Missionnaires d'Afrique
France
Augustin de Clebsattel, 60 ans de serment
La spiritualité Focolari
Jai vu le jour à Dunkerque tourné sur la Mer du Nord, pour traverser les mers ?... Dieu seul le savait ! Ce fut en 1804 que mes ancêtres se sont établis à Dunkerque ; ils venaient alors de Thann, en Alsace. Mais lhistoire de la famille de Clebsattel a débuté en Bavière, à Bamberg ; sous Louis XIV, la branche cadette émigra en Alsace
Mon père, transitaire et Président de la Chambre de Commerce, avait une Société comprenant une soixantaine demployés. Nous étions six enfants, trois garçons et trois filles. Famille chrétienne, nous ne manquions jamais la grand-messe du dimanche. À la prière du soir participait le personnel. Lorsque jatteins onze ans, mes parents, soucieux de notre bonne éducation, menvoyèrent à Avon (Fontainebleau), au Petit Collège Ste. Thérèse de lEnfant-Jésus . Il avait pour Directeur un jeune Carme, le Père Jacques de Jésus. Jy fus pensionnaire de 1934 à 1938. Ces quatre années-là mont fortement marqué.
Le Père Jacques, éducateur né, nous entraînait, dans un esprit de famille, au sens du devoir, de la responsabilité, à nous ouvrir librement à tout ce qui relevait du spirituel et de la culture. Il nous invitait à nous mettre à lécoute des diverses vocations : militaire, un polytechnicien, artiste À la fin de létude, le soir, nous attendions avec impatience la Lecture Spirituelle
Attiré par la vie militaire
Il y eut là, certainement, un terrain propice pour ma Vocation Mais, à cette époque, je ne me sentais plutôt attiré vers lArmée Après une année passée à Vannes, où mon père avait trouvé refuge en 1940, nous le suivîmes à Paris ; il y ouvrit un Bureau Maritime (ma famille, frères et surs, y est toujours). Étant de la classe 22 et appelé au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), jallais poursuivre mes études, pour préparer mon Bac, à Villars-de-Lans. Grâce à une fausse carte didentité, je ne suis pas parti en Allemagne. Après la Libération de Paris (25 août 1944), je me suis engagé dans la Division Leclerc. Jai même été blessé par un dobus à la fin de la Campagne dAlsace. Puis jai débuté ma formation délève officier ; très vite alors, je me suis rendu compte que ce nétait pas ma Vocation.
En 1946, attiré par lAngleterre, jai pu vivre pendant huit mois dans la belle ville dOxford, avec ses collèges réputés et ses 83 clubs Cest là que jai ressenti lAppel du Seigneur un arrachement à une vie mondaine Des pleurs, mais jai ressenti une joie merveilleuse, en entrant chez les Pères Blancs, le 1er novembre 1947, au Séminaire de Philosophie de Kerlois. Après le Noviciat à Maison-Carrée, en 49-50, je mis cap sur le Canada pour le Scolasticat ; nous y étions, cette année-là, trois Français et un Belge ; nous avions mis cinq jours pour la traversée sur lOcéan. Je fis mon Serment dans la Société des Pères Blancs le 26 juin 1953 et fus ordonné prêtre le 30 janvier 1954, (Année mariale).
Premier poste
en Guinée-Conakry
Sans le demander, en octobre 54, je fus nommé en Guinée-Conakry. Nommé au Pays Toma (Macenta), au diocèse de Nzérékoré, jy fus accueilli par Mgr Maillat, qui souligna que ce beau pays ressemblait au sien : une « petite Suisse ». Jappris la langue, à tons. Je faisais des tournées à travers la grande forêt tropicale par des sentiers de chèvre et des routes détrempées ; forêt sacrée avec ses masques et ses camps dinitiations.
Tombé malade, en 1961, je fus rapatrié et retenu à Nancy pour lanimation missionnaire. Durant ma Grande Retraite à la Villa Cavaletti et grâce à Mgr Maillat, jai pu assister à lune des dernières séances du Concile Vatican II. De retour en Guinée, jen fus expulsé, avec tous les Missionnaires, en juin 1967.
Séjour en Tunisie
Jai alors été nommé en Tunisie « provisoirement » pour 29 ans ! Là, contrairement à la Guinée, pas de Catéchuménat ni de Baptêmes. Il sagissait simplement de vivre dans un pays musulman Cependant, je devais desservir des paroisses autour de Tunis, mais, depuis lindépendance, les églises avaient été récupérées, les messes se célébraient alors dans des maisons Avec un petit bagage darabe dialectal, jai pu côtoyer des familles : écoute et respect facilitaient les relations. Celles-ci étaient vraiment bonnes avec les anciennes communautés italiennes et siciliennes.
Rencontre avec
le Mouvement des Focolari
Suite à un numéro de la revue « Vivante Afrique », relatant une enquête faite par deux Pères Blancs belges sur les Focolari, je mintéressais au Mouvement.
Aussi, à mon retour en France, en juillet 1996, avec la bienveillance du Provincial, jai pu passer huit mois à lÉcole des Religieux, à Loppiano, en Toscane, Centre pilote du Mouvement, appelé officiellement « Luvre de Marie ». Nous étions une dizaine de familles religieuses, venant des cinq Continents. Véritable école pour apprendre à vivre comme des frères, sappuyant sur la Parole de Dieu et le témoignage charismatique et marial de la Fondatrice Chiara Lubich.
Les phrases clés de cette spiritualité se résument dans ces mots : « Que tous soient UN pour que le monde croit ! » et « Jésus Abandonné » sur la Croix.
Aujourdhui, avec la mondialisation et le dialogue entre les peuples, lUnité est une vraie force. Le pape Benoît XVI disait récemment : « Unité et Foi progressent ensemble ».
De 1997 à 2001, je fus nommé à Mours pour accueillir le week-end les Scouts, les Guides et aumôneries diverses. Puis ce furent quatre années en Ardèche, à Aubenas, avec mon confrère Jean-Pierre Sibien, pour assurer lAumônerie de trois Communautés de Surs âgées. Quatre années belles et riches en rencontres.
En septembre 2005, jarrivai en maison de retraite à Bry-sur-Marne. Là, je découvre, petit à petit, la diversité des cheminements de mes confrères. Je suis enrichi aussi par les médias tels que Radio Notre-Dame, Le Jour du Seigneur, KTO. Je garde contact avec notre monde. Cest la prière et lEucharistie qui me tourne avec reconnaissance vers le Père pour tout ce que jai reçu et reçois encore.
Augustin
de Clebsattel