conscience d’être aimé malgré son indignité. La prière peut prendre différentes formes, mais ce qui compte vraiment aux yeux de Dieu, c’est qu’elle creuse en nous jusqu’à réussir à entamer la dureté de notre cœur, afin de le convertir toujours plus à lui et à sa volonté.

En ce temps favorable, laissons-nous donc conduire comme Israël dans le désert (cf. Os 2, 16), afin que nous puissions enfin entendre la voix de notre Époux, pour la faire résonner en nous avec plus de profondeur et de disponibilité. Plus nous nous laisserons impliquer par sa Parole, plus nous pourrons expérimenter sa miséricorde gratuite envers nous. Ne laissons donc pas passer ce temps de grâce en vain, dans l’illusion présomptueuse d’être nous-mêmes les maîtres du temps et des modes de notre conversion à lui.

3. La volonté passionnée de Dieu de dialoguer avec ses enfants
Le fait que le Seigneur nous offre, une fois de plus, un temps favorable pour notre conversion, ne doit jamais être tenu pour acquis. Cette nouvelle opportunité devrait éveiller en nous un sentiment de gratitude et nous secouer de notre torpeur. Malgré la présence, parfois dramatique, du mal dans nos vies ainsi que dans la vie de l’Église et du monde, cet espace offert pour un changement de cap exprime la volonté tenace de Dieu de ne pas interrompre le dialogue du salut avec nous. En Jésus crucifié, qu’il «a fait péché pour nous» (2Co 5, 21), cette volonté est arrivée au point de faire retomber tous nos péchés sur son Fils au point de « retourner Dieu contre lui-même », comme le dit le Pape Benoît XVI (cf. Enc. Deus caritas est, n. 12). En effet, Dieu aime aussi ses ennemis (cf. Mt 5, 43-48).

Le dialogue que Dieu par le Mystère pascal de son Fils veut établir avec chaque homme n’est pas comme celui attribué aux habitants d’Athènes, qui «n’avaient d’autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés» (Ac 17, 21). Ce genre de bavardage, dicté par une curiosité vide et superficielle, caractérise la mondanité de tous les temps et, de nos jours, il peut aussi se faufiler dans un usage trompeur des moyens de communication.

4. Une richesse à partager et non pas à accumuler seulement pour soi
Mettre le Mystère pascal au centre de la vie signifie éprouver de la compassion pour les plaies du Christ crucifié perceptibles chez les nombreuses victimes innocentes des guerres, dans les atteintes à la vie, depuis le sein maternel jusqu’au troisième âge, sous les innombrables formes de violence, de catastrophes environnementales, de distribution inégale des biens de la terre, de traite des êtres humains dans tous aspects et d’appât du gain effréné qui est une forme d’idolâtrie.

Aujourd’hui encore, il est important de faire appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour qu’ils partagent leurs biens avec ceux qui en ont le plus besoin en faisant l’aumône, comme une forme de participation personnelle à la construction d’un monde plus équitable. Le partage dans la charité rend l’homme plus humain, alors que l’accumulation risque de l’abrutir, en l’enfermant dans son propre égoïsme. Nous pouvons et nous devons aller encore plus loin, compte tenu des dimensions structurelles de l’économie. C’est pourquoi, en ce Carême 2020, du 26 au 28 mars, j’ai convoqué à Assise de jeunes économistes, entrepreneurs et porteurs de changement, dans le but de contribuer à l’esquisse d’une économie plus juste et plus inclusive que l’actuelle. Comme le Magistère de l’Église l’a répété à plusieurs reprises, la politique est une forme éminente de charité (cf. Pie XI, Discours aux Membres de la Fédération Universitaire Catholique Italienne, 18 décembre 1927). Ainsi en sera-t-il de la gestion de l’économie, basée sur ce même esprit évangélique qui est l’esprit des Béatitudes.

J’invoque l’intercession de la Très-Sainte Vierge Marie pour ce Carême à venir, afin que nous accueillions l’appel à nous laisser réconcilier avec Dieu, pour fixer le regard du cœur sur le Mystère pascal et nous convertir à un dialogue ouvert et sincère avec Dieu. C’est ainsi que nous pourrons devenir ce que le Christ dit de ses disciples : sel de la terre e lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14).

FRANÇOIS

Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, 7 octobre 2019,
Fête de Notre-Dame du Rosaire

FRANÇOIS


 




AGENCY Zenit

MESSAGE OF HIS HOLINESS POPE FRANCIS

FOR LENT 2020



Below is the Vatican-provided full text of the Pope’s Message:

***

“We implore you on behalf of Christ, be reconciled to God” (2 Cor 5:20)

Dear Brothers and Sisters,

This year the Lord grants us, once again, a favourable time to prepare to celebrate with renewed hearts the great mystery of the death and resurrection of Jesus, the cornerstone of our personal and communal Christian life. We must continually return to this mystery in mind and heart, for it will continue to grow within us in the measure that we are open to its spiritual power and respond with freedom and generosity.

1. The paschal mystery as the basis of conversion
Christian joy flows from listening to, and accepting, the Good News of the death and resurrection of Jesus. This kerygma sums up the mystery of a love “so real, so true, so concrete, that it invites us to a relationship of openness and fruitful dialogue” (Christus Vivit, 117). Whoever believes this message rejects the lie that our life is ours to do with as we will. Rather, life is born of the love of God our Father, from his desire to grant us life in abundance (cf. Jn 10:10). If we listen instead to the tempting voice of the “father of lies” (Jn 8:44), we risk sinking into the abyss of absurdity, and experiencing hell here on earth, as all too many tragic events in the personal and collective human experience sadly bear witness.

In this Lent of 2020, I would like to share with every Christian what I wrote to young people in the Apostolic Exhortation Christus Vivit: “Keep your eyes fixed on the outstretched arms of Christ crucified, let yourself be saved over and over again. And when you go to confess your sins, believe firmly in his mercy which frees you of your guilt. Contemplate his blood poured out with such great love, and let yourself be cleansed by it. In this way, you can be reborn ever anew” (No. 123). Jesus’ Pasch is not a past event; rather, through the power of the Holy Spirit it is ever present, enabling us to see and touch with faith the flesh of Christ in those who suffer.

2. The urgency of conversion
It is good to contemplate more deeply the paschal mystery through which God’s mercy has been bestowed upon us. Indeed, the experience of mercy is only possible in a “face to face” relationship with the crucified and risen Lord “who loved me and gave himself for me” (Gal 2:20), in a heartfelt dialogue between friends. That is why prayer is so important in Lent. Even more than a duty, prayer is an expression of our need to respond to God’s love which always precedes and sustains us. Christians pray in the knowledge that, although unworthy, we are still loved. Prayer can take any number of different forms, but what truly matters in God’s eyes is that it penetrates deep within us and chips away at our hardness of heart, in order to convert us ever more fully to God and to his will.

In this favourable season, then, may we allow ourselves to be led like Israel into the desert (cf. Hos 2:14), so that we can at last hear our Spouse’s voice and allow it to resound ever more deeply within us. The more fully we are engaged with his word, the more we will experience the mercy he freely gives us. May we not let this time of grace pass in vain, in the foolish illusion that we can control the times and means of our conversion to him.

3. God’s passionate will to dialogue with his children
The fact that the Lord once again offers us a favourable time for our conversion should never be taken for granted. This new opportunity ought to awaken in us a sense of gratitude and stir us from our sloth. Despite the sometimes tragic presence of evil in our lives, and in the life of the Church and the world, this opportunity to change our course expresses God’s unwavering will not to interrupt his dialogue of salvation with us. In the crucified Jesus, who knew no sin, yet for our sake was made to be sin (cf. 2 Cor 5:21), this saving will led the Father to burden his Son with the weight of our sins, thus, in the expression of Pope Benedict XVI, “turning of God against himself” (Deus Caritas Est, 12). For God also loves his enemies (cf. Mt 5:43-48).

The dialogue that God wishes to establish with each of us through the paschal mystery of his Son has nothing to do with empty chatter, like that attributed to the ancient inhabitants of Athens, who “spent their time in nothing except telling or hearing something new” (Acts 17:21). Such chatter, determined by an empty and superficial curiosity, characterizes worldliness in every age; in our own day, it can also result in improper use of the media.

4. A richness to be shared, not kept for oneself
Putting the paschal mystery at the centre of our lives means feeling compassion towards the wounds of the crucified Christ present in the many innocent victims of wars, in attacks on life, from that of the unborn to that of the elderly, and various forms of violence. They are likewise present in environmental disasters, the unequal distribution of the earth’s goods, human trafficking in all its forms, and the unbridled thirst for profit, which is a form of idolatry.

Today too, there is a need to appeal to men and women of good will to share, by almsgiving, their goods with those most in need, as a means of personally participating in the building of a better world. Charitable giving makes us more human, whereas hoarding risks making us less human, imprisoned by our own selfishness. We can and must go even further, and consider the structural aspects of our economic life. For this reason, in the midst of Lent this year, from 26 to 28 March, I have convened a meeting in Assisi with young economists, entrepreneurs and change-makers, with the aim of shaping a more just and inclusive economy. As the Church’s magisterium has often repeated, political life represents an eminent form of charity (cf. Pius XI, Address to the Italian Federation of Catholic University Students, 18 December 1927). The same holds true for economic life, which can be approached in the same evangelical spirit, the spirit of the Beatitudes.

I ask Mary Most Holy to pray that our Lenten celebration will open our hearts to hear God’s call to be reconciled to himself, to fix our gaze on the paschal mystery, and to be converted to an open and sincere dialogue with him. In this way, we will become what Christ asks his disciples to be: the salt of the earth and the light of the world (cf. Mt 5:13-14).

FRANCIS

Rome, at Saint John Lateran, 7 October 2019
Feast of Our Lady of the Rosary

FRANCIS